Un Sénégalais victime de violence policière raciste en Italie ?

Une nouvelle fois, les autorités sénégalaises montent au créneau pour dénoncer le racisme. Elles s’insurgent, cette fois, contre l’interpellation violente d’un de leurs ressortissants à Florence.

Qui en veut aux Sénégalais d’Europe ? Après la saillie de campagne d’Éric Zemmour assimilant les ressortissants du pays de la Teranga à des trafiquants, une récente vidéo montre l’interpellation jugée « raciste » d’un wolophone. Relayée sur les réseaux sociaux puis diffusée, le 10 avril, par la télévision sénégalaise privée TFM, la captation présente un homme noir violemment cloué au sol, en pleine rue, par deux hommes tentant de lui passer des menottes.

Violence des images
Au fil des enquêtes, la scène est décryptée : date de l’altercation ? Le 5 avril. Le lieu ? Un quartier de la ville italienne de Florence. Les protagonistes ? Deux policiers en civil et un commerçant sénégalais – il appelle au secours en wolof – qualifié par la presse locale de « vendeur à la sauvette » et par la mairie, de « vendeur abusif ». Ce qui s’est passé ? Selon le journal Corriere Fiorentino, l’individu contrôlé par la police aurait refusé de donner son identité et de remettre ses marchandises. Selon les autorités locales, il aurait « bousculé un agent et puis frappé (…) un autre avec les poings qui a alors tenté de l’immobiliser » par une clé de bras.

Sans trancher sur l’homologation de l’un ou la légitimité sécuritaire des autres, de nombreux internautes africains s’étonnent de l’extrême violence des images. Dès le 10 avril, les autorités du Sénégal embouchent la trompette antiraciste. Dans un communiqué officiel, le ministère des Affaires étrangères indique avoir « appris, avec consternation, après authentification d’une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux (…) les violences dont a été victime un ressortissant sénégalais en Italie lors d’une interpellation par des forces de l’ordre ». Il précise que cette opération policière relève d’un « traitement raciste, inhumain et dégradant » et que la diplomatie sénégalaise entend saisir le ministère italien des Affaires étrangères.

Traque des discriminations
« Diplomatiquement », l’ambassadeur du Sénégal en Italie exige que « toute la lumière soit faite », avec implications judiciaires, sur des actes « d’une inqualifiable cruauté ». « Diplomatiquement », les autorités municipales de Florence répondent que les deux agents de police se sont vu notifier une incapacité temporaire de travail (ITT) de « trois et cinq jours » tandis que le Sénégalais « ne semble pas » avoir subi de lésions et « a demandé pardon aux personnes présentes pour son comportement violent ».

Au-delà de ce cas dont chacun suivra l’issue, le Sénégal qui assure la présidence de l’Union africaine démontre, une fois de plus, sa volonté de traquer tout traitement discriminatoire réservé aux Africains. Fin février, devant le tri manifeste des individus souhaitant fuir l’Ukraine, Macky Sall rappelait que « toute personne a le droit de franchir les frontières pendant un conflit (…) quelle que soit sa nationalité ou son identité raciale ».

jeuneafrique

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