Les négociations sur le nucléaire iranien, qui semblaient sur le point d’aboutir il y a tout juste une semaine, ont été suspendues vendredi. Frappée par les sanctions occidentales après son invasion de l’Ukraine, la Russie a demandé des garanties à Washington, mettant un frein aux discussions.
L’Union européenne, qui supervise les négociations sur le nucléaire iranien à Vienne, a annoncé une « pause » vendredi 11 mars, alors que la demande par Moscou de garanties supplémentaires a compliqué la donne.
« Nous devons faire une pause dans les pourparlers en raison de facteurs externes », a tweeté le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell.
« Un texte final est quasiment prêt et sur la table », a-t-il ajouté, disant rester « en contact » avec les différentes parties et les États-Unis « pour surmonter la situation actuelle et conclure un accord ».
Interférences de Moscou
Il y a tout juste une semaine, les diplomates évoquaient un accord imminent mais, le lendemain, Moscou, pilier essentiel des négociations, jetait un froid.
La Russie, frappée par des sanctions occidentales après son invasion de l’Ukraine, a ainsi demandé des garanties américaines que ces mesures de rétorsion n’affecteraient pas sa coopération économique avec l’Iran.
Des demandes jugées « hors sujet » par le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, mais qui ont mis un coup d’arrêt aux discussions.
Téhéran est engagé depuis onze mois dans des pourparlers à Vienne (Autriche) avec les grandes puissances pour tenter de sauver l’accord de 2015.
Conclu par l’Iran d’un côté, et les États-Unis, la Chine, la France, le Royaume-Uni, la Russie et l’Allemagne de l’autre, ce pacte était censé empêcher Téhéran de se doter de la bombe atomique en échange de la levée des sanctions économiques qui asphyxient son économie.
Mais il s’est délité après le retrait en 2018 de Washington, qui a rétabli ses mesures contre l’Iran. En réaction, l’Iran s’est progressivement affranchi des limites imposées à son programme nucléaire.
« La pause peut fournir l’élan pour résoudre les problèmes restants »
À sa sortie du palais Coburg, où se déroulent les pourparlers, le négociateur russe Mikhaïl Oulianov a dénoncé « les tentatives de rejeter toute la faute » sur Moscou. « La conclusion de l’accord ne dépend pas que de la Russie », a-t-il insisté, assurant être en faveur d’une conclusion « rapide ».
De son côté, l’Iran, proche de la Russie, se retrouve dans une position difficile et avait rejeté jeudi la faute sur les États-Unis, qui auraient formulé de « nouvelles exigences ».
Vendredi, le porte-parole des Affaires étrangères iraniennes, Saïd Khatibzadeh, s’est voulu rassurant. « Aucun facteur externe ne va affecter notre vœu commun d’un accord collectif », a-t-il réagi sur Twitter. « La pause peut fournir l’élan pour résoudre les problèmes restants. »
Les États-Unis, qui participent indirectement aux pourparlers, avaient de leur côté réaffirmé jeudi qu’un « accord » restait « proche ».
« Nous exhortons toutes les parties, y compris bien sûr la Fédération de Russie, à se concentrer sur la résolution des questions en suspens pour parvenir à notre objectif commun, qui est de faire en sorte que l’Iran soit empêché de manière permanente et vérifiable d’obtenir une arme nucléaire », avait insisté le porte-parole de la diplomatie américaine, Ned Price.
AFP