Lundi, après avoir rencontré des membres du Congrès américain, l’ambassadrice d’Ukraine aux États-Unis, Oksana Markarova, a accusé la Russie d’avoir employé des bombes thermobariques en Ukraine. Accusations reprises par des organisations humanitaires, dont Amnistie internationale et Human Rights Watch. Selon Mme Markarova, cet usage est interdit par la Convention de Genève. Quelle est cette arme, surnommée « père de toutes les bombes », et qu’en est-il exactement ?
Cet engin explosif extrêmement létal fonctionne sur le principe d’une double explosion. Quand la bombe atteint son objectif, une première charge libère des particules liquides ou de poudre métallique sur une surface de plusieurs centaines de mètres de rayon. Une deuxième explosion enflamme tout le combustible répandu dans l’air. La boule de feu ainsi produite peut détruire un périmètre allant jusqu’à 8000 mètres carrés.
Des effets dévastateurs
L’embrasement des particules se traduit par une hausse considérable de la température et brûle tout ce qui se trouve à proximité. Comme l’onde de choc est plus longue que celle d’une explosion ordinaire, le corps humain peut être vaporisé. La mort peut être imputable à une combinaison entre le souffle de l’explosion, la suffocation et la chaleur. Les bombes thermobariques sont particulièrement létales dans les endroits clos, les tunnels, les cavernes, etc.
Depuis quand cette arme est-elle utilisée ?
Les avis divergent. Certaines sources attribuent à l’Allemagne nazie les premières expériences. D’autres estiment qu’elle a d’abord été utilisée par les États-Unis durant la guerre du Viêtnam. La Russie a utilisé des bombes thermobariques en Tchétchénie. Dans les premiers mois de l’occupation américaine en Afghanistan, des bombardiers B-52 américains ont utilisé ce type de bombes contre les combattants d’Al-Qaïda et leurs alliés talibans cachés dans des grottes dans les montagnes de l’Est. En 2020, un rapport d’une commission indépendante de l’ONU déplorait aussi l’usage de ces engins en Syrie.
« Bombe à vide »
Oui. Les médias rapportent que la bombe a toutes sortes de surnoms : vacuum bomb, bombe à effet de souffle, bombe aérosol, fuel-air bomb, bombe à vide ou père de toutes les bombes.
La bombe a-t-elle été utilisée en Ukraine ?
Au moment d’écrire ces lignes, aucun gouvernement n’était allé aussi loin que Mme Markarova. Dans une déclaration rapportée par Reuters, Jen Psaki, porte-parole du président américain Joe Biden, a dit, sans rien confirmer : « Si cela est vrai, ça serait potentiellement un crime de guerre. » Par ailleurs, le réseau CNN a capté, en Ukraine, le passage de systèmes TOS-1A (lance-roquettes à 24 tubes monté sur un tank T-72) destinés à l’envoi de bombes thermobariques. Plus tard, mardi après-midi, une photo d’un système TOS-1A capturé par les Ukrainiens a fait le tour de la planète sur Twitter.
Qui possède des bombes thermobariques ?
Selon les différents textes consultés en ligne, les États-Unis, la Russie, la Chine, l’Inde et plusieurs États occidentaux possèdent cet armement. Dans un rapport daté de 2003, l’organisme Recherche et développement pour la défense du Canada (RDDC) indiquait déjà qu’un des modèles de la bombe, identifié RPO-A, était en usage dans 26 pays.
Et le Canada ?
Les Forces canadiennes ne semblent pas posséder ce type d’armement. En 2003, un article de l’Ottawa Citizen, largement repris, indiquait que l’organisme RDDC, associé au ministère de la Défense nationale, menait des études pour se protéger de telles bombes. À l’époque, on affirmait que RDDC avait rassemblé une équipe internationale pour mener cette étude. On avait alors fait exploser plusieurs bombes dans les installations de RDDC à Suffield, en Alberta.
lapresse
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