Soupçonné de diriger un réseau transnational, un Sénégalais de 42 ans a été arrêté par la police brésilienne pour trafic de migrants, blanchiment d’argent et fraude documentaire, grâce à l’aide d’Interpol. Depuis quelques années, l’Amérique latine, notamment l’Argentine et le Brésil, est devenue une destination de nombreux émigrés sénégalais.
Depuis des années, les jeunes sénégalais avaient pris la voie de l’Amérique latine pour chercher un ailleurs meilleur. Le Brésil et l’Argentine étaient devenus des destinations idéales ou de transit pour conquérir les Etats-Unis, à travers une longue et périlleuse traversée de plusieurs pays. Il y a quelques jours, la Police fédérale brésilienne a arrêté un Sénégalais de 42 ans soupçonné de diriger un réseau transnational de trafic de migrants.
Cette arrestation constitue un succès majeur pour la Police nationale du Sénégal, qui traquait le suspect et ses complices depuis 2020. Selon Interpol, «les activités du groupe consistaient à transporter des migrants par voie aérienne du Sénégal au Brésil, souvent en passant par la Bolivie». Tout est parti d’un partage d’informations entre les deux parties : en août 2020, les autorités ont communiqué des informations détaillées sur cette affaire -et notamment le mode opératoire du groupe- à l’Unité traite d’êtres humains et trafic de migrants d’Interpol, ainsi qu’aux bureaux centraux nationaux d’Interpol du Brésil et de la Bolivie.
La chasse à l’homme fut lancée : quelques semaines plus tard, les autorités brésiliennes retrouvaient la trace du suspect. Interpol a ensuite collaboré étroitement avec le Sénégal afin d’obtenir la publication d’une notice rouge pour trafic de migrants, blanchiment d’argent et fraude aux documents d’identité.
Absence d’accord d’extradition
Pour l’instant, il est entre les mains de la police brésilienne. Le suspect ayant été identifié et localisé, les autorités des deux pays ont œuvré de concert, avec le soutien d’Interpol, pour obtenir les documents requis par la loi brésilienne en vue de son arrestation. Toutefois, en l’absence d’un accord d’extradition entre le Sénégal et le Brésil, ces documents ont dû être envoyés par voie diplomatique, un processus beaucoup plus long et compliqué, selon la Police des polices.
Pendant 18 mois, révèle-t-elle, elle a suivi cette affaire de près et coordonné des réunions afin de faciliter le partage d’informations et l’assistance mutuelle. Comment tout cela s’est déroulé ? «Fin janvier 2022, après avoir reçu tous les documents nécessaires, la police brésilienne a pu obtenir un mandat d’arrêt fondé sur la notice rouge et procéder à l’arrestation du suspect. Ce dernier se trouve maintenant en détention provisoire, en attendant son extradition vers le Sénégal», informe-t-elle. Mme Ilana de Wild, directrice de la Criminalité organisée et des nouvelles formes de criminalité d’Interpol, enchaîne : «Cette affaire souligne la complexité de l’arrestation des fugitifs internationaux. La demande de publication d’une notice rouge Interpol formulée par le Sénégal, a joué un rôle central dans l’arrestation de ce fugitif, mais c’est notre coopération et notre détermination commune à mettre un terme au trafic de migrants qui permettront de le traduire en Justice.»
Il faut savoir qu’une notice rouge est une demande adressée aux services chargés de l’application de la loi du monde entier à l’effet de localiser une personne et procéder à son arrestation provisoire dans l’attente de son extradition, de sa remise ou d’une mesure similaire conforme au Droit. Les notices rouges sont émises par Interpol à la demande d’un pays membre et doivent être conformes au statut et règlement de l’organisation.
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