La culture, grande oubliée de la campagne présidentielle

View of the empty seats inside the Champs Elysees theatre in Paris, Tuesday, Nov 16, 2021. (AP Photo/Thibault Camus)

Statut des intermittents, soutien à la création, éducation artistique, financements… Que proposent les candidats à la présidentielle dans le domaine de la culture ? France 24 fait le point.

Mais où est donc passée la culture dans cette campagne présidentielle ? Si la majorité des candidats soulignent son importance, et plus encore après en avoir été privés pendant la crise sanitaire, elle semble avoir été sacrifiée sur l’autel de thèmes plus clivants, comme l’immigration, le pouvoir d’achat ou la question énergétique. France 24 passe en revue les propositions des candidats de gauche à droite.

Fabien Roussel
Le candidat communiste prévoit de créer un grand ministère de la Culture, de l’Éducation populaire et des Médias, ainsi que l’organisation d’états généraux décentralisés pour favoriser les échanges entre les « acteurs du monde de l’art, de la culture et de l’éducation populaire, ainsi que des forces vives du pays ». Plus concrètement, il souhaite consacrer 1 % du PIB à la culture. « Ce niveau d’engagement financier correspond à une augmentation de l’ordre de 30 % des budgets publics actuels, atteignable en une mandature. »

Concernant la question des intermittents du spectacle, le quinquagénaire souhaite « conforter » leur régime en les dotant « d’un statut authentique, plus protecteur et garantissant effectivement leurs droits sociaux et leurs rémunérations ». Sous sa présidence, Fabien Roussel promet que « les artistes et créateurs seront placés sous la protection de la République, face aux attaques obscurantistes dont ils et elles font de plus en plus l’objet. L’État protégera l’art et la création de la domination de l’industrie numérique nord-américaine, qui pille leur contenu et les uniformise ».

  • Jean-Luc Mélenchon  

Comme Fabien Roussel, Jean-Luc Mélenchon entend porter le budget de la culture à 1 % du PIB par an. Parmi ses autres mesures annoncées, le leader des Insoumis souhaite favoriser la culture pour tous en refondant « classes à projet artistique et culturel », en abrogeant les inégalités territoriales, en étendant la gratuité dans les musées et en encadrant les tarifs des lieux privés. Pour soutenir la création, il veut également concevoir un régime pour les artistes-auteurs et améliorer celui des intermittents du spectacle, en y intégrant les « autres professions culturelles discontinues », comme celle des guides-conférenciers. Enfin, il ne veut plus que « la puissance de la France » sur la scène internationale se résume aux « grosses combines » et à « son armée », mais à « sa capacité à rayonner culturellement dans le monde », a-t-il assené le 10 février dans le journal de France 2.   

Anne Hidalgo
Dans son programme, la candidate socialiste entend « replacer la culture au cœur du projet républicain » car « la France est un projet culturel en soi ». Pour ce faire, l’actuelle maire de Paris désire que toutes les scènes publiques puissent systématiquement, et tout au long de l’année, accueillir des artistes en résidence. Présidente, elle assure qu’elle demandera à l’ensemble des institutions financées majoritairement par l’argent public de réserver 10 % de leur programmation à la nouvelle création, quel qu’en soit le domaine. Anne Hidalgo souhaite également développer le principe des artothèques, des médiathèques publiques destinées aux arts plastiques. Elle veut également faire intervenir 10 000 artistes dans les écoles dès 2023. Enfin, elle plaide pour une juste rémunération des auteurs, des écrivains, des producteurs et des diffuseurs, « durement touchés dans le contexte de la mondialisation et de la révolution numérique ».

Yannick Jadot

Dans sa « République écologique », Yannick Jadot prévoit un plan d’un milliard d’euros pour aider ce secteur, dont une part dédiée à la création sera portée à 25 %. Il entend ainsi offrir aux artistes et aux professionnels de la culture des conditions de création et de production dignes et responsables en leur garantissant notamment un revenu. Il souhaite également mettre à leur disposition des moyens financiers avec le souci d’aider efficacement à la transition écologique de la filière.

  • Valérie Pécresse   

La candidate Les Républicains fait de nombreuses propositions. Elle souhaite d’abord créer une « journée nationale des héros français », afin de célébrer les grandes figures de la nation dans les écoles, en citant Jeanne d’Arc, de Gaulle, Pasteur et Molière. Elle veut par ailleurs que chaque établissement scolaire se dote d’un projet culturel et entend qu’un jumelage avec des institutions culturelles, des conservatoires et des artistes soit proposé dans chaque école, collège ou lycée pour permettre à chaque enfant d’avoir accès à la culture. Elle veut que toutes les structures culturelles soutenues par des fonds publics soient « fortement incitées » à développer des actions d’éducation artistique et culturelle auprès des jeunes. Pour ce qui est de la culture à proprement parler, l’actuelle présidente de la région Île-de-France veut encourager la création d’œuvres nouvelles en « imposant » à chaque grand établissement culturel parisien de consacrer une part significative de son budget à la diffusion de ses créations partout en France. Elle souhaite également renforcer les lois sur le mécénat pour permettre aux entreprises locales et aux Français de s’impliquer davantage dans la préservation du patrimoine français. Elle envisage aussi lancer une politique de commandes des collectivités locales auprès de jeunes créateurs. La candidate de la droite prévoit en outre de mettre en place un taux réduit de TVA à 5,5 % sur tous les biens culturels pour baisser le prix des disques, de la musique enregistrée ou l’accès aux musées et aux lieux de patrimoine.   

  • Nicolas Dupont-Aignan  

Avec 42 mesures dont une douzaine sur la sauvegarde et la mise en valeur du patrimoine, Nicolas Dupont-Aignan fait la part belle à la culture. Comme ses concurrents de gauche, le candidat de Debout la France, veut consacrer 1 % du budget de l’État à la culture et créer un grand ministère de la Culture qui comprendrait le patrimoine, le tourisme, le spectacle vivant, les lettres, le cinéma et la communication. Il souhaite également renforcer la politique éducative artistique et culturelle en favorisant « l’intervention d’artistes dans le système éducatif ». Entre autres mesures, il souhaite aussi conserver le régime de l’intermittence, augmenter la proportion de fictions françaises face aux fictions étrangères, bannir l’écriture inclusive et accompagner la création de parcs à thème historique en régions, sur le modèle du Puy du Fou.  

  • Marine Le Pen   

Parmi les 22 propositions issues du programme de Marine Le Pen, aucune ne concerne réellement la culture. La patronne du Rassemblement national a seulement évoqué la question de l’audiovisuel. La candidate du RN souhaite en effet privatiser le service public audiovisuel, à l’exception des rédactions en Outre-mer, d’Arte et de l’Institut national de l’audiovisuel (INA). Elle veut également supprimer la redevance audiovisuelle.  

  • Éric Zemmour   

Pas de thématique consacrée à la culture dans le programme d’Éric Zemmour. Comme sa rivale Marine Le Pen, le candidat de Reconquête ! a seulement évoqué dans ses déclarations la question de l’audiovisuel public. S’il est élu, il ne gardera que les médias à portée internationale, France 5 et deux radios du service public, France Info et France Culture.

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