JO-2024, infrastructures et passion football… Le programme sportif des candidats

French president Emmanuel Macron embraces France's forward Kylian Mbappe during a ceremony to award French 2018 football World Cup winners with the Legion of Honour at the Elysee Palace in Paris, on June 4, 2019. (Photo by Francois Mori / POOL / AFP)

À quelques jours du premier tour, le sport a été un parent pauvre de la campagne présidentielle qui s’achève. Les douze prétendants à l’élection suprême française ont peu mis en avant leur proposition en la matière, alors que le prochain mandat sera marqué par les jeux olympiques à Paris en 2024. 

Pour la présidentielle française, les métaphores sportives ne manquent pas : un « marathon à la vitesse d’un sprint », une « course de chevaux », un « combat »ou un « match » entre les candidats… Cependant, le thème du sport et des politiques sportives est resté absent du débat public.

Si la plupart des douze candidats – Nathalie Arthaud, Nicolas Dupont-Aignan, Anne Hidalgo, Yannick Jadot, Jean Lassalle, Marine Le Pen, Emmanuel Macron, Jean-Luc Mélenchon, Valérie Pécresse, Philippe Poutou, Fabien Roussel et Éric Zemmour – ont formulé au moins quelques propositions, celles-ci n’ont jamais pris la lumière.

Si le Comité national olympique et sportif français (CNOSF) a bien tenté de remédier à cela en organisant un grand oral le 17 mars, seuls trois candidats sur les huit conviés ont répondu à l’invitation. La preuve d’un désintérêt pour le sujet à moins de deux ans et demi des JO de Paris ? Pourtant, les politiques n’hésitent pas à instrumentaliser les événements sportifs quand ils peuvent booster leur popularité…

France 24 vous propose un tour d’horizon des programmes et passions sportives des douze candidats (par ordre alphabétique).

Nathalie Arthaud

Sport et marxisme font rarement bon ménage. Pourtant, Nathalie Arthaud est loin d’être anti-sport. Elle a même suivi un cursus sport-études volley au lycée, au sein duquel elle dit avoir découvert le militantisme. Côté football, cette Drômoise affichait son attachement aux Verts et à Saint-Etienne, dans une interview à SoFoot en 2017.

Internationaliste convaincue, elle n’admire pas particulièrement l’équipe de France, même si elle lui reconnaît une vertu : être le reflet de l’intégration à la française. 

Sur son site Internet, le sport est cependant complètement absent des programmes de Lutte ouvrière. Par le passé, la candidate s’était exprimée sur les dérives du football actuel : « La vie politique et économique se reflète vraiment dans le football, avec ces capitaux qui font leur marché sur celui du foot. […] Dans le foot comme dans la société : qui a l’argent tient la victoire », a-t-elle notamment déclaré. Elle s’était également prononcé contre l’organisation des JO-2024 à Paris et aussi pour un accès pour tous au sport et aux infrastructures sportives.

Nicolas Dupont-Aignan

Quand la politique l’énerve, le député de l’Essonne a une solution très simple : il part nager un kilomètre. Nicolas Dupont-Aignan s’est en effet découvert une passion pour la natation lors de sa première campagne présidentielle en 2012. « C’est une école d’endurance. La régularité, l’effort constant, porte toujours ses fruits. Comme en politique, ce qui compte en natation, c’est la persévérance et la rectitude », assurait-il au Figaro en 2018.

Pour sa troisième campagne, le sport n’est pas oublié. Le candidat de « Debout la France » lui a consacré un volet entier dans son programme. Il y place les clubs et l’économie sociale et solidaire au cœur de son projet en la matière. Il propose 14 mesures concrètes sur 3 axes : encourager la pratique du sport pour tous les Français et réduire les inégalités d’accès à la pratique sportive, renforcer la compétitivité du sport de haut niveau en France et moderniser le fonctionnement de nos fédérations sportives et de nos clubs.

Parmi celles-ci, la piscine n’est évidemment pas délaissée, puisque le candidat veut déployer un « plan piscine à 1 euro » pour faciliter l’accès à ces infrastructures publiques et développer l’apprentissage de la natation.

Anne Hidalgo

Maire de Paris depuis 2014, Anne Hidalgo s’est pleinement engagée pour la candidature de sa ville pour l’organisation des JO-2024. La représentante du Parti socialiste, a fait sien dans cette campagne le slogan de Tony Estanguet, président de Paris 2024, en se déclarant « candidate qui sait que le sport change la vie ».

