«Le futur commence maintenant» : marches pour le climat dans plusieurs villes de France

Paris, le 9 avril 2022. Marche pour le climat

Ce samedi, des milliers de manifestants ont défilé pour « le futur », à l’appel d’organisations et collectifs écologistes, antiracistes, féministes et antiprécarité. Et, dans le cortège, on ne parlait que du premier tour de la présidentielle.

Des dizaines de milliers de personnes ont une nouvelle fois manifesté ce samedi pour le climat et la justice sociale à l’initiative d’organisations et collectifs écologistes, antiracistes, féministes et antiprécarité. À l’appel de plus de 300 organisations, plus de 80 rassemblements sont prévus, pour crier haut et fort la nécessité de revoir toutes les logiques à la mesure de l’urgence climatique.

Cinq jours après la remise du rapport du GIEC, qui a donné trois ans pour ralentir la course fatale du réchauffement planétaire, et ses nombreuses conséquences, les slogans n’ont pas manqué d’interpeller les candidats. Qui pour certains sont venus, comme l’écologiste Yannick Jadot à Paris, parmi plusieurs milliers de manifestants. Jean-Luc Mélenchon, qui s’y est annoncé, a envoyé son équipe.

« Peuple français recrute président crédible sur le climat », clame un panneau, place de la Bastille ; « le futur commence maintenant », assure un autre. « Moins de riches, plus de ruches », dit aussi celui-là, qu’on avait vu fleurir il y a près d’un an à la même occasion. La majorité venait alors de voter la loi climat, ne reprenait que 46 des 150 propositions de la Convention citoyenne pour le climat (CCC), et pas les plus contraignantes.

« C’est un rassemblement inédit », selon Lorette Philippot, porte-parole des Amis de la Terre. « C’est pour montrer, à la fin de ce quinquennat et à l’ouverture du prochain, que ces problèmes ont la même racine. Et si on n’a pas le droit de parler des candidats aujourd’hui, c’est aussi une opportunité pour parler de thèmes qui ont été oubliés pendant la campagne ».

Si l’ambiance est toujours joyeuse et bon enfant, dans les rangs des manifestants parisiens l’inquiétude domine à la veille du premier tour de la présidentielle. « On court à la catastrophe si on continue comme ça », s’alarme Ali, 35 ans, militant venu de Grenoble. « Il y a un sentiment d’urgence à la fin de ce quinquennat où nos luttes ont été méprisées, humiliées », dénonce Charlène Fleury, du collectif Action non violente COP 21.

Malgré ce constat, tous déplorent le grand absent de la campagne présidentielle : l’environnement. « On ne pourra pas rattraper le retard, ce thème a été complètement passé à la trappe, s’insurge Hadrien, 24 ans. Il y a encore beaucoup d’indécis, peut-être qu’en voyant autant de gens mobilisés aujourd’hui ils vont se décider », veut croire le jeune homme, drapeau européen à la main.

« Je suis un peu désespérée »
« Je suis fatiguée de ne rien entendre à ce sujet », confie de son côté Isabelle, 56 ans, qui a enfilé la chasuble verte des militants Greenpeace. Elle s’est engagée en février 2022 dans l’association et participe à sa première marche. « Je suis très inquiète, je voulais venir montrer que l’environnement c’est l’affaire de tous », insiste-t-elle à côté d’une grande banderole sur laquelle est écrit : « Peuple français recrute président crédible sur le climat ».

Pour Marie, Doriane et Maé, le choix du bulletin de vote est presque tranché, mais une chose est sûre, il n’y a pas de candidat qui remporte complètement leur adhésion. « Aucun politique ne s’est vraiment saisi des questions importantes. Je veux montrer que c’est la société civile qui peut créer le débat », martèle l’une de ces trois copines. « Moi ça me fait du bien d’être ici et de ne pas rester à angoisser seule chez moi. On est toutes les trois super inquiètes », complète Marie, 25 ans.

Même Monique et Marie-Françoise, 71 et 70 ans, semblent désabusées. « Je suis un peu désespérée », confie aussi la première, militante de longue date pour la planète. Pour certains, rendez-vous est déjà donné pour de nouvelles manifestations après les élections.

À Montpellier, des milliers de personnes marchaient sous un beau soleil dès le début d’après-midi, de même que sur le Vieux-Port à Marseille, dans le centre de Saint-Étienne, ou à Lyon.

« À la veille du 1er tour, les organisateur·trice·s de ces marches veulent rappeler à l’électorat que ces sujets concernent toute la société et aux candidat·es qu’il·elle·s seront présent·e·s pour les cinq prochaines années », écrivent les organisations à l’origine des marches dans un communiqué de presse. « Il n’est pas possible d’attendre cinq ans de plus pour bâtir notre futur », ajoutent-elles.

« On constate tous qu’il y a une superposition des crises, sociale, économique, climatique », défendait mardi, lors d’une conférence de presse, Hélène Denise, de la Fondation Abbé Pierre. « Pour nous, le lien entre le climat et les autres justices est évident », abondait Élodie Nace, du mouvement citoyen Alternatiba.

83 événements étaient organisés samedi en France selon les organisateurs de ces « Marches pour le futur », à l’appel de plus de 300 associations, collectifs, syndicats ou mouvements locaux.

leparisien

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