Quand la politique du ventre prend le dessus en Afrique

Le manque de conviction est un mal qui gangrène l’environnement politique de la plupart des pays africains. Un mal dont les pays doivent guérir. À défaut d’une guérison totale, au moins une atténuation sensible.

En politique, il est une certaine catégorie d’acteurs qui ne supportent pas de se voir arracher le biberon. Biberon de lait ou de miel ? Eux seuls sont à même de répondre avec précision. Ils sont capables de toutes les compromissions, pourvu qu’ils soient dans les bonnes grâces du pouvoir, toujours à la recherche de strapontins. C’est la politique du ventre, qui fragilise, détruit l’esprit de groupe. Tenez !

Après les annonces en cascade de boycott du dialogue républicain voulu par le Président Faustin-Archange Touadéra par l’opposition à l’avant-veille et à la veille de l’ouverture des travaux, on aurait cru que l’opposition centrafricaine était soudée. Hélas, comme le dit un proverbe chez nous, le vent a soufflé et on a vu l’anus de la poule. L’unité de la Coalition de l’opposition démocratique (COD-2020), plateforme regroupant plusieurs partis de l’opposition n’était qu’apparente. Il a suffi que le Président Touadéra maintienne le cap et lance son dialogue sans cette opposition qui l’a lâché au dernier moment, après lui avoir promis monts et merveilles, pour que des lézardes fassent leur apparition dans les murs de la COD-2020.

Alors que la coalition, par la bouche de son porte-parole, Nicolas Tiangaye, a annoncé dimanche sa non-participation au dialogue républicain, son président, Cyriaque Gonda du Parti national pour un Centrafrique nouveau (PNCN), négociait en catimini avec le président du dialogue qui, fort de leurs échanges, a laissé entendre que la coalition de l’opposition n’allait pas tarder à rejoindre le dialogue. Nicolas Tiangaye a aussitôt apporté un démenti formel. Accusé « d’indiscipline et de trahison », Cyriaque Gonda a été exclu de la coalition, rapporte RFI. Pour maquiller son exclusion, le désormais ex-président de la COD-2020 a précipitamment rédigé une lettre de démission. Il est rejoint par le député Aurélien Simplice Zingas aguiché par l’idée de conserver son poste de premier vice-président du dialogue.

Mieux vaut être proche de la marmite que de la regarder de loin et de voir les autres se servir en ayant pour seule consolation les bonnes odeurs de la ripaille. Pour être toujours proches de la marmite, les adeptes de la politique du ventre deviennent donc des virtuoses de la transhumance politique, prêts à retourner prestement leur veste quand le vent tourne. Et en cela, la République centrafricaine ne détient pas un monopole. Il suffit, pour s’en convaincre davantage, de jeter un regard du côté du pays des hommes intègres où, visiblement, l’intégrité n’est pas la chose la mieux partagée. Au Burkina Faso, c’est le naufrage au Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), parti du Président déchu, Roch Marc Christian Kaboré.

En effet, 46 membres du bureau politique national du parti ont rendu le tablier en un temps record, pour des motifs farfelus (raisons personnelles) pour certains, pendant que d’autres n’ont même pas communiqué de motifs parce qu’ils n’en ont point. Mais au fond, qui ne connaît pas l’adage : « Quand le navire doit sombrer, les rats sont les premiers à le quitter » ? Or le navire MPP a sombré. Cette façon de faire la politique sans éthique, qui se caractérise par l’absence de toute conviction et la course effrénée vers la satisfaction des intérêts égoïstes n’est pas de nature à permettre à nos pays de sortir de l’ornière. Car, ce type de politicien ne se mettra jamais au service des intérêts supérieurs de la nation.

afrik

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