AFRIK.COM ouvre aujourd’hui ses colonnes au Président de la Fondation Seydou Kane pour l’innovation et l’aide sociale, Fondation basée à Libreville, au Gabon, et qui intervient dans sept domaines : le sport, l’éducation et la formation des jeunes, la santé, la culture, l’entreprenariat et le social.
« L’Afrique, cette civilisation écologique » par Seydou Kane
L’écologie a toujours constituée un sentiment d’identité pour tout le peuple africain. Celui-ci a incontestablement une identité prononcée pour l’écologie, il dispose de racines ancestrales profondes et un rapport avec la nature chevillé au corps.
Depuis la nuit des temps, le peuple africain est largement sensibilisé à l’écologie, pour la majorité des Africains la nature fait partie d’eux, c’est une question d’identité. Les familles, les jeunes, les étudiants, les communautés… la plupart d’entre eux sont sensibilisés à la cause écologique. Cependant, l’éternelle bataille entre l’écologie et le développement, si souvent au cœur de débats sur l’avenir de l’Afrique, est désormais un sujet incontournable pour le Continent.
Dans nos sociétés africaines, il existe un rapport puissant, voire une attache forte entre nature et culture. Est-ce singulier ou non à l’Afrique ? Je ne saurais me prononcer. Néanmoins notre rapport à la nature est déterminé par notre construction culturelle, résiliante, respectueuse de notre environnement. Aussi, ne perdons pas notre lien personnel avec la nature, cela détermine notre exception mais aussi notre pérennité et notre endurance.
Face à deux menaces que sont la crise climatique actuelle et la dégradation de l’environnement, le peuple africain tient une place particulière dans la mobilisation à la protection de l’environnement et de la planète. Les pays développés ne peuvent pas continuer leur glissade unilatérale vers la destruction de la nature au détriment des pays en voie de développement.
Ces changements climatiques entraînent d’immenses défis
L’Afrique, c’est le continent de tous les superlatifs : majestueux, vertueux, vierge… Des forêts humides et pluvieuses aux zones côtières tempérées, ou encore au désert du Sahara… L’immensité de l’Afrique se reflète dans son large éventail de zones climatiques. Les populations africaines sont pionnières en matière d’écologie de par leur connaissance profonde et antique de la nature.
De l’aveu de tous les scientifiques et les experts de la planète, c’ est le continent qui contribue le moins à la pollution du monde. Si l’Afrique ne participe qu’à hauteur de 4% aux émissions globales de gaz à effet de serre, elle en subit les graves conséquences. Alors même qu’il n’est pas à l’origine des pollutions, le peuple africain est malheureusement le premier touché, désertification, déforestation, diverses pollutions, le tout participant à une raréfaction des ressources essentielles, eau, subsistance, etc. qui compromet grandement l’indépendance alimentaire.
La protection de la nature en Afrique n’est pas une option, c’est une exigence !
La durabilité de la société africaine requiert toute notre attention dans la vie de tous les jours. Dans l’esprit africain, réaliser des actes durables au quotidien protège l’écosystème et préserve les ressources naturelles pour les générations futures.
C’est au travers de l’excellent film documentaire de la réalisatrice Yamina Benguigui : « Le dernier poumon du monde » que j’ai découvert qu’au cœur de ce continent se trouve le deuxième poumon de la planète : le bassin du Congo qui assure avec l’Amazonie, le recyclage de l’atmosphère de toute la planète.
L’exemple de la forêt du bassin du Congo-Brazzaville est très parlant. C’est en République du Congo que l’on a découvert la plus grande tourbière jamais mise au jour à la surface du globe : âgée de plus de 10 000 ans, aussi vaste que l’Angleterre, elle séquestre plus de 30 milliards de tonnes de carbone.
Ainsi, le Congo-Brazzaville s’est engagé en outre à mettre en place un plan de protection de la forêt, de la biodiversité et des tourbières. Couvrant 23,9 millions d’hectares – soit 69,8% du territoire national – les forêts du Congo-Brazzaville constituent une source inestimable de biodiversité et de stocks de carbone.
Pour pallier la déforestation, c’est toute l’Afrique qui investit massivement à transformer les pratiques, en aidant les paysans à se former à de nouvelles techniques pour stopper l’agriculture sur brûlis, en les accompagnant de façon réfléchie à améliorer leurs rendements par une agriculture biologique, une agriculture raisonnée, engagée dans l’exploitation durable des champs et des forêts.
Penser global, agir local
Toujours au sujet de ce documentaire, la réalisatrice Yamina Benguigui témoigne : « j’ai filmé ces militants africains qui traduisent leurs convictions en initiatives concrètes sur le terrain. Chaque geste de ces colibris anonymes qui agissent avec un instinct écologique ancestral. J’ai filmé ces gardiens du fleuve Congo, de la forêt et de la tourbière, ces femmes et ces hommes qui luttent contre le réchauffement climatique. Ils pensent localement, ils agissent localement pour changer le monde globalement. »
Pour conclure, je voudrais paraphraser le chercheur Simon Lewis « Les Africains ont le destin de la planète entre leurs mains, sans eux, sans leur action ici et maintenant, difficile d’imaginer un futur viable ».
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