Guerre entre la Russie et l’Ukraine : craintes sur la stabilité en Afrique

La Russie et l’Ukraine, les deux plus grands producteurs de blé, sont en guerre depuis jeudi. Un conflit qui pourrait menacer l’approvisionnement de certains pays d’Afrique et même la stabilité de certaines nations du continent.

Alors que la Russie a lancé l’assaut contre l’Ukraine, les autorités soudanaises ont débarqué à Moscou pour parapher de nouveaux contrats d’échanges commerciaux. La descente du numéro deux soudanais chez le premier exportateur mondial de blé s’explique par le fait que Khartoum veut éviter le scénario de 2019, qui avait vu l’ancien Président Omar el-Béchir emporté par le… pain, dont le prix avait triplé, poussant les populations dans les rues pour exiger son départ qu’elles ont obtenu.

Mais il n’y a pas que le Soudan qui est menacé par cette guerre entre la Russie et l’Ukraine. L’Afrique du Nord aussi, notamment le Maroc, l’Algérie, la Tunisie et surtout l’Egypte, qui sont en alerte maximale et surveillent de près la situation de guerre en Europe. Premier importateur de blé au monde et deuxième client de la Russie, l’Egypte, qui a acheté 3,5 millions de tonnes de blé jusqu’à mi-janvier, a annoncé, cette semaine, détenir neuf mois de réserves.

Le Maroc, pour sa part, semble avoir pris les devants, le royaume ayant augmenté les subventions pour la farine et suspendu les droits de douane du blé. Une décision royale qui a fait baisser une tension naissante chez les populations qui commençaient à être gagnées par l’inquiétude suite à des annonces de hausse sur le prix du pain. Ainsi, le prix du pain ordinaire à base de farine de blé tendre ne connait pas d’évolution.

Le département marocain de l’Economie et des Finances a précisé que « dans le contexte de la hausse continue des prix des matières premières sur les marchés mondiaux, et comme affirmé précédemment, plusieurs mesures ont été prises pour limiter les effets de ces augmentations sur les prix de certains produits de consommation et de leurs dérivés sur le marché intérieur », ajoutant que cette mesure entre dans le cadre de l’intérêt que porte le gouvernement à la protection du pouvoir d’achat des citoyens marocains.

Dans ce lot des pays qui pourraient être impactés par la guerre entre la Russie et l’Ukraine, la Tunisie dont plus de la moitié des importations de blé viennent d’Ukraine et de Russie. Toutefois, les autorités tunisiennes assurent avoir des réserves de blé jusqu’au mois de juin prochain. Deuxième consommateur de blé sur le continent et cinquième importateur mondial de céréales, l’Algérie, pour sa part, annonce détenir six mois de réserves. Est-ce assez ?

En tout cas, présent au Salon de l’Agriculture, en France, ce samedi matin, le chef de l’Etat français, Emmanuel Macron, a été on ne peut plus clair : « cette guerre durera et il faut nous y préparer », a indiqué le dirigeant. Pour sa part, le Middle East Institute a alerté : « si la guerre perturbe l’approvisionnement en blé… la crise pourrait déclencher de nouvelles manifestations et de l’instabilité dans plusieurs pays » du monde arabe.

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