Microsoft annonce de nouvelles règles pour les magasins d’applications, promettant un app store « ouvert » et respectueux de la concurrence. Un discours loin d’être anodin alors que le géant attend le feu vert pour le rachat d’Activision Blizzard.
Microsoft a de la suite dans les idées et veut convaincre les autorités d’approuver le rachat d’Activision Blizzard. La méga-acquisition est loin de passer inaperçue et intrigue les autorités anticoncurrentielles du monde entier, dont la Commission fédérale du commerce (FTC) des États-Unis. Pour éviter de subir le même sort que Nvidia avec ARM, Microsoft décide d’employer les grands moyens.
La firme de Redmond veut « s’adapter avec la réglementation » et présente un ensemble de principes pour les boutiques d’applications. Microsoft s’engage à proposer un magasin d’applications « ouvert » (Open App Store) et respectueux de la concurrence. La firme promet que son Microsoft Store sur Windows respectera ces nouvelles règles, au même titre que les futures marketplaces développées pour le jeu vidéo. « Le monde a besoin de marchés d’applis ouverts, et cela passe par des magasins d’applications ouverts », assure Brad Smith, président de la société, dans un communiqué.
Microsoft évoque 11 grands principes couvrant quatre domaines :
Qualité, Sécurité, Sûreté et Confidentialité : Microsoft assure que « tous les développeurs » pourront accéder à sa boutique d’applications, à condition « qu’ils respectent des normes raisonnables et transparentes en matière de qualité et de sécurité ». Le groupe s’engage à continuer de « protéger les consommateurs et les joueurs » qui utilisent son store, en veillant à ce que les développeurs respectent ses normes de sécurité. Enfin, le respect de la vie privée des utilisateurs est mis en avant.
Responsabilité : Microsoft promet que ses propres applications se verront imposer les mêmes normes que celles de ses concurrents. De plus, il n’utilisera pas d’informations non publiques pour concurrencer les applications tierces.
Équité et transparence : Microsoft assure qu’il traitera les applications « de manière égale », sans privilégier ou classer « de manière déraisonnable » ses apps ou celles de ses partenaires.
Choix des développeurs : les développeurs ne sont pas obligés d’utiliser son système de paiement pour les achats in-app. Ils ne seront pas désavantagés s’ils choisissent d’utiliser un système différent ou de proposer des conditions différentes sur d’autres boutiques. Enfin, Microsoft ne demandera pas aux développeurs de proposer des conditions plus favorables dans sa boutique que dans celles des concurrents. Les développeurs seront libres de communiquer avec leurs clients concernant leurs offres.
Des engagements pour se protéger… et racheter Activision Blizzard
Certaines règles édictées par Microsoft étaient déjà connues; elles ont été présentées lors de l’annonce de la refonte du Microsoft Store pour Windows 11. Néanmoins, cette piqure de rappel est loin d’être anodine et intervient dans un contexte de tensions autour des GAFAM. Les géants des technologies (Google, Apple, Meta et Amazon) sont accusés d’abus de positions dominantes aux quatre coins du monde. Microsoft préfère donc prendre les devants et ne s’en cache pas.
« Ce processus réglementaire débute alors que de nombreux gouvernements mettent également en place de nouvelles lois visant à promouvoir la concurrence sur les marchés des applications et au-delà », précise Brad Smith. Et le président du groupe informatique d’ajouter : « Nous voulons que les régulateurs et le public sachent qu’en tant qu’entreprise, Microsoft s’engage à s’adapter à ces nouvelles lois et, grâce à ces principes, nous nous y employons ».
Les engagements pris par Microsoft sonnent aussi comme des reproches indirects à ses rivaux. Apple et Google dominent le marché mondial des applications mobiles; une situation qui inquiète le groupe de Windows et Xbox. À plusieurs reprises, la société basée à Redmond a critiqué ce duopole et a récemment apporté son soutien à Epic Games dans sa bataille contre Apple. On note d’ailleurs que la liste établie se rapproche des souhaits émis par des développeurs, dont Epic Games.
Des paroles, pour quels actes ?
Le discours de Microsoft est bien rodé et confirme la volonté du groupe de montrer patte blanche; aux autorités et au public. Cependant, des questions restent en suspens concernant les méthodes du géant américain.
Les principes vont s’appliquer au Microsoft Store sur Windows 10 et Windows 11, confirmant les précédentes prises de position de la firme. La boutique d’applications peine toutefois à peser face aux grands magasins tels que Steam ou ses équivalents sur mobile (App Store, Play Store). Malgré les efforts pour la rendre plus attractive et ouverte, cette boutique est loin d’être incontournable et les actions de Microsoft ne présentent que peu de risques.
À l’inverse, la boutique Xbox se développe et présente un modèle beaucoup plus fermé. Microsoft n’esquive pas le sujet et reconnait que le Xbox Store n’est pas totalement concerné par ces mesures. Seule la première partie du discours (principes 1 à 7) s’applique à l’univers Xbox; celle sur les développeurs (principes 8 à 11) n’est pas prise en compte. En effet, il n’existe pas de choix pour la distribution ou le système de paiement.
L’univers Xbox n’est pas totalement concerné
Microsoft confirme que la « législation émergente » n’est pas rédigée pour les « appareils informatiques spécialisés », comme les consoles de jeux. Ces dernières « sont vendues à perte » aux joueurs et participe au développement d’un « écosystème solide et viable pour les développeurs » estimes la firme. « Les coûts sont récupérés ultérieurement grâce aux revenus générés par la boutique dédiée aux consoles », précise-t-elle.
Néanmoins, l’entreprise assure qu’elle devra adapter son modèle commercial. « Nous nous engageons à combler l’écart sur les principes restants [ceux concernant les choix des développeurs, NDLR] au fil du temps », assure Microsoft, sans toutefois évoquer de date.
Pour l’heure, la priorité est de valider le projet de rachat d’Activision Blizzard. La transaction pour l’éditeur de Call of Duty et Candy Crush est estimée à près de 69 milliards de dollars.
The Verge
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