RDC: la forêt du Kahuzi Biega, objet de convoitises et de potentiels

Dans l’est de la RDC, le parc du Kahuzi Biega a été inscrit au patrimoine mondial en 1980. Moins de 20 ans plus tard, il est inscrit sur la liste du patrimoine mondial en péril. Car le parc, grand de 60 000 hectares, fait l’objet de nombreuses convoitises. Mais pour ses autorités, il est aussi porteur d’espoir de ressources.

Le parc est riche d’une faune sauvage diverse et pour les Pygmées chasseurs traditionnels évacués du parc, une source de tentation. Dieudonné Akilimali, est le directeur du Pidep, le programme intégré pour le développement des peuples pygmées.

« Le braconnage, oui, il y en a. On ne peut pas ne pas reconnaître ça, ça arrive des fois que les peuples autochtones s’autorisent d’entrer illégalement dans le parc, mais ce n’est pas tellement régulier puisque c’est illégal. Une fois attrapé par les écogardes vous êtes emprisonnés. »
Des terres convoitées
Au-delà des prélèvements effectués par les communautés locales, le parc fait l’objet de convoitises bien plus larges, souligne Benjamin Ebuela, directeur de la coopération internationale à l’Institut congolais pour la conservation de la nature.

« Ici à Kahuzi Biega, c’est surtout essentiellement les questions de terres. Mais aussi, il faut dire que les parcs sont restés des réserves de ressources naturelles sur l’ensemble du réseau. Et comme la population n’a pas accès à ces ressources, ça leur complique un peu. Mais beaucoup plus aussi les contrebandiers qui sont derrière la population et qui aimeraient avoir accès au parc pour creuser le minerai, mais également couper du bois et ainsi de suite. Et ceux-là utilisent la population locale et ça, ça attire. »

Les coupes de bois et le conflit menacent également le parc. Mais son directeur reste optimiste et voit dans le Kahuzi Biega une possible source de richesse. « Le parc va beaucoup contribuer à l’économie locale et nous avons des produits forestiers non lignés », espère De-Dieu Bya’Ombe. « Nous avons tout ce qui a comme service écosystémique. Ça contribue à l’économie locale. La première des choses est très simple d’ailleurs. Toute l’eau qui est consommée à Bukavu vient du parc du Kahuzi Biega. Et même les projets AFD vont financer un projet d’adduction d’eau à Bukavu. Ça, c’est une sorte de contribution de service que le parc offre déjà à la communauté. »

Le tourisme comme levier pour participer à développer les capacités du parc
Et bien sûr le tourisme. « Il y a le tourisme dans les gorilles. 80 % de ceux qui vous ont accompagné pour visiter les gorilles, ce sont des Pygmées. Moi j’ai 60 % de Pygmées comme agents ici qui sont payés chaque fin du mois. Ceux qui font l’entretien de toutes ces routes, de toutes ces pistes, ce sont souvent les Pygmées ou les communautés riveraines, qui sont payées. Donc il y a vraiment des travaux que nous faisons ensemble et les communautés bénéficient de toutes ces retombées », souligne De-Dieu Bya’Ombe.

Un tourisme qui pourrait contribuer à la sortie de la liste en péril et participer à développer les capacités du parc. Ce dont Papa Lambert, guide depuis 25 ans, est bien conscient. « Le grand souci pour nous quand vous êtes au Kahuzi Biega si vous rentrez très satisfait avec de meilleures photos, des petites vidéos comme vous voulez, voilà maintenant le grand moment de nous aider. »

RFI

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