Le rôle de la Gambie dans la libération des soldats sénégalais

C’est un rôle peu évoqué mais qui a été déterminant pour arriver à une issue heureuse ce lundi 14 février. Au lendemain de l’accrochage qui a fait quatre morts dans les rangs des soldats sénégalais et la capture de sept autres, le gouvernement gambien a mis en place une task-force pour prendre langue avec le Mfdc. Avec d’autres médiateurs, issus notamment de la communauté Sant’Egidio, de la Croix-Rouge et de la Mission de la Cedeao en Gambie (Micega), des négociations ont été discrètement menées en coulisses qui ont permis d’abord de restituer les corps des deux soldats morts dans les combats, puis la libération d’otages lundi, dans le maquis.

Pays d’accueil du contingent de la Cedeao depuis 2017, la Gambie a été le théâtre de l’accrochage entre soldats sénégalais et éléments du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (Mfdc), le 24 janvier dernier, à une centaine de kilomètre de Banjul, près de la frontière sénégalaise. Accusée par la rébellion de servir de base arrière, la Gambie, ce pays lové dans le Sénégal, était dans une position pour le moins inconfortable. Ne voulant pas s’ingérer dans le conflit qui déstabilise cette région depuis plusieurs décennies, de crainte d’être déstabilisée par les rebelles, Banjul a dû jouer avec tact pour gérer la situation.

Ce lundi 14 février 2022, c’est la même task-force mise en place par le gouvernement qui a conduit la délégation de négociateurs. L’atmosphère était tendue et la zone entièrement quadrillée par les rebelles, la délégation gambienne a joué jusqu’au bout la carte de la neutralité dans l’affaire. Etant la première à prendre la parole, la délégation du Mfdc conduite par le commandant des opérations de Salif Sadio, a longuement prévenu, voire menacer la Gambie de rester neutre dans le conflit qui l’oppose au Sénégal. A cause de la porosité des frontières et ayant de fortes attaches en Gambie, des éléments du Mfdc ont longtemps considéré ce petit pays comme refuge dans lequel ils ont leurs habitudes.

Jouer les funambules
Une éventuelle confrontation avec la rébellion peut être fatale pour Banjul, estiment certaines sources sécuritaires. La task-force a joué un rôle discret et déterminant qui a gagné la confiance du camp irrédentiste et qui a permis au Mfdc de libérer les 7 soldats. Alors que la bonne entente avec le Sénégal a été retrouvée depuis l’arrivée du président Barrow, la Gambie doit jouer les funambules pour se sortir d’affaires. A la tête de sa délégation, le colonel Musa Trawally n’a cessé de le répéter face aux rebelles : son pays ne servira jamais de base arrière pour les combattre.

Une position pour le moins incommodante car les soldats sénégalais sont bien présents sur son territoire dans le cadre d’une mission de la Cedeao dont le mandat ne cesse d’être prorogé. Celui-ci vient d’ailleurs d’être renouvelé pour un nouveau mandat d’un an, en début de ce mois, en marge du dernier sommet extraordinaire des chefs d’Etat de la région.

 Emedia

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