Au Québec, La Presse s’interroge sur l’héritage des Gilets jaunes dans la campagne présidentielle

Le quotidien québécois La Presse s’intéresse cette semaine à ce qu’il reste du mouvement des Gilets jaunes dans les programmes présidentiels. Le journal note que le référendum d’initiative citoyenne (RIC) a largement été repris par les candidats, mais cite l’un de ses acteurs pour qui le résultat global, plus de deux ans après, est un échec.

Les revendications portées par le mouvement des Gilets jaunes en France sont-elles présentes dans la campagne présidentielle ? C’est la question à laquelle tente de répondre le quotidien québécois La Presse, dans un article publié mardi 22 mars, en relevant la promesse d’amnistie faite par Jean-Luc Mélenchon aux Gilets jaunes condamnés par la justice française.

« Le chef de La France insoumise est le seul candidat à la présidentielle à vouloir ouvertement réhabiliter les Gilets jaunes, écrit Jean-Christophe Laurence, l’auteur de l’article. La campagne électorale ne se jouera sans doute pas sur ce débat. En revanche, on constate que certaines mesures portées par les Gilets jaunes ont infusé dans les programmes présidentiels, signe que le mouvement n’a pas été vain, même si le volcan semble éteint. »

Le journal note ainsi que le candidat de La France insoumise, mais aussi huit autres candidats, proposent dans leur programme l’une des revendications phares des Gilets jaunes : le référendum d’initiative citoyenne (RIC). « Seuls Emmanuel Macron, Éric Zemmour et la candidate d’extrême gauche Nathalie Artaud l’ignorent complètement », indique l’auteur.

Le pouvoir d’achat, l’autre revendication au cœur du mouvement il y a deux ans, est également bien présent. Mais pour Olivier Ihl, professeur de politique à l’Université de Grenoble interrogé par La Presse, les propositions sur la hausse des salaires, le blocage des prix de l’énergie ou des produits de première nécessité ne concernent « qu’à moitié » les revendications initiales des Gilets jaunes.

Un mouvement qui pourrait rejaillir

« Les Gilets jaunes étaient des gens de petite classe moyenne qui rejetaient la fiscalité jugée excessive de l’État. Alors que là, on s’adresse plutôt aux catégories populaires qui, en dehors du prix de l’essence, s’inquiètent pour le prix des pâtes ou du pain. C’est l’inflation, le coût de la vie en général. Le contexte économique actuel », explique le professeur.

Le quotidien québécois a également interrogé un ancien Gilet jaune, Fabrice Grimal, auteur du livre « Une année en jaune », pour qui le mouvement s’est soldé par un échec. « Des centaines ont croupi en prison. Des centaines ont été blessés. Tout ça pour quoi ? Pour rien. Politiquement, rien n’a changé. Le système est de pire en pire », affirme-t-il.

L’auteur de l’article souligne toutefois que de nombreux membres des Gilets jaunes se sont recyclé dans le mouvement anti-passe sanitaire et que la colère populaire pourrait rejaillir à la faveur « d’une étincelle ». C’est d’ailleurs ce qu’explique Christian Le Bart, enseignant à l’Institut d’études politiques de Rennes et auteur du livre « Petite sociologie des Gilets jaunes », lui aussi interrogé par La Presse.

« Ce mouvement peut renaître. Le problème du coût de la vie n’est pas réglé, loin de là, et on peut très bien avoir un renouveau, soit avec les mêmes, soit avec d’autres. D’autant que les Gilets jaunes ont laissé une empreinte assez forte dans l’opinion publique, mais finalement assez positive, malgré les violences », conclut-il.

france24

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