L’inflation en Allemagne a atteint 4,9% sur un an en janvier, ralentissant grâce à la fin d’un effet de base lié à la TVA, mais toujours poussée par l’envolée des prix de l’énergie et les pénuries, selon des chiffres officiels provisoires publiés lundi.
L’indicateur connaît son premier ralentissement depuis juin 2021, après avoir atteint en décembre un pic à 5,3%. Sur un mois, les prix augmentent de 0,4%, a indiqué l’institut de statistique Destatis dans un communiqué.
Mais il dépasse les prévisions des experts cités par l’outil financier Factset, qui tablaient sur une inflation à 4,6%.
« Encore un chiffre d’inflation qui dépasse les attentes », a commenté Jens Oliver Niklasch, analyste pour la banque LBBW, dans un contexte de forte incertitude, en zone euro, sur la durée de cette surchauffe des prix.
L’inflation reste à un niveau « élevée », estime Destatis.
Le ralentissement de janvier est essentiellement lié à la fin d’un effet de base sur le taux de TVA en Allemagne.
Cet impôt avait été réduit de 3 points entre juillet et décembre 2020 pour soutenir la consommation, au sortir de la première vague de Covid-19.
« Avec la disparition de l’effet de la nouvelle hausse de la TVA, le recul aurait dû être plus prononcé », commente par ailleurs Jens Oliver Niklasch.
La raison de cette baisse moins forte qu’attendue : une nouvelle accélération de la hausse des prix de l’énergie, à 20,5%, qui avait pourtant entamé une décrue en décembre, à 18,3%.
Depuis plusieurs mois, les prix du gaz et de l’électricité flambent en Europe, alors que la demande explose pour alimenter la reprise économique.
Les prix des biens ont de leur côté grimpé de 7,2%, soit 0,6 point de moins par rapport à décembre, selon Destatis.
Ceux-ci sont stimulés par les pénuries de matières premières et de composants qui touchent de nombreuses chaînes d’approvisionnement, désorganisées par la pandémie de coronavirus depuis le printemps.
L’indice des prix harmonisé, qui sert de référence au niveau européen, atteint quant à lui 5,1%, largement au-dessus l’objectif de la Banque Centrale Europénne (BCE) d’une inflation à 2% dans la zone euro.
Selon l’institution, ce phénomène doit rester toutefois transitoire, et devrait diminuer en 2023, après un pic atteint en 2022.
La dynamique des prix devrait « faire l’objet de discussions lors de la prochaine réunion de politique monétaire » de la BCE , prévue jeudi, estime Jens Oliver Niklasch. L’Espagne a également publié lundi un chiffre d’inflation soutenu, à 6% en janvier.
En Allemagne, pays attaché à la stabilité monétaire et allergique à l’inflation, le phénomène inquiète particulièrement.
« Nous devons réagir à cette situation inflationniste », a ainsi déclaré lundi le ministre des Finances Christian Lindner, au quotidien Die Welt.
La BCE juge pour l’instant prématuré tout relèvement de taux destiné à juguler les hausses de prix.