Il a fallu qu’une insurrection entraîne la chute du président Blaise Compaoré pour que l’emblématique dossier Thomas Sankara et compagnons refasse surface dans les couloirs du palais de la justice militaire puis dans une salle d’audience à Ouaga 2000. Le dénouement de ce procès est un soulagement selon les familles des victimes; mais reste, de l’avis de Me Prosper Farama, un acte symbolique majeur pour la postérité.
« L’Afrique toute entière et peut être le monde se souviendra un jour, qu’un peuple s’est battu pendant près de trente-quatre ans pour que justice soit rendue à des hommes valeureux qui sont tombés, tués par la barbarie de leurs camarades. De ce procès, de ce verdict, c’est que ce genre de crime odieux n’arrive jamais au Burkina et peut-être nulle part en Afrique. A partir de ce procès, je pense que le véritable deuil de ces familles qui pendant trente-quatre ans ont souffert, commencera véritablement. »
Leçon pédagogique
Mousbila Sankara, ancien membre des CDR, les comités de défense de la révolution, n’oubliera pas de sitôt les sévices corporels et les violences morales qui lui ont été infligés par les militaires du régiment de sécurité présidentielle, le RSP.
Le caractère pédagogique du procès Thomas Sankara, estime-t-il, est indéniable.
« Nous souhaitons que cela serve de leçon d’une façon pédagogique à tout le monde parce que c’est quelque chose qui a touché en plus des nationaux des sympathisants à l’extérieur. Il peut être pédagogique pour les condamnés. Pour ceux qui n’ont pas été condamnés, qu’ils sachent qu’en ôtant la vie aux autres, ils ne pourront pas jouir de leur liberté. »
Valeur d’exemple
Pour Luc Damiba, secrétaire général du comité international Mémorial Thomas Sankara, le moment est propice pour poser des actes dans la perspective de rendre un vibrant hommage au leader de la révolution burkinabè.
« En construisant le mémorial Thomas Sankara, en ayant des obsèques nationales dignes de son nom. Toute l’Afrique nous regarde. On dit parfois aux Burkinabè à l’extérieur qu’ils ont un trésor inexploité. Ailleurs il est demandé, sollicité, rien que son nom ouvre des portes; mais les Burkinabè le négligent. C’est important qu’on le réhabilite. C’est la raison pour laquelle nous allons continuer le combat. »
Trois des quatorze accusés ont été condamnés à perpétuité dont l’ancien président, Blaise Compaoré, en exil en Côte d’Ivoire. Huit autres ont des peines allant de trois à vingt ans de prisons. Enfin, trois accusés ont été acquittés.
dw