Cour suprême américaine : le juge progressiste Stephen Breyer va quitter ses fonctions

Après 28 ans à la Cour suprême des États-Unis, le juge progressiste Stephen Breyer va tirer sa révérence d’ici à cet été, ont rapporté des médias américains, mercredi. Le président américain Joe Biden a répété, mercredi, qu’il nommerait une femme noire pour le remplacer.

Le juge progressiste Stephen Breyer va se retirer de la Cour suprême des États-Unis d’ici à l’été, ce qui permettra à Joe Biden de nommer, pour la première fois, une femme noire au sein de la puissante institution.

Le magistrat de 83 ans, qui occupe ce poste depuis près de 28 ans, a l’intention de se retirer à la fin de la session en cours, qui se termine le 30 juin, ont rapporté, mercredi 26 janvier, plusieurs médias américains, citant des sources anonymes.

Sans attendre l’annonce officielle, la Maison Blanche a confirmé que la promesse faite par Joe Biden, pendant sa campagne, de nommer une Afro-Américaine à la Cour suprême « tenait toujours ».

De son côté, le chef démocrate du Sénat, Chuck Schumer, a rendu un hommage appuyé au juge Breyer, « un juriste modèle » à qui « l’Amérique doit beaucoup », et s’est dit prêt à organiser « rapidement » une audience de confirmation pour son successeur.

Intense pression

Stephen Breyer, un magistrat brillant connu pour son ton espiègle et ses valeurs progressistes, est depuis des mois sous une intense pression : plusieurs voix à gauche l’ont appelé à démissionner avant les élections de mi-mandat de novembre lors desquelles les démocrates risquent de perdre le contrôle du Sénat.

La Constitution américaine prévoit, en effet, que les neuf sages de la Cour soient nommés à vie par le président et confirmés par la chambre haute du Congrès. 

Et les républicains ne cachent pas qu’ils pourraient bloquer un candidat choisi par Joe Biden s’ils reprennent la majorité au Sénat. Comme ils l’ont fait en 2018, quand Barack Obama avait tenté, en vain, de pourvoir un poste ouvert par le décès d’un magistrat.

Stephen Breyer, nommé à son poste par Bill Clinton, avait jusque-là refusé de dévoiler ses projets, déclarant simplement qu’il n’avait « pas l’intention de mourir à la Cour ». 

Ketanji Brown Jackson en tête des pronostics

Parmi les candidates potentielles pour le remplacer figure Ketanji Brown Jackson, 51 ans, que Joe Biden a fait entrer à la cour fédérale d’appel de Washington, considérée comme un tremplin pour la Cour suprême.

Son parcours – championne de concours d’éloquence dès le lycée, diplômée avec mention de la prestigieuse université d’Harvard, une carrière dans le public et le privé et huit ans comme juge fédérale de première instance – la place en tête des pronostics.

Devant les sénateurs, en avril, elle a juré mettre à l’écart « ses opinions personnelles et tout autre considération inappropriée », y compris sa couleur de peau, dans son examen des dossiers. Mais, « j’ai peut-être une expérience de la vie différente de celle de mes collègues », a-t-elle sobrement reconnu.

Le nom de Leondra Kruger, juge à la Cour suprême de Californie, 45 ans, circule également avec insistance. Fille d’une immigrée jamaïcaine, elle a travaillé pour l’administration Obama.

Virage à droite

Les nominations à la Cour suprême, qui arbitre la plupart des grands sujets de société aux États-Unis, sont l’objet depuis quelques années de féroces batailles politiques. Lors de son mandat, le républicain Donald Trump a fait entrer trois juges en son sein, ce qui a solidement ancré l’institution dans le conservatisme. Leur influence est notable depuis septembre, avec un virage à droite assumé.

La Cour remaniée par le milliardaire a déjà invalidé l’obligation vaccinale dans les grandes entreprises décrétée par Joe Biden et semble prête à revenir sur le droit à l’avortement, à élargir le droit au port d’armes ou encore à démanteler certaines régulations environnementales.

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