Le Fonds avait alloué au pays plus de 280 millions de dollars en droits de tirage spéciaux, quelques semaines avant le coup d’État de septembre 2021.
Des cadres du Fonds monétaire international (FMI) – une équipe menée par Clara Mira –, viennent de boucler une visite virtuelle avec les autorités guinéennes, au cours d’échanges organisés du 28 février au 4 mars. Face à l’équipe du personnel du FMI, il y avait notamment Lanciné Condé, le ministre de l’Économie, des Finances et du Plan, ses homologues du Budget, Moussa Cissé, de l’Énergie, de l’Hydraulique et des Hydrocarbures, Ibrahima Abé Sylla, et le gouverneur de la Banque centrale Karamo Kaba. L’équipe a pu également s’entretenir avec le Premier ministre Mohamed Béavogui.
Incertitude politique prolongée
À l’issue de ces échanges, l’équipe du FMI a jugé l’économie guinéenne « résiliente » et caractérisée par une croissance « élevée et soutenue » du secteur minier. Les dirigeants du Fonds ont constaté « une reprise progressive – modérément plus lente que prévu » du secteur non-minier. Pour cette année, le FMI anticipe une croissance de 5 % du PIB de la Guinée, grâce notamment à la production minière, nonobstant l’atténuation des conséquences du Covid-19 sur l’économie, et le règlement attendu par le gouvernement de ses arriérés de paiement. L’institution multilatérale a toutefois alerté quant aux dangers posés par les autres facteurs, comme les effets globaux de l’invasion russe en Ukraine, et les risques d’« une incertitude politique prolongée » qui pourraient « peser sur les perspectives ».
De leurs côtés les autorités guinéennes ont tenu à rassurer les représentants du Fonds. En août 2021, le FMI avait alloué 205,3 millions de Droits de tirage spéciaux (DTS) à la Guinée (environ 284 millions de dollars), afin notamment d’atténuer les effets de la crise du Covid-19 sur les économies et permettre une relance soutenue. Au total, le Fonds a accordé 33 milliards de dollars en DTS aux pays africains, dont 23 milliards de dollars pour les pays subsahariens, précisait en février à Jeune Afrique, Kristalina Georgieva, directrice générale du FMI.
MAMADI DOUMBOUYA A CONVOQUÉ LES OPÉRATEURS ÉCONOMIQUES POUR LES METTRE EN GARDE CONTRE LA SPÉCULATION SUR LES PRIX
Les autorités guinéennes se sont en particulier engagées à utiliser les 205,3 millions de DTS « avec prudence et transparence », afin de « soutenir les investissements dans les infrastructures et les secteurs sociaux », ce qu’espèrent les services du Fonds monétaire. Outre les DTS alloués en août, les créances de la Guinée auprès du FMI atteignent 26,78 millions de DTS prêtés, eux, dans le cadre d’une facilité élargie de crédit de 152,75 millions de DTS, signée en décembre 2016. « En outre, en 2014 et en 2020, le FMI a apporté une aide d’urgence dans le cadre de la facilité de crédit rapide et accordé un allégement de la dette afin de dégager des ressources » au pays, rapporte l’institution multilatérale.
Protéger la population vulnérable
Les cadres du FMI ont, par ailleurs, appelé le gouvernement guinéen à « continuer à protéger les plus vulnérables contre les conditions difficiles ». Une tâche « essentielle » selon le Fonds, alors que les tensions inflationnistes sont de plus en plus persistantes. Le 10 mars, le lieutenant-colonel Mamadi Doumbouya, à la tête de l’exécutif depuis le coup d’État perpétré le 5 septembre 2021, a convoqué les opérateurs économiques pour les mettre en garde contre la spéculation sur les prix (déjà élevés), notamment des denrées de première nécessité.
Deux jours auparavant, à l’occasion de la célébration de la Journée internationale des droits des femmes, des Guinéennes n’ont pas manqué d’entonner des slogans, comme : « Doumbouya, le marché est cher ! » Pour ne rien arranger, l’arrivée du mois de ramadan est imminente (début avril à début mai 2022). Cette période de jeûne en islam est accompagnée généralement d’une hausse des prix…
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