DECRYPTAGE- Au bord du conflit militaire, le bras de fer entre la Russie et l’Ukraine se poursuit sans accalmie. Cette crise ravive les tensions entre Moscou et les Occidentaux. Challenges revient sur les origines du conflit.
Vladimir Poutine avance ses pions, les solutions pacifiques reculent. S’il ne s’agit pas encore d’une « invasion de grande ampleur » selon le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, ce mardi 22 février, des troupes russes ont bel et bien pénétrées sur le territoire ukrainien. Une action orchestrée et annoncée par le président russe lundi soir, afin de « maintenir la paix » au sein des territoires séparatistes ukrainiens.
Dans un discours diffusé à la télévision nationale, Vladimir Poutine semble ainsi avoir enterré les dernières lueurs d’espoir d’une quelconque désescalade du conflit, en affirmant notamment « reconnaître l’indépendance des républiques de Donetsk et de Lougansk ». Si ces territoires se trouvaient déjà sous l’emprise de Moscou depuis quelques mois, cette annonce marque un tournant dans la crise. Il s’agit d’une attaque directe au droit international, ainsi qu’à l’intégrité territoriale de l’Ukraine. L’Union européenne, le Royaume-Uni et les États-Unis ont par ailleurs annoncé qu’ils prendraient des sanctions contre la Russie.
Depuis combien de temps dure le conflit russo-ukrainien?
Des mouvements de troupes russes en novembre dernier à la frontière ukrainienne, jusqu’à la menace d’une invasion jugée imminente par les Occidentaux, les tensions ne cessent de s’intensifier depuis plusieurs mois. Tiraillée entre des influences occidentale et russe, l’Ukraine reste divisée depuis plus de huit ans. Retour sur les origines des tensions dans le Donbass.
Ancienne république soviétique, l’Ukraine joue le rôle d’État tampon entre la Russie, à l’est, et l’Europe, à l’ouest, depuis sa déclaration d’indépendance en 1991. Si le pays conserve malgré tout de puissants liens avec Moscou, les tensions russo-ukrainiennes jaillissent dès 2004.
Le 21 novembre, l’élection du candidat pro-russe, Viktor Ianoukovitch, -victoire soupçonnée d’avoir été truquée- provoque la foudre parmi les Ukrainiens. Offusqués de l’appui médiatique et politique de Moscou à Ianoukovitch, les habitants mènent une série de manifestations politiques soutenue par les Occidentaux: la révolution orange. Ces protestations contraignent la Cour suprême d’annuler le précédent scrutin et d’organiser un nouveau vote le 26 décembre 2004. Avec 52% des voix, Viktor Iouchtchenko devient le nouveau président. Cet événement marque le préambule du rapprochement de l’Ukraine avec l’Occident, l’Otan ou encore l’Union européenne, et ce n’est pas du goût de Vladimir Poutine.
Pourquoi l’Ukraine tourne le dos à la Russie?
Si Viktor Ianoukovitch parvient finalement à accéder à la présidence en 2010, c’est sans compter la résistance de Kiev. Proche et sous pression du gouvernement russe, le nouveau chef de l’Etat annonce la fin de la coopération et des échanges avec l’Union européenne. Face à une Russie particulièrement attachée à son ex-satellite, une vague de protestations pro-européennes envahit la capitale du pays, puis l’ensemble de l’Ukraine. Mouvement de révolte populaire contre le pouvoir russe, la révolution du Maïden pousse, dès 2014, le président ukrainien à la fuite vers la Russie, puis à sa destitution.
En guise de représailles, Vladimir Poutine décide d’annexer la Crimée dès le mois de mars. Sur le terrain en Ukraine, deux républiques auto-proclamées voient alors le jour: la région de Donetsk et celle de Lougansk, partiellement contrôlées par les sécessionnistes prorusses. Depuis huit ans, les accrochages entre les séparatistes et l’armée ukrainienne restent quotidiens dans ces deux territoires du Donbass, contrôlés par les rebelles. Si Moscou le nie encore, Kiev et ses alliés occidentaux l’accusent de soutenir militairement et financièrement les séparatistes prorusses.
Après de violents affrontements en septembre 2021, Vladimir Poutine décide de mobiliser ses troupes, afin de “protéger” les combattants prorusses. Aujourd’hui, les bombardements ne cessent de s’intensifier sur la ligne de front entre les forces gouvernementales ukrainiennes et les séparatistes prorusses dans les régions sécessionnistes. Ce conflit affiche un bilan de plus de 14.000 morts et d’1,5 million de déplacés.
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