Les Colombiens ont voté, dimanche, dans le calme pour renouveler les deux chambres du Parlement et désigner les candidats à la présidentielle. Sans surprise, le sénateur Gustavo Petro a remporté l’investiture du camp de gauche, renforçant sa position de favori au scrutin.
« La Colombie a vécu une journée d’élections dans la transparence et le respect des droits », s’est réjoui le patron de l’autorité électorale colombienne, Alexander Vega. Les Colombiens ont voté, dimanche 13 mars, pour renouveler pour quatre ans les 296 membres du Sénat et de la Chambre basse, un parlement sortant contrôlé par une droite au pouvoir à bout de souffle.
Ils avaient aussi la possibilité de prendre part aux primaires des principaux partis pour choisir les candidats à la présidentielle du 29 mai, à laquelle le président sortant, le conservateur Ivan Duque, ne peut se représenter. Il s’agissait de désigner, au choix, le candidat d’une des trois coalitions de centre-droit, de centre-gauche, ou de gauche.
Dans un pays où la violence des groupes armés s’est accrue de façon alarmante ces dernières années, le gouvernement s’est félicité d’une « normalité totale » dans le déroulement du vote dans les 12 500 bureaux répartis sur le territoire. Deux soldats ont néanmoins été tués et deux autres blessés dans des attentats à la bombe dans le sud du pays, selon l’armée.
L’autorité électorale a confirmé une cyberattaque contre son site Internet peu avant l’ouverture du scrutin, mais a pu la maîtriser rapidement.
La popularité grandissante de la gauche
Les primaires, parfois qualifiées de premier tour avant l’heure, ont monopolisé l’essentiel des débats. Et comme attendu, le candidat de gauche Gustavo Petro, en tête de tous les sondages ces derniers mois, s’est imposé avec 80,50 % des voix à la tête du « Pacte historique », la coalition de gauche, contre l’afro-environnementaliste Francia Marquez (15 %), selon des résultats provisoires.
« Nous sommes sur le point de remporter la présidence dès le premier tour », a assuré Gustavo Petro.
Ex-guérillero reconverti au « progressisme » social-démocrate, Gustavo Petro devrait affronter le 29 mai l’ancien maire de Medellin, Federico Gutierrez, qui représentera la coalition de centre-droit (« Équipe pour Colombie »), et l’ex-gouverneur du puissant département d’Antoquia Sergio Fajardo pour la coalition de centre-gauche « Centre espérance », d’après les mêmes résultats provisoires.
D’autres candidats sont déjà en course, dont Oscar Zuluaga pour le parti au pouvoir du « Centre démocratique », qui ne décolle pas dans les intentions de vote, l’indépendant Rodolfo Hernandez, et l’ex-otage franco-colombienne Ingrid Betancourt. Tous trois se sont abstenus de se présenter aux primaires et concourent sous les couleurs de leur propre parti.
Ces résultats marquent véritablement le début de la course à la présidence, dans un pays historiquement gouverné par la droite, où l’accession de la gauche serait un séisme politique.
Des législatives qui n’enthousiasment pas
Ces primaires présidentielles ont momentanément éclipsé les législatives. Le « Pacte historique », principale force d’opposition au gouvernement conservateur sortant, obtient 17 sièges au Sénat sur 102, où il arrive en tête des votes avec 14,52 %, devant toutes les autres formations traditionnelles, conservateurs et libéraux, selon des résultats officiels partiels portant sur plus de 93 % des bulletins dépouillés.
À la Chambre basse des représentants, la coalition de gauche dirigée par Gustavo Petro obtient 25 sièges de députés sur 165, en seconde position derrière le Parti libéral (32), mais au coude-à-coude avec les conservateurs et avec le plus grand nombre de votes, selon ces mêmes résultats.
Le « Centre démocratique », qui avait obtenu lors des dernières législatives de 2018 le plus grand nombre de voix au Sénat, subit un lourd revers, y arrivant cette fois en cinquième position, et en quatrième position à la Chambre des députés.
AFP
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