Alors que les manifestations contre les restrictions sanitaires, qui avaient démarré fin janvier à Ottawa, se sont étendues ce week-end à d’autres grandes villes du Canada, le maire de la capitale a déclaré, dimanche, l’état d’urgence. De son côté, la police de la ville a annoncé son intention d’empêcher le ravitaillement des protestataires.
Le maire d’Ottawa juge la situation « hors de contrôle ». Dans sa ville paralysée depuis plus d’une semaine par des opposants aux mesures sanitaires, Jim Watson a déclaré, dimanche 6 février, « l’état d’urgence » dans la capitale canadienne.
Les protestations, qui avaient débuté à Ottawa samedi 29 janvier, se sont étendues ce week-end à d’autres grandes villes canadiennes, tandis que des dizaines de poids lourds ainsi que des manifestants continuaient à paralyser le centre-ville de la capitale dimanche.
Le maire Jim Watson a annoncé dans l’après-midi avoir déclaré l’état d’urgence à Ottawa « en raison de la manifestation en cours ». Cette déclaration « reflète le grave danger ainsi que la menace à la sûreté et la sécurité des résidents posés par les manifestations continues et souligne le besoin de soutien de la part d’autres administrations et ordres de gouvernement », indique la mairie dans un communiqué.
Une telle mesure « offre également une plus grande souplesse au sein de l’administration municipale pour permettre à la Ville d’Ottawa de gérer la continuité des activités en vue d’assurer des services essentiels » aux résidents, précise-t-elle.
« Nous devons reprendre notre ville »
Plus tôt dans la journée, Jim Watson avait jugé « la situation complètement hors de contrôle, (à Ottawa) car ce sont les protestataires qui font la loi ». Nous sommes en train de perdre la bataille, (…) nous devons reprendre notre ville », avait martelé le maire, jugeant « inacceptable » le comportement des protestataires qui obstruent les rues du centre-ville et actionnent sans relâche les klaxons de leurs poids lourds.
La police d’Ottawa, critiquée pour n’avoir pas su prévenir la paralysie du centre de la capitale, a de son côté annoncé son intention d’empêcher le ravitaillement des protestataires, en carburant notamment. « Toute personne qui tenterait d’apporter un soutien matériel (carburant etc.) aux manifestants risque d’être arrêtée. Cette mesure est désormais en vigueur », a-t-elle averti dans un tweet. Après cette annonce, elle a indiqué dans la soirée avoir procédé à « plusieurs arrestations ».
Le mouvement, baptisé « Convoi de la liberté », visait à l’origine à protester contre la décision d’obliger, depuis la mi-janvier, les camionneurs à être vaccinés pour franchir la frontière entre le Canada et les États-Unis, mais il s’est rapidement transformé en mouvement contre les mesures sanitaires dans leur ensemble et aussi, pour certains, contre le gouvernement de Justin Trudeau.
Les manifestants affirment vouloir poursuivre leur occupation tant que les restrictions sanitaires ne seront pas levées.
« État de siège »
Lors d’une réunion d’urgence avec des élus municipaux, le chef de la police d’Ottawa, Peter Sloly s’était plaint, samedi, de ne pas avoir de moyens suffisants pour mettre fin à ce qu’il a qualifié « d’état de siège » et a réclamé des « ressources supplémentaires ». La police d’Ottawa doit recevoir, sous peu, le renfort de quelque 250 membres de la gendarmerie royale du Canada (GRC), un corps de police fédéral.
Des mouvements similaires, mais de moindre ampleur, ont eu lieu dans plusieurs grandes villes canadiennes samedi, à Toronto, Québec ou Winnipeg et se poursuivaient dimanche, à Québec notamment.