Atrocités contre les populations civiles, massacres de ces mêmes populations civiles, destructions et/ou pillages des villages, exécutions sommaires de civiles et militaires, enlèvements, tortures, séquestrations…, ce sont là autant de crimes perpétrés durant ces dernières années contre les populations civiles maliennes. Ils (ces crimes) ont été perpétrés par des groupes armés agissant, le plus souvent, au nez et à la barbe des différentes forces étrangères présentes au Mali, notamment la Minusma dont l’une des missions est la « protection des populations civiles ». Ces odieux crimes qui ont occasionné des milliers de victimes civiles et militaires n’ont soulevé aucun tollé, ni motivé la moindre enquête indépendante de la part de ceux qui, aujourd’hui, tentent de discréditer l’armée malienne après son opération à Moura.
Retour sur certaines tueries perpétrées contre les populations civiles maliennes. Le bilan ? Il est très lourd.
Le 2 juillet 2019, les populations civiles du Centre, précisément les villages de Bouari, Djimdo, Pangadou et Dialakanda (cercle de Bankass) et les militaires ont payé un lourd tribut suite à une double attaque perpétrée par les hommes lourdement armés. Bilan : plus d’une trentaine de civils tués.
Selon certaines sources, les terroristes qui ont commis cette attaque meurtrière sont arrivés de la frontière du Burkina Faso, à bord de pick-up, de motos tricycles et d’engins à deux roues dans la soirée du 1er juillet 2020. Simultanément, ils ont commis des massacres dans ces quatre villages dogons du cercle de Bankass.
Alertée, une patrouille de l’armée a été dépêchée sur les lieux des attaques meurtrières. Cette patrouille est tombée dans une embuscade dans la nuit, du 02 juillet 2020, aux environs de 20 heures à l’entrée du village de Gouari. Bilan : 7 morts, 02 blessés, 03 portés disparus et 04 VHL brûlés.
« Ce détachement a été pris à partie à l’entrée du village de Gouari par des individus armés à bord de trois (03) véhicules et sur une quarantaine de motos », a écrit l’armée sur sa page facebook.
Autre lieu : En juin 2019, une patrouille de l’armée malienne a été victime d’une embuscade à Diabaly. Cet acte perpétré par des hommes armés a fait une vingtaine de morts et de nombreux blessés du côté de l’armée, ainsi que des dégâts matériels.
Dans la crise sécuritaire qui secoue notre pays depuis 2011-2012, il est à noter que l’année 2019 a été particulièrement meurtrière pour les populations civiles maliennes, ainsi que les forces armées et sécurité. Cependant, l’on ne dispose pas d’estimations chiffrées sur le nombre exact des victimes civiles et militaires. Par contre, en 2018, les attaques et autres violences ont entraîné la mort de plus de 1800 personnes au Mali, selon certains rapports dressés par des organisations humanitaires opérant au Mali. Ces mêmes organisations indiquent que l’année 2017 a enregistré un total de 716 personnes tuées et d’autres victimes dont la plupart étaient des civils.
Précision : Le nombre élevé de morts en 2018 est le reflet d’une situation sécuritaire particulièrement dégradée notamment au Centre et au Nord-est.
Questions : Où étaient la Minusma, et la force Barkhane ? Qu’ont fait les Nations-Unies pour rechercher et punir les auteurs de ces crimes dont les auteurs appartiennent à des groupes armés opérant sous le regard indifférent de la Minusma ? La communauté internationale n’est-elle pas informée de ces violences sur les populations maliennes ? Pourquoi la Minusma n’intervient-elle pas pour protéger les populations civiles avec tous les moyens (hélicos et drones) dont elle dispose ? Au-delà quel est l’utilité de cette armada militaire étrangère déployée au Mali depuis des années. Ce sont là autant de questions qui reviennent sans cesse sur les lèvres.
