Espérant incarner le « vote efficace », Jean-Luc Mélenchon a appelé ses partisans, jeudi en meeting à Tours, à lutter « contre la machine à résignation » qui gagne la gauche, divisée et affaiblie à deux mois de la présidentielle.
L’Insoumis est donné entre 8 et 13% dans les sondages, certes devant ses concurrents de gauche, mais encore trop juste pour rivaliser avec Emmanuel Macron et les droites.
La confirmation de la candidature de Christiane Taubira qui a remporté la Primaire populaire dimanche, a accru l’éparpillement, et avec lui l’inquiétude des électeurs et militants de gauche.
Jean-Luc Mélenchon n’a pas prononcé le nom de l’ancienne Garde des Sceaux, jeudi soir devant les 2.500 personnes de son auditoire au palais des congrès de Tours, pendant qu’elle se déplaçait à l’île d’Oléron et la socialiste Anne Hidalgo à Blois.
Tout juste s’est-il décrit comme « une tortue sagace, qui avance doucement mais qui épuise les lièvres » en s’étant déclaré fin 2020, contrairement, doit-on comprendre, à Christiane Taubira qui s’est lancée en décembre. De la Primaire populaire, « la comédie est terminée », a-t-il cinglé.
L’Insoumis a plutôt voulu dissiper ce climat peu porteur pour la gauche: « On nous dit, +vous avez perdu d’avance, à quoi bon?+, la machine à résignation… Non: courage, détermination, explication, conquête, entraînons et on ne s’occupe pas du reste! »
« Le chaos du marché », « un étudiant sur deux à l’aide alimentaire », « les cinq plus grandes fortunes de France qui ont augmenté leur fortune de 500% en 10 ans », les menaces qui pèsent à ses yeux sur la Sécurité sociale et les services publics… Autant de raison pour lui de « glisser un bulletin pour tout changer », le sien.
A gauche, « c’est nous le plus gros morceau, qui portons la responsabilité de la famille politique sociale », a affirmé M. Mélenchon.
« Image de radicalité »
L’ancien porte-parole de Sandrine Rousseau, Thomas Portes, avait d’ailleurs chauffé la salle en introduction en vantant les chiffres des meetings du candidat, qui réunit plusieurs milliers de personnes chaque semaine ou presque depuis le début de l’année.
« Nous sommes la force motrice à gauche », s’est exclamé cet ancien communiste.
Le directeur de campagne Manuel Bompard se réjouit auprès de l’AFP: « Le scénario d’une dynamique sondagière ou de ralliements pour Taubira n’a pas eu lieu ».
L’éparpillement à gauche? « C’est bien, ça fait des réserves de voix dans lesquelles puiser, chez Taubira et Jadot. Parce que chez Hidalgo il n’y a pas grand chose à prendre ».
Jean-Luc Mélenchon veut, explique-t-il, incarner comme en 2017 le « vote efficace ».
« Jadot c’est l’écologie molle », assure Anne Barrois, 38 ans, aide à domicile venue pour la première fois dans un meeting. Elle est membre du REV, le mouvement anti-spéciste d’Aymeric Caron, qui a récemment rallié la campagne de M. Mélenchon.
Christophe Angelopoulos, prof d’éco-gestion, aurait tout de même préféré des sondages plus hauts à moins de deux mois du premier tour. « Mieux aurait valu avoir un temps d’avance. J’espère que la dynamique va venir ». Il regrette: « On a collé à Mélenchon une image de radicalité, mais le retour de l’ISF, le rapport de un à 20 des salaires dans les entreprises, c’est radical? »
AFP