Même si SpaceX a banalisé l’exception, atteindre l’orbite reste très compliqué; Astra, jeune pousse de l’aérospatiale américaine, en a fait les frais.
Astra a procédé hier au tout premier lancement floridien de sa Rocket 3.3, une fusée petit format qui a emporté quatre petits satellites CubeSat. Son objectif : les mettre en orbite dans le cadre d’un contrat pour le compte de la NASA, et des universités d’Alabama, du Nouveau-Mexique et de Californie. Malheureusement, tout ne s’est pas passé comme prévu; un incident technique a fait perdre le contrôle du véhicule aux ingénieurs, et les quatre satellites sont donc officiellement portés disparus.
“Nous avons rencontré un problème lors du vol d’aujourd’hui”, a tweeté le PDG d’Astra Chris Kemp dans un mea-culpa publié peu après l’incident. “Je suis profondément désolé que nous n’ayons pas pu livrer les équipements de notre client. Je suis en ce moment avec l’équipe à plancher sur les données, et nous communiquerons plus d’informations dès que possible”.
Aujourd’hui, le paysage de l’aérospatiale est beaucoup plus diversifié qu’il y a quelques années. Derrière le mastodonte SpaceX, qui vient d’ailleurs de jeter un coup de projecteur sur son fameux Starship, on retrouve tout un tas d’autres entreprises privées qui ont chacune leur spécialité; certaines très réputées et bien implantées depuis plusieurs années, comme l’indéboulonnable ULA, mais aussi d’autres, plus modestes, comme Astra.
Un Petit Poucet très différent de SpaceX
Cette dernière a commencé assez récemment à travailler avec la NASA, qui continue d’étendre son catalogue de partenaires privées; elle se cherchait désormais un allié capable de produire des petits engins légers et économiques afin d’étendre sa capacité à déployer des petits satellites. Et c’est justement la spécialité d’Astra.
Cette jeune pousse fondée en 2016 se distingue par sa philosophie radicalement opposée à celle de SpaceX. Là où le Starship a vocation à embarquer plus de 100 tonnes en orbite, voire vers Mars, la charge utile des fusées d’Astra se compte plutôt en kilos; l’objectif est plutôt de travailler avec des universités, laboratoires, et autres institutions d’intérêt public.
Une philosophie à la fois vertueuse et plutôt unique dans ce secteur. Et si c’est un avantage sur le plan stratégique, c’est aussi un sacré défi d’ingénierie puisque tout reste à inventer dans cette niche de l’aérospatiale. Et ça, Astra l’a appris à ses dépens. En effet, ce n’est pas le premier accident de l’histoire de la firme; elle a déjà perdu plusieurs véhicules, dont un lors d’un test pour le compte de l’US Space Force le 28 août 2021.
Un échec loin d’être dramatique
Des échecs qui n’ont rien d’infamant dans ce secteur où, rappelons-le, l’échec reste la norme. Même si elle avait certainement préféré une autre issue, la NASA ne leur en tient d’ailleurs pas rigueur – contrairement à l’action d’Astra qui a plongé après l’incident. Hamilton Fernandez, responsable de mission pour l’agence américaine, explique que l’agence a pris cet échec avec philosophie. “Ces missions sont critiques pour le développement de cette nouvelle niche”, affirme-t-il tout en affichant son soutien à son partenaire. “Les équipes d’Astra ont prouvé leur investissement dans la mission de la NASA. Les leçons qu’ils en tireront bénéficieront à tout le monde”, explique-t-il dans un communiqué repéré par The Verge.
Il faut donc laisser le temps à Astra de développer son approche particulière jusqu’à maturité, sans polluer le projet avec des attentes déraisonnables. Et ce n’est probablement qu’une question de temps; entre temps, Astra a réussi à atteindre l’orbite pour la première fois le 20 novembre dernier. Il ne lui reste donc plus qu’à peaufiner et à optimiser son système.
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