Anne Hidalgo promet, si elle est élue, « du sport pour toutes et tous » en imposant plus de sport à l’école, en développant notamment les classes à horaires aménagés et en réalisant un grand plan de rénovation et construction des équipements de proximité de 3 milliards d’euros. Elle promet également un ministère de plein exercice consacré au Sport qui aura un budget d’au moins 1,5 milliard d’euros et qui gagnera ses arbitrages budgétaires.

À Lyon, ville où elle a vécu son adolescence, la maire de Paris avait créé, avec sa sœur Mary, une section de foot féminin dans le quartier de la Duchère. Elle a également pratiqué le handball puis le volley. Désormais, elle se contente de s’entretenir avec de la musculation, du vélo d’appartement et un peu de natation, selon une interview à Gala.

Yannick Jadot

Yannick Jadot n’a pas peur des clichés, quitte à arriver à son meeting du Zénith de Paris le 27 mars à vélo pour la photo. Ou encore à se dire fan de Saint-Etienne, un comble pour le candidat des Verts qui répète souvent qu’il possédait un poster de Dominique Rocheteau, « l’ange vert », dans sa chambre, enfant. 

Au niveau politique sportive, Yannick Jadot avoue avec une honnêteté désarmante avoir laissé plus compétent que lui rédiger le programme : Régis Juanico, député de la Loire, vice-président de la commission des Affaires culturelles et de l’Éducation, mais aussi capitaine du onze parlementaire. En revanche, le candidat connaît sur le bout des ongles les propositions. Il fait du sport un outil au service de la santé. « Chaque adulte devra avoir accès à une demi-heure de sport par jour », a-t-il promis.

Les Écologistes souhaitent la création d’une Fête du Sport, au mois de septembre. Ils souhaitent également que chaque jeune se voit prêter un vélo, vélo « Made in France » pour participer à la réindustrialisation de la filière. Yannick Jadot se montre également préoccupé par le harcèlement sexiste et sexuel dans le milieu du sport et veut renforcer les moyens alloués aux cellules d’écoute dans ces domaines. Il veut également faire répondre toutes les compétitions sportives à une charte d’éco-responsabilité, en matière de respect des droits sociaux et humains et se dit opposé à la privatisation des compétitions internationales, afin éviter que des dictatures ne s’emparent des compétitions pour véhiculer des messages politiques à l’encontre des valeurs du sport. Il espère que les JO de 2024 seront un événement modèle, notamment sur l’égalité hommes-femmes.

Jean Lassalle

Jean Lassalle est un grand fan de sports. Élu du sud-ouest oblige, il y a avant tout le rugby. Son fils Thibault est d’ailleurs professionnel à Oyonnax et a ainsi réalisé un vieux rêve de papa avant une blessure aux ligaments. Cependant, le « candidat berger » ne renie pas le ballon rond. Il est fan des Girondins de Bordeaux, comme il le disait à SoFoot en 2017, et avait d’ailleurs invité l’ancienne star Marouane Chamakh à figurer sur sa liste pour les régionales en 2010.

Pourtant, dans son programme 2022, le sport n’apparaît que très peu. Il indique seulement vouloir créer une grande Fête du Sport le 21 septembre sur le modèle de la Fête de la Musique et « encourager les temps d’activités périscolaires » à l’école pour dégager du temps notamment pour le sport et la culture. Il aimerait également favoriser l’apprentissage des arts martiaux, une véritable école de la vie selon le candidat.

Dans la dernière ligne droite de la campagne, il a également affirmé que lui président, il retirerait l’organisation de la prochaine Coupe du monde au Qatar. Une prérogative qui ne dépend cependant pas du président français.

Marine Le Pen

Au Rassemblement national, le sport ne semble pas être la priorité de la campagne : aucun des livrets thématiques, ni des 22 mesures de départ de Marine Le Pen ne sont tournés vers le sujet.

Néanmoins, la candidate et son entourage ont laissé filtrer quelques idées sur le sujet dans la campagne, notamment à franceinfo. Marine Le Pen veut notamment laisser la religion et la politique dans les vestiaires. Pourtant, elle s’est rarement privée de le faire, comme quand elle critiquait Benzema en décembre qui ne chantait pas La Marseillaise. Une fois au pouvoir, elle entend créer une fête du sport dans chaque école et favoriser les compétitions interécoles.

Au quotidien, la députée du Pas-de-Calais n’est pas une grande sportive. Dans une interview à Gala, elle admet qu’avec son emploi du temps d’élue et la campagne, elle n’a que peu de temps à consacrer à ces loisirs. À peine s’entretient-elle à la salle de sport avec un peu de musculation. Sa véritable passion reste cependant l’équitation qu’elle pratique depuis l’adolescence et à laquelle elle aime s’adonner durant ses congés.

