Le Sahel risque de souffrir de la faim pendant la période de soudure

Nous nous faisons, une fois de plus, l’écho de la situation alarmante au Sahel face à la conjoncture. Hier, le Comité international de la Croix Rouge (CICR) basé à Genève a tiré la sonnette d’alarme : plus de 10,5 millions de personnes au Burkina Faso, au Mali, au Niger et en Mauritanie risquent de souffrir de la faim pendant la période de soudure. Cette période, entre deux récoltes, où les stocks de la précédente sont vides et la récolte suivante pas encore en cours.

Une conjoncture qui s’article autour de trois facteurs qui attisent la crise. Tout d’abord, le conflit dans cette région avec la montée du fondamentalisme qui a provoqué le déplacement d’au moins 2 millions de personnes dans les quatre pays, estime le CICR, dont 70% au Burkina Faso. Au Mali, dans la région tri-frontalière de Liptako-Gourma, 80% des terres cultivables ont été perdues dans plus de 100 villages, les cultures ayant été détruites et les habitants contraints de fuir. « Ne pouvant plus accéder à leurs terres pour pratiquer leurs activités agricoles ou d’élevage, des communautés entