Le président turc Recep Tayyip Erdogan a limogé le chef de l’agence nationale des statistiques, selon un décret publié samedi 29 janvier, après la publication des chiffres annuels de l’inflation. Le chef de l’Office national des statistiques, Sait Erdal Dincer, a été critiqué après avoir publié début janvier des données qui placent le taux d’inflation annuel à 36,1%, son plus haut niveau en 19 ans. Le chef de l’État n’a pas expliqué sa décision de nommer à sa place Erhan Cetinkaya, ancien vice-président du régulateur bancaire turc, au poste de nouveau chef des statistiques de l’État.
L’opposition a déclaré que le chiffre était sous-estimé, affirmant que l’augmentation réelle du coût de la vie était au moins deux fois plus élevée. L’inflation s’est envolée à plus de 36% sur un an en décembre en Turquie, un record depuis septembre 2002, dû à la dégringolade de la livre turque. La hausse des prix à la consommation, plus de sept fois supérieure à l’objectif initial du gouvernement, à 13,58% sur le seul mois de décembre, s’explique par la chute de près de 45% de la livre turque face au dollar en un an, malgré des mesures d’urgence annoncées par le chef de l’État mi-décembre.
«Ramener l’inflation à un chiffre le plus vite possible»
À dix-huit mois de l’élection présidentielle, conscient des dommages causés non seulement à l’économie mais aussi à sa cote de confiance, Erdogan avait promis début janvier de «ramener l’inflation à un chiffre le plus vite possible». Car ces chiffres sont l’objet d’une âpre bataille politique: l’opposition et une partie de la population accusent l’Office national des statistiques (Tüik) de sous-estimer sciemment la hausse des prix, alimentée par la politique économique du président qui a poussé la banque centrale turque à abaisser systématiquement ses taux d’intérêt ces derniers mois.