La famille de Paul Rusesabagina a fait savoir que le verdict, rendu selon elle par une cour partiale aux ordres du pouvoir, n’a aucune légitimité.
La famille a tenu à rappeler que les Nations unies ont déclaré la semaine dernière que le procès n’aurait jamais dû avoir lieu en raison des nombreuses et graves violations des droits de l’accusé.
Pour Carine Kanimba, l’une des filles de Paul Rusesabagina, il s’agit d’une parodie judiciaire.
« Tous les observateurs internationaux indépendants qui ont suivi de près cette parodie de justice arrivent aux mêmes conclusions. Pour nous, aucun procès initié à la suite d’un enlèvement et d’actes de torture ne peut être équitable ensuite. Comme le régime rwandais n’avait aucun élément crédible contre mon père, ils ont dû recourir à ces procédés illégaux pour l’emprisonner dans le but de faire taire ses critiques sur les violations des droits de l’homme dont ils se sont fait une spécialité. Notre attention se porte désormais entièrement sur la santé de mon père, les autorités rwandaises le privant de ses médicaments, » confie-t-elle à la Deutsche Welle.
« Un verdict sans grande surprise »
De son côté, l’analyste allemand Gerd Hankel dit ne pas être surpris par ce verdict. Il estime ainsi qu’aucun tribunal au monde n’aurait innocenté Paul Rusesabagina. Mais il précise toutefois que le procès de Rusesabagina n’a pas été équitable.
« Il est apparu dans une vidéo en train de justifier le bras armé de son mouvement politique et ce bras armé a évidemment commis des atrocités au Rwanda. En prêtant main forte à ce groupe armé, il a affaibli toute critique à l’égard du régime de Paul Kagamé. Cela dit, le tribunal était un tribunal de parti pris. Mais l’accusé en agissant tel qu’il a agi a facilité la tâche de cette cour, » souligne M. Hankel
L’Etat rwandais reproche à Paul Rusesabagina d’avoir fondé et d’appartenir au Front de libération nationale, un groupe armé accusé d’avoir mené des attaques meurtrières au Rwanda en 2018 et 2019.
Opposant au regime de Kigali
Paul Rusesabagina, 67 ans, a été rendu célèbre par le film « Hotel Rwanda » sorti en 2004 qui raconte comment ce Hutu modéré a sauvé plus d’un millier de Rwandais durant le génocide de 1994 au Rwanda, au cours duquel 800.000 personnes ont été tuées, selon l’Onu, principalement issues de la minorité tutsi.
Il a ensuite utilisé sa renommée pour s’opposer à Paul Kagame qu’il accuse d’autoritarisme et d’alimenter un sentiment anti-Hutu.
Il vivait en exil aux Etats-Unis et en Belgique depuis 1996, avant d’être arrêté à Kigali en 2020 dans des circonstances troubles, à la descente d’un avion qu’il pensait à destination du Burundi.
DW
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