Autres précisions : Sur les 1814 victimes de l’insécurité en 2018, 1026 ont été tuées au Centre du Mali. Parmi elles : 697 civils, 85 membres des forces armées et de sécurité du Mali, quatre soldats de la paix, 236 hommes armés ou présumés armés (sous cette catégorie ont été classés, les membres des groupes terroristes, des milices, les chasseurs donsos et peut-être des civils présentés comme djihadistes ou terroristes), selon des organisations humanitaires.
Ogossagou : des centaines de civils tués…
Dans cette spirale de violences qui a frappé le Mali depuis près de 9 ans, la localité d’Ogossagou (région de Mopti) a payé un lourd tribu avec deux attaques successives et d’une rare violence. Les deux attaques ont fait des centaines victimes (morts et blessés), de nombreux déplacés et d’importants dégâts matériels. Cette barbarie a surtout frappé des femmes, des enfants et des vieilles personnes sans défense. La France a-t-elle demandé présent des enquêtes sur ces atrocités commises à Ogossagou ? L’ONU via la Minusma est-elle intervenue pour rechercher les auteurs de ces crimes ?
Pour rappel, il faut dire que le vendredi 14 février 2020, la population d’Ogossagou a été surprise par cette attaque qui a fait plus de 30 victimes et de nombreux blessés.
L’attaque menée par une trentaine d’hommes armés a été perpétrée après le retrait, quelques heures auparavant, de l’armée, a expliqué le chef du village. Dans leur furie les assaillants ont incendié presque tout le village, et ont emporté une grande quantité de stocks alimentaires et de bétails…
A l’époque, le gouvernement malien avait condamné ces atrocités commises à Ogossagou et avait promis des enquêtes : «… rassure que les investigations seront menées pour déterminer les circonstances de ces crimes, arrêter et traduire les auteurs devant les juridictions compétentes… ». Cependant, jusqu’ici les populations d’Ogossagou attendent et continuent de souffrir en silence.
Pour sa part, la Minusma s’était contentée d’un communiqué laconique à propos de ces tueries d’Ogossagou. « L’attaque a coûté la vie à de nombreux villageois et a fait plusieurs blessés. Des maisons ont également été brûlées », avait confirmé la mission onusienne présente au Mali.
Avant cette attaque, Ogossagou avait subi en mars 2019 un premier assaut meurtrier des groupes djihadistes. Bilan : plus de 174 morts et autant de blessés. Aussi, de nombreuses pertes matérielles ont été enregistrées : cases brulés, greniers détruits, enclos de bétails détruits…
A l’époque, cette paisible localité peulhe avait été investie, tôt le matin du 23 mars 2019, par des assaillants armés jusqu’aux dents. Ils ont tiré sur tout ce qui bougeait. Ainsi, parmi les victimes, l’on dénombre de nombreuses femmes et des enfants. Un grand imam de la localité du nom de Baba Sékou Issa a été tué avec toute sa famille. Cette atrocité a également fait plusieurs dizaines de blessés dont certains ont été évacués vers Bankass et Dialassagou. Cette attaque a également visé un camp du DDR où étaient regroupés des éléments de la milice de Sékou Boly. Ceux-ci y étaient cantonnés en vue de leur insertion dans l’armée.
Gangafani 2, Sodane Da… Assassinats et exécutions sommaires
Dans ce cycle infernal d’attaques et de tueries contre les populations civiles maliennes, l’on note également les évènements douloureux survenus le lundi 17 juin 2019 dans les deux petites localités de Gangafani 2 et de Yoro (région de Mopti). Bilan de deux attaques perpétrées par des hommes armés : 41 morts et de nombreux blessés.
Selon des témoignages, la première attaque a visé le village de Gangafani 2. Les assaillants ont d’abord procédé à des tirs de sommation, avant de procéder à l’arrestation des jeunes du groupe d’auto-défense du village. « Au terme de cette attaque, 17 jeunes du village ont été arrêtés et froidement exécutés par les assaillants », selon de nombreux témoignages.
