“J’ai un côté compétiteur”, confie à l’AFP Stromae, de retour après son burn-out, en pleine forme avec un nouveau disque et une nouvelle tournée aux ambitions internationales. Écoutez son nouvel album “Multitude” via Spotify sous l’interview.
Q: Au delà de présenter de nouvelles chansons au public, les trois concerts en avant-première à Bruxelles, Paris et Amsterdam de février étaient-ils aussi une mise en jambes pour Coachella, le plus grand festival du monde, en Californie, où vous êtes programmé en avril ?
R: “Oui, les trois tours de chauffe servaient à se préparer pour Coachella. Je croise les doigts, on a essayé de mettre une certaine ambition dans le show, avec des bras robotisés: si on a trop de vent à Coachella, on ne pourra pas les utiliser car ils soutiennent les écrans derrière moi. J’essaye de ne pas trop y penser. J’espère qu’on aura des chouettes retours après notre passage là-bas”.
Q: Coachella, c’est une part de votre rêve américain ?
R: “Oui, je ne connaissais pas avant que les Daft Punk y passent. Ca représente le festival américain par excellence. Ce n’était pas mon ambition au début de chanter en français sur un territoire comme les USA, peu habitué à écouter de la musique qui n’est pas dans sa langue. C’est venu avec le succès de +Alors on danse+ en Allemagne, Espagne, Italie. J’ai toujours écouté des chansons en anglais, sans toujours comprendre et j’étais touché, on s’est dit que ça pouvait aussi marcher dans l’autre sens”.
Q: Dans “L’enfer”, vous évoquez votre burn-out, des “pensées suicidaires”: ce n’est pas seulement une chanson-thérapie personnelle puisque le monde médical a salué une libération de la parole sur le sujet grâce à vous…
R: “Je me suis rendu compte, quand mon frère Luc et Coralie (son épouse; elle et Luc sont aussi ses directeurs artistiques, ndlr) l’ont entendu, que cette chanson avait quelque chose à laquelle l’auditeur pouvait s’identifier. Tant mieux si ça permet à certaines personnes de vouloir se soigner, de mettre des mots sur des choses qui n’étaient pas identifiées jusque-là”.
Q: Vous commencez vos concerts par “Invaincu”, hymne à la vie après votre passage à vide: n’illustre-t-elle pas aussi votre retour dans l’arène face à la concurrence ?
R: “Oui, j’ai un côté compétiteur, dans +Invaincu+ je parle du combat qu’on peut tous avoir face à la maladie, au sens large, mais je suis quand même un challenger, bien que plus assagi qu’avant. Je vois Billie Eilish, Aya Nakamura, Adele qui font des super scores et j’ai envie d’essayer moi aussi, de me mesurer, ça regarde l’ego. D’abord on rentre dans un jeu, mais on se rend compte qu’il y a un panel super large et qu’on peut aimer Aya, Stromae, Billie, Adele, ce n’est pas une compétition en fait”.
Q: Vous avez rejoint Arno sur scène récemment, que représente-t-il pour vous ?
R: “Je l’ai découvert en 2009-10, je n’avais pas assez de chansons pour la scène, et on m’a dit qu’il fallait faire une reprise. J’ai entendu +Putain putain+, trop bien écrite, et j’en ai fait un remix. Je lui ai demandé s’il pouvait venir la chanter avec moi aux Trans Musicales de Rennes, pour mes premiers concerts. Il est venu, alors que c’est une légende, qu’il n’avait rien à gagner, alors que moi j’étais le mec d’un seul tube (+Alors on danse+). Il a cru en moi, on a gardé le contact, on se voit, on déjeune. C’était un honneur de chanter avec lui récemment +Putain putain+”.
Q: Arno est votre parrain dans le métier: qu’est-ce que ça fait d’être à son tour l’inspirateur d’une nouvelle scène en Belgique et ailleurs, pour la musique ou les clips ?
R: “Tant mieux si j’ai pu donner envie à d’autres. Si j’ai pu donner cette envie, cette exigence de faire du clip quelque chose de presque aussi important que la musique, tant mieux, même si je n’ai rien inventé. Tant mieux si j’ai pu en motiver, en décomplexer d’autres car je venais du rap et j’avais envie de faire de la musique au-delà du rap, puiser dans des influences au-delà du rap”.
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