Le Front Polisario, mouvement indépendantiste du Sahara occidental, a déclaré dimanche qu’il rompait ses relations avec l’Espagne après le soutien de Madrid au Maroc sur l’épineux dossier de l’ancienne colonie espagnole.
Les indépendantistes sahraouis du Front Polisario ont annoncé dimanche 10 avril « rompre » tout contact avec le gouvernement espagnol de Pedro Sanchez après un revirement de Madrid en faveur de la position marocaine sur la question du Sahara occidental.
« Le Front Polisario décide de rompre ses contacts avec le gouvernement espagnol actuel afin qu’il se dissocie de l’instrumentalisation de la question sahraouie dans le cadre du marchandage lamentable avec l’occupant (marocain, ndlr) », a écrit le Polisario dans un communiqué.
Cette rupture persistera jusqu’à ce que le gouvernement espagnol « se conforme aux décisions de la légalité internationale, laquelle légalité internationale reconnaît au peuple sahraoui le droit à l’autodétermination et au respect des frontières de son pays, internationalement reconnues ».
« Un pas supplémentaire »
Affichant jusqu’ici sa neutralité, le Premier ministre de l’ancienne puissance colonisatrice espagnole a annoncé publiquement le 18 mars son soutien au plan d’autonomie marocain, qu’il considère désormais comme « la base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour la résolution de ce différend ».
Critiqué de toutes parts en Espagne mais aussi par Alger, principal soutien du Polisario, le gouvernement espagnol affirme qu’il n’a pas changé de position mais seulement fait « un pas supplémentaire » afin de contribuer à la résolution du conflit qui oppose le Maroc au Front Polisario depuis le départ des Espagnols en 1975.
Le Polisario a justifié sa rupture avec Madrid sur « le principe que l’État espagnol a des responsabilités envers le peuple sahraoui et les Nations unies, étant la puissance administratrice du territoire, des responsabilités qui demeurent ainsi imprescriptibles ».
Fin du cessez-le feu depuis 2020
Pour Madrid, le rétablissement des relations avec Rabat a pour but principal de s’assurer de sa « coopération » dans le contrôle de l’immigration illégale alors que le Maroc, d’où partent la plupart des migrants vers l’Espagne, a été régulièrement accusé, par nombre d’observateurs, de les utiliser comme moyen de pression.
Le conflit du Sahara occidental, vaste zone désertique au littoral très poissonneux et au sous-sol riche en phosphates, considéré comme un « territoire non autonome » par l’ONU, oppose depuis des décennies le Maroc aux indépendantistes sahraouis du Front Polisario.
Rabat, qui contrôle près de 80 % de ce territoire, propose un plan d’autonomie sous sa souveraineté tandis que le Polisario réclame un référendum d’autodétermination, prévu par l’ONU lors de la signature en 1991 d’un cessez-le-feu, mais jamais concrétisé.
Le cessez-le feu a volé en éclats en novembre 2020 après le déploiement de troupes marocaines à l’extrême sud du territoire pour déloger des indépendantistes qui bloquaient la seule route vers la Mauritanie, selon eux illégale.
Depuis, le Polisario se dit « en état de guerre de légitime défense » et publie un bulletin quotidien de ses opérations.
afriquemedia