Les cinq belles bourdes d’Emmanuel Macron en Afrique

Emmanuel Macron, head of the political movement En Marche!, or Onwards!, and candidate for the 2017 French presidential elections visits the Basilique Notre Dame d'Afrique in Algiers, Algeria February 14, 2017. REUTERS/Ramzi Boudina.

Le sentiment anti français en Afrique n’est pas nouveau, les guerres de 2011 en Libye et en Côte d’Ivoire l’ont nourri,  mais sous le quinquennat d’Emmanuel Macron il a flambé à un niveau jamais atteint.

Toutes les chancelleries en Afrique s’en inquiètent, planchent sur le sujet et cherchent le moyen d’enrayer ce rejet qui pèse lourd dans les relations de la France avec le Continent. Mais pour stopper ce phénomène encore faut-il faire les bons constats, accuser les Russes ne suffit pas, il faut savoir reconnaître que parfois, le chef de l’Etat a été son meilleur ennemi. Retour sur les bourdes d’un mandat.

Emmanuel Macron a eu le toort de s’adresser au président malien sans le respect du à l’ae de ce dernier

1-     Mali : l’affront

Cinq jours après avoir pris ses fonctions, Emmanuel Macron débarque au Mali. Ignorant les règles diplomatiques, les us et coutumes africains, Emmanuel Macron a atterri directement sur la base militaire de Barkhane sans se rendre auparavant à Bamako pour saluer son homologue. Il a donc obligé Ibrahim Boubacar Keïta, dit IBK, à faire le voyage jusqu’à Gao pour accueillir le président français au pied de l’avion.

Ce manque de respect envers la souveraineté d’un Etat et envers un ainé a donné lieu à la première polémique africaine de ce quinquennat. Cette faute a aussi donné le ton des relations, souvent tendues, avec ses pairs.

« C’est le travail du président Kaboré » Emmanuel Macron

2-     Burkina Faso : la mauvaise blague
Après l’étape de Gao, le Burkina Faso a été la deuxième étape sahélienne du président français. Le 28 novembre 2017, il se rendait à l’université de Ouagadougou pour y prononcer un discours fleuve censé rompre avec le passé et entrer dans l’histoire. Dès l’entame, aux côtés du président Marc Roch Christian Kaboré et devant un parterre d’étudiants Emmanuel Macron a frappé fort : « Je ne suis pas venu ici vous dire quelle est la politique africaine de la France comme d’aucuns le prétendent. Parce qu’il n’y a plus de politique africaine de la France ! » Ou comment s’enorgueillir de ne pas avoir de politique !

Mais le coup de chaud de cet après-midi-là, survint après la question d’une jeune fille qui demandait si sa faculté pourrait bénéficier de la climatisation mise en place spécialement pour cette conférence, le président français a alors répondu : « Vous me parlez comme si j’étais toujours une puissance coloniale ». Puis enjoué, il ajouta « mais moi je ne veux pas m’occuper de l’électricité dans les universités au Burkina Faso, c’est le travail du président. » A cet instant, Roch Marc Christian Kaboré se lève, sort de la salle puis tout à son enthousiasme, Emmanuel Macron l’interpelle en riant « Reste là ». Cette scène a pesé dans les relations franco-burkinabè et reste ancrée dans les mémoires.

La rwandaise et anglophone Louise Mushikiwabo promue à la tête de la francophonie

3-  La nomination incompréhensible de Louise Mushikkabo
Après l’Afrique de l’Ouest, l’Afrique centrale, le 12 octobre 2018, Emmanuel Macron a offert le secrétariat général de la francophonie à une anglophone !  Les raisons de la nomination de la rwandaise Louise Mushikiwabo à la tête de la francophonie ont toujours été obscures.

En coulisses, il se dit que ce serait une lumineuse idée de Franck Paris, le monsieur Afrique de l’Elysée, qui aurait considéré que le pays de Paul Kagamé avait une bonne image en Afrique et que par conséquent c’était une manière de colmater le sentiment antifrançais.

C’était un peu vite oublier que la République démocratique du Congo est vent debout contre le voisin rwandais qu’elle accuse d’être le principal responsable de la déstabilisation de leur pays depuis 1994. Ou comment mécontenter le plus grand pays francophone au monde qui compte plus de 100 millions d’habitants.

Lors d’un sommet de l’OTAN, Emmanuel Macron somme publiquement tous les présidents sahéliens de se rendre à Pau

4-     Sahel : une convocation offensante
Nous sommes à la fin de 2019, le Sahel vient de vivre l’année la plus noire de son histoire avec des attaques djihadistes contre des bases militaires qui ont fait des centaines de morts et des massacres de civils tout aussi importants. Lors d’un sommet de l’OTAN, Emmanuel Macron somme publiquement tous les présidents sahéliens de se rendre à Pau : « « J’attends d’eux qu’ils clarifient et formalisent leurs demandes à l’égard de la France et de la communauté internationale » « Souhaitent-ils notre présence et ont-ils besoin de nous ? Je veux des réponses claires et assumées sur ces questions. » Cette déclaration est vécue comme une invitation comminatoire. Les chefs d’Etat sahéliens se concertent vont-ils obéir, ont-ils les moyens de ne pas le faire ? Finalement, ils se rendront dans la ville de François Bayrou, mais ce voyage leur coûtera cher, leurs opinions publiques digèrent mal ce manque de respect. La convocation de Pau reste un marqueur de ce quinquennat. Elle est systématiquement citée comme une des raisons de l’augmentation du sentiment antifrançais

Les droits de l’homme en Cote d’Ivoire, un non sujet
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5-     Afrique de l’Ouest : des positions à géométries variables
Année 2020, une série d’élections présidentielles à haut risques se prépare sur le continent. Alpha Condé et Alassane Ouattara ont modifié leur constitution pour pouvoir se présenter à un troisième mandat. La Côte d’Ivoire et la Guinée vivent des crises postélectorales sévèrement réprimées, de nombreux morts sont à déplorer.  L’Elysée et le Quai d’Orsay toujours prompts à dégainer les droits de l’homme se taisent, pour ne pas gêner Abidjan leur principal allié en Afrique de l’Ouest. 

Pour les opinions publiques, ce silence vaut soutien et elles rappellent, non sans raison, les deux poids deux mesures de la politique française en Afrique. La non-dénonciation des troisièmes mandats anticonstitutionnels est un boulet pour la diplomatie française en Afrique, sa crédibilité est mise en cause et ses prises de positions à géométrie variables lui sont systématiquement rappelées.

Cette liste n’est bien entendu pas exhaustive, on pourrait rappeler également les « malentendus » avec l’Algérie et le Maroc, les échecs de la diplomatie française en Libye, au Soudan, etc. etc.

mondafrique

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