Accusé de viol, le directeur des événements d’Eric Zemmour, Olivier Ubéda, dénonce un «coup monté»

Alors qu’il sera auditionné par la police mardi, le conseiller en communication assure ne pas connaître l’identité de la victime déclarée, qui a déposé une plainte en décembre, et a reçu le soutien du candidat d’extrême droite.

Il est en faillite personnelle depuis qu’un jugement a acté, le 9 novembre 2021, l’échec de sa société de conseil «en stratégie et influence», Ubeda Partners, et se retrouve du coup interdit de diriger, gérer, administrer ou contrôler une entreprise. Et voilà qu’une enquête préliminaire le vise pour viols. Un ancien stagiaire de 18 ans a déposé plainte contre lui le 9 décembre. Une fin d’année 2021 dont Olivier Ubéda se serait bien passée, lui qui est plongé jusqu’au cou dans la campagne présidentielle : il n’est autre que le chargé en événements du candidat Eric Zemmour.

Selon BFMTV, qui a révélé la plainte, la victime déclarée aurait dénoncé des faits de viols «qui auraient débuté au printemps 2021 et se seraient poursuivis jusqu’à l’automne». La procureure de Paris, Laure Beccuau, n’a pas tardé à embrayer : elle a ouvert la procédure dès le lendemain du dépôt de plainte, le 10 décembre 2021. Les investigations ont été confiées au premier district de police judiciaire de Paris, un service installé boulevard Bessieres, dans le XVIIe arrondissement.

«Parfois #MeToo, c’est mytho»

Sollicité par Libération, le conseiller d’Eric Zemmour, 51 ans, marié depuis dix-sept ans, répond : «Je ne viole pas les gens.» Il a aussi évoqué «un coup monté comme on en fait en campagne. Un scénario destiné à salir celui qui fait des beaux meetings de Zemmour, à soixante-dix jours du premier tour». Dans un message posté sur Twitter, celui qui se définit comme «spécialisé dans les stratégies de conquête» parle encore de «dénonciation calomnieuse» et ajoute «Parfois #MeToo c’est juste mytho».

Le jeune homme concerné aurait en tout cas raconté s’être vu imposer des fellations et n’avoir pu résister à l’emprise du communicant, s’estimant manipulé par lui. La police a entendu plusieurs témoins depuis que l’enquête a été ouverte. Ce mardi 1er février à 14 h 30, c’est Olivier Ubéda lui-même qui est convoqué pour une audition libre – néanmoins considéré comme suspect, il devrait en tout cas éviter la case garde à vue.

Répondant à Libération, l’un de ses anciens stagiaires à l’UMP (ancêtre du parti Les Républicains) dit tomber des nues en apprenant les soupçons de viols portés à l’encontre du conseiller de Zemmour. «Il a formé des tas de stagiaires, je n’ai jamais entendu parler de quoi que ce soit, dit-il. Il est brut de décoffrage et dit ce qu’il pense. Mais jamais personne ne s’est plaint à moi d’avoir subi des gestes ou paroles déplacées de sa part.» Olivier Ubéda vit toujours avec sa femme Anne Gaudin-Ubéda, ancienne directrice de cabinet de la présidente du conseil départemental de la Creuse, leur département de résidence. Le couple n’a pas d’enfants. «On est soudés, je fais un métier à risque, exposé, c’est comme ça», jure Ubéda à Libération.

«Je ne sais pas qui m’accuse»

D’autres membres de la campagne d’Eric Zemmour prennent la défense du communicant, célèbre dans le petit milieu médiatique pour ses costumes trois-pièces et sa micro-oreillette : «Je travaille avec Olivier depuis le début de la campagne et je n’ai jamais vu chez lui de comportement répréhensible. Il est assez ouvert, accessible. Je ne le vois pas agresser qui que ce soit», raconte un jeune porte-parole de Zemmour. Un autre : «Il ne m’a jamais dragué.» Le candidat d’extrême droite, qui a embauché Ubéda en juillet par l’entremise de sa conseillère et intime Sarah Knafo et de l’ancien UMP proche de Marion Maréchal, Erik Tegnér, lui aurait par ailleurs renouvelé son soutien.

Les deux hommes se sont entretenus au téléphone mardi, et le conseiller en communication reste en poste «pour l’instant». «Il m’a demandé si tout cela était vrai. J’ai dit que, bien sûr, non. Je dis toujours la vérité à mes clients, raconte Ubéda. A la veille de son audition, l’homme se dit «assez serein. Je n’ai jamais eu de stagiaire de 18 ans. Je n’ai que des bac+4 ou +5. Je ne sais pas qui est l’accusateur. Je cherche qui pourrait m’en vouloir pour avoir inventé tout ça. Quelqu’un que j’aurais viré peut-être…» Ancien pianiste, Olivier Ubéda s’est lancé en politique à 23 ans. Il a été conseiller d’importants élus de droite. Passé par les cabinets de François Léotard dans les années 90, puis de Jean-Pierre Raffarin, de Rachida Dati en 2008 à la Justice, il a occupé pendant plusieurs années des fonctions de communication et de marketing à l’UMP. En 2007, il avait participé à la campagne victorieuse de Nicolas Sarkozy.

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