Ensuite les assaillants ont attaqué le village de Yoro. Là, une vingtaine de personnes ont été tués, selon des témoignages.
Par ailleurs, la localité de Sodane Da, tout comme Ogossagou, a connu des atrocités d’une rare violence commises par une meute de terroristes qui s’attaquent à des populations civiles. En effet, Sodane Da a connu son mardi noir le 11 juin 2019. Ce jour une meurtrière attaque a lieu contre ce hameau situé dans cercle de Bandiagara. Le bilan est particulièrement lourd selon les estimations. En effet, plus de 100 civils dont des femmes et des enfants ont perdu la vie à Sodane Da. Où étaient les forces françaises pour protéger ces innocents ? Et la Minusma ? La question demeure.
A l’époque les autorités locales de la région de Mopti avaient donné tous les détails sur ces crimes perpétrés à Sodane Da. « Avec les éléments de la protection civile, nous avons minutieusement fouillé, et nous avons sorti 35 corps », avait précisé le gouverneur de Mopti. Et il avait indiqué que « 11 adultes et 24 enfants » ont été inhumés après le passage des assaillants. Pour sa part, le maire de Sangha (dont dépend Sodane Da), Ali Dolo, avait maintenu l’estimation d’une centaine de morts. Il avait précisé que certains corps ont été calcinés.
Charnier de Doungoura et autres…
L’une des tragédies enregistrées dans la zone de Mopti était sans doute celle de Doungoura. En effet, dans l’après-midi du lundi 18 mars 2013, des forains circulant sur l’axe Dioura-Léré, ont été interceptés vers la plaine dite de Ngagna par des bandits armés enturbannés. Ces bandits armés étaient à bord de deux véhicules.
Selon des témoins, les forains furent dépouillés de tous leurs biens, puis, attachés, les yeux bandés, puis conduits à une dizaine de kilomètres du village.
Là, ils ont été froidement abattus. Bilan 25 civils tués puis jetés au fond d’un puits.
Dans cette barbarie perpétrée au Mali depuis des années, il y a eu, en plus de crimes de masse, certains assassinats ciblés qui ont provoqué l’émoi au sein des populations. L’on peut retenir, entre autres le cas de Boubou Tiello Tamboura, accusé d’excès de loyauté. Ce vieil homme a été froidement abattu dans sa concession, devant ses femmes et ses enfants à Saré-Kouyé (commune rurale de Toguéré Coumbé) le 4 mars 2015. Il y aussi les assassinats du chef du poste forestier de Diafarabé (cercle de Ténenkou), criblé de balles sur son lieu de travail le 6 avril 2015 ; du chef du village de Dogo (cercle de Youwarou), Amadou Issa Mody Dicko, assommé pour refus de se soumette au diktat des djihadistes, le 22 avril 2015.
Le 31 décembre 2015, Souleymane Bah dit Kouragal a été assassiné entre Nampala et Dioura.
En avril 2016, un homme âgé, Nabé Tamboura, a été froidement abattu à son domicile, à Samina. Le samedi 27 août 2016, quatre personnes ont perdu la vie à Falada, à 20km de Dioura.
C’est dire que le Mali et les populations maliennes ont souffert le martyr et enregistré des crimes odieux pendant d’une décennie. Ces crimes ont été commis souvent par des gens connus et qui bénéficient de protection extérieure. A ces crimes évoqués ci haut, l’on peut y ajouter une longue chaine d’actes barbares commis sur les populations civiles, les administrateurs locaux et les éléments des forces armées et de sécurité. Dans cette série noire on a encore en mémoire les évènements survenus à Kidal en mai 2014. Là, ce sont plusieurs administrateurs civils et militaires maliens qui ont été sauvagement exécutés par des éléments des mouvements armés agissant devant les forces onusiennes et françaises présentes dans cette localité. Des enquêtes ont-elles été demandées par l’ONU ? Et les commanditaires de ces tueries ? Ils sont libres comme le vent.
mali24