Emmanuel Macron

Depuis son élection en 2017, Emmanuel Macron s’est rêvé en nouveau Valéry Giscard d’Estaing. Président hyper-actif, il a multiplié les opérations de communication où il joue au football, fait du vélo avec sa femme, supporte l’équipe de France de foot en Russie, soucieux d’apparaître comme un jeune président dynamique. Ce fan de l’Olympique de Marseille s’est également affiché avec Kylian Mbappé, pourtant star du Paris Saint-Germain pour faire passer ses messages.

Pourtant au niveau de l’action politique en matière de sports, le bilan est moins dynamique. Le quinquennat avait pourtant bien débuté, avec l’annonce en grande pompe d’une loi sport et société. Celle-ci a finalement été adoptée en catimini à la toute fin de la mandature, avec un texte – si ce n’est une mesure sur la parité des fédérations sportives, largement à la traîne sur ce terrain – bien maigre. Sur les 36 fédérations olympiques, seules trois sont dirigées par des femmes. Elles devront représenter 50 % au prochain renouvellement en 2024.

Une séquence illustre notamment le rendez-vous manqué entre le sport français et Emmanuel Macron. Lors d’une réception à l’Élysée des médaillés des Jeux olympiques et paralympiques de Tokyo, le président français a appelé les athlètes à « faire plus » en vue de Paris 2024. Un tançage en règle qu’ont assez peu goûté les sportifs. « La France est une grande nation de sport, mais se dire qu’on va faire 90 médailles à Paris 2024, non. Il faut faire beaucoup plus de choses pour prétendre à 90 médaillés dans trois ans. Il fallait investir déjà sept ans en arrière dans le sport, massivement », a notamment estimé Teddy Rinner.

Jean-Luc Mélenchon

Dans « L’Avenir en commun », le livre-programme de la France insoumise de Jean-Luc Mélenchon, le sport n’est pas négligé. Un livret de 24 pages est consacré au sujet, coécrit notamment par Bally Bagayoko, militant associatif et ancien joueur de basket ainsi que Sarah Soilihi, doctorante en droit et championne du monde de kick-boxing, pour « une pratique sportive populaire et émancipatrice ».

Président de la République, Jean-Luc Mélenchon entend lancer un grand d’investissement dans des infrastructures sportives de proximité aux normes écologiques. L’insoumis entend également favoriser la gratuité de la pratique pour les populations modestes. Il veut également un grand plan pour lutter contre le dopage et toutes les dérives du sport, s’inscrivant ainsi dans les pas de Marie-Georges Buffet, ministre des Sports de 1997 à 2002 du gouvernement Jospin.

Au niveau personnel, Jean-Luc Mélenchon est loin d’être un adepte du sport. Contrairement à nombre de ses concurrents, le leader de la gauche dans les sondages avoue ne pas faire vraiment de sport : « L’ascension des escaliers du métro en courant. Voilà le sport que je pratique dans la journée. Mais, selon la ligne que je fréquente, il peut y avoir beaucoup de marches », expliquait-il à Ouest-France en février 2022. Et sinon, Jean-Luc Mélenchon s’est converti à l’OM depuis qu’il est député des Bouches-du-Rhône. Lui qui a longtemps, et en paraphrasant Marx, fait du foot « l’opium du peuple ».

Valérie Pécresse

Ministre pendant cinq ans de Nicolas Sarkozy (2007-2012), Valérie Pécresse est sortie exténuée et hors de forme de cette période de sa vie. Après la défaite de la droite à l’élection présidentielle puis aux législatives, elle décide de se reprendre en main. La boxe est une première révélation. Le Pilates est la suivante. Mais sa grande passion reste le tennis.

Valérie Pécresse a voulu faire du sport, un des axes majeurs de sa campagne. Dès le 19 février, elle a avancé ses propositions pour devenir la « présidente du sport français ». Elle résume ses priorités sur quatre axes : protéger les athlètes de haut niveau, ouvrir le sport à tous, lancer un grand plan d’investissement sportif et mettre le sport au centre des politiques publiques.

La présidente de la Région Île-de-France a connu un couac lors de sa campagne. Alors qu’elle déclamait son gouvernement de rêve, elle a évoqué la possibilité de voir le judoka Teddy Rinner, comme ministre dans son gouvernement. La légende vivante du judo français lui a répondu par un simple émoji hilare, selon franceinfo.

