Les conditions favorables d’un coup d’Etat militaire en Afrique

Le coup d’Etat est un renversement du pouvoir par une personne investie d’une autorité, de façon illégale et souvent brutale.

Le putsch est un coup d’Etat réalisé par les Forces armées.

Le pronunciamiento dans les pays hispanophones, est un coup d’Etat militaire.

La révolution de palais est une révolte visant à changer de dirigeant.
Une version alternative présente le coup d’Etat comme «un acte d’autorité consistant dans une atteinte réfléchie, illégale et brusque, aux règles d’organisation, de fonctionnement ou de compétence des autorités constituées, atteinte dirigée, selon un plan préconçu et pour des raisons diverses, par une personne ou par un groupe de personnes réunies en un parti ou un corps, dans le but soit de s’emparer du pouvoir, soit d’y défendre ou d’y renforcer sa position, soit d’entraîner une simple modification de l’orientation politique du pays».
Le premier coup d’Etat militaire a eu lieu en Basse-Egypte, en Afrique, en l’an 399 avant Jésus-Christ.

C’est aussi en Afrique qu’a été révélée la notion «de coup d’Etat militaire dans un coup d’Etat militaire». Ce qui veut dire simplement qu’au moment où les effets d’un premier coup d’Etat militaire se font sentir, les auteurs de ce même putsch effectuent un autre coup d’Etat militaire

De 1960 à 2022, il y a eu 204 coups d’Etat militaires en Afrique. Soit un coup d’Etat militaire tous les 110 jours.
Au-delà d’être pour ou contre les coups d’Etat militaires, il conviendrait plutôt de regarder la réalité des conditions favorables à ces nombreuses atteintes à l’ordre constitutionnel dans les Etats africains.

En effet, plusieurs conditions pourraient être identifiées comme étant favorables à un coup d’Etat militaire.

Parmi ces conditions, on pourrait citer :
1/L’absence de démocratie, le manque de respect des droits de l’Homme et des libertés publiques fondamentales, l’inexistence d’un Etat de droit.

2/ La dégradation des situations politiques, sociales et économiques.

3/ Un mécontentement populaire, qui entraîne des manifestations longues et continues des populations.

4/ Une coalition des partis d’opposition, des Ong, des acteurs de la Société civile.

5/ Un contexte géopolitique et géostratégique favorable avec, souvent, des convoitises d’une ou de plusieurs puissances, ostensibles ou cachées, vers des ressources naturelles ou une position géographique stratégique.

6/ Un «désarmement structurel des Forces armées». Il y a «désarmement structurel des Forces armées» quand les dépenses de maintenance et de fonctionnement de ces dernières sont supérieures à 75 % du budget du ministère des Forces armées d’un pays donné. Alors, les militaires deviennent oisifs, par rapport à leur mission principale. Ils perçoivent régulièrement leur solde à la fin de chaque mois. Et ils détournent les 25 % du budget (destiné à l’investissement et l’équipement) restant pour investir dans des activités privées (avec des prête-noms ; très souvent leurs épouses ou enfants) ou bien ils virent les produits de leurs détournements dans des comptes offshores.

7/ L’existence d’un ou de plusieurs groupes de militaires ayant une ambition politique.
Ces deux dernières conditions sont nécessaires pour l’exécution d’un coup d’Etat militaire. Et elles peuvent être liées. Il suffirait donc de les éliminer pour lutter contre les coups d’Etat militaires récurrents en Afrique. Comment ? Peut-être, en améliorant les conditions morales et matérielles des Forces armées, en les équipant de manière adéquate, les formant et les entraînant suffisamment, tout en perfectionnant leur fonctionnement.

Ce faisant, elles se consacreraient à ce qu’elles savent faire le mieux : «Défendre l’intégrité du territoire national, la vie et les biens des populations et les institutions républicaines», au lieu d’être réduites à des Forces armées de parade, promptes à solliciter l’aide et l’appui incessants de puissances étrangères ou de mercenaires privés.
Alors, on ne parlerait plus que de révolution de palais ou de coup d’Etat civil ou institutionnel, pour garder sauf l’honneur des Forces armées.

Colonel (er) Alioune SECK
Grand officier de l’ordre national du mérite
Senior consultant, AC Consultants
Usa naval postgraduate school graduate
Monterey, California, USA
Dakar, Sénégal

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