Philippe Poutou

Tout comme dans celui de l’autre candidat trotskiste à l’élection présidentielle, Nathalie Arthaud, le sport n’apparaît nulle part dans le programme du Philippe Poutou (NPA).

Pourtant, le conseiller municipal de la ville de Bordeaux n’est pas avare en sortie sur le sujet, notamment quand il s’agit de dénoncer les dérives ultralibérales du football professionnel : »Il [faute] mener un combat rigoureux contre le chauvinisme, le racisme et l’homophobie qui y règnent. Ensuite, il s’impose de libérer le foot du pognon, en revenir à un sport amateur dans l’esprit du moins », expliquait-il dans une interview à SoFoot lors de sa candidature de 2017.

Et le candidat-ouvrier n’hésite pas aller à l’encontre de l’humeur du moment pour défendre ses positions. En juillet 2018, après la victoire contre la Belgique en demi-finale du Mondial et les scènes de liesse sur les Champs-Élysées, il n’avait pas hésité à ironiser, récoltant une volée de bois vert au passage : «  »Il se passe quoi sur les Champs-Élysées ? Y a du monde bizarre ! Y a une manifestation contre les attaques antisociales du gouvernement ? Un réveil de la population qui se mobilise enfin contre les licenciements ou pour l’accueil des réfugiés ? Ça devait arriver. Ouf », avait-il écrit.

Sur le plan personnel, le Bordelais est un fan historique des Girondins de Bordeaux. Il ne faut cependant pas y voir là une récupération électorale pour accéder au conseil municipal en 2020 : Philippe Poutou n’y a pas plus remis les pieds depuis l’inauguration du nouveau stade le Matmut Atlantique… « La seule raison de passer à cette nouvelle enceinte consistait à engranger plus d’argent, notamment avec le naming », regrette-t-il.

Fabien Roussel

Vendredi 25 mars, le candidat communiste a fait le buzz en encourageant publiquement « son grand garçon », Kevin Oumar, combattant de MMA. Fier papa d’une famille recomposée, Fabien Roussel considère le fils aîné de son ex-compagne comme son fils aîné. « Oumar, c’est le nom de son père », explique le candidat à BFMTV. « Je l’ai en partie élevé ; on est une grande famille recomposée. C’est mon grand fils. »

En bon communiste, Fabien Roussel est passé dans sa jeunesse par la FSGT, Fédération sportive et gymnique du travail, la fédération sportive d’éducation populaire créée au début du 20e siècle par un journaliste de l’Humanité. Il dit garder de cette période de sa vie la capacité à « marcher sur les mains et faire des saltos arrières, deux compétences très utiles en politique ». Désormais, il préfère courir quand son emploi du temps le permet, entre « 8 et 10 kilomètres » par session.

Le candidat du PCF entend investir massivement dans le sport. Un ministère de plein exercice y sera dédié et aura 3 milliards de budget, soit 1 % du budget total. S’inspirant du général de Gaulle, il veut lancer un nouveau plan d’investissements dans les piscines et, plus globalement, dans les infrastructures de proximité. Enfin, il veut permettre à tous les enfants d’avoir accès à davantage d’heures d’éducation physique et sportive.

Éric Zemmour

S’il arrive au pouvoir, le polémiste d’extrême droite entend « remettre le sport au service de la France et des Français », selon les mots de son programme. Pour Éric Zemmour, cela passe par deux axes qui n’ont pas peur d’être paradoxaux : remettre le sport au service de la nation tout en le protégeant des idéologies et des lobbies.

L’ex-éditorialiste en campagne souhaite notamment relancer les Jeux de la Francophonie et de la Méditerranée pour en faire un vecteur d’influence – à noter que ces deux évènements existent toujours. Il veut également imposer la neutralité politique aux athlètes et interdire aux femmes voilées la pratique du sport et imposer aux transsexuels de concourir dans la catégorie de leur sexe de naissance.

Le candidat de « Reconquête ! », grand défenseur du virilisme, se décrit évidemment comme un sportif invétéré. Selon Gala et Paris Match, pendant la campagne, il trouverait le temps d’aller nager et de jouer au tennis. Malgré sa défense de la neutralité, il sait l’influence que peut avoir le sport sur la société. Le multi-condamné pour provocation à la haine avait ainsi donné une interview à Pierre Ménès, le très populaire éditorialiste sportif sous le coup d’une enquête pour harcèlement sexuel. Début avril, il a également tenté de créer un événement en se rendant dans un complexe sportif appartenant à la famille Zidane, à Marseille. Le candidat a été raccompagné à l’extérieur du terrain à la demande du frère du champion du monde.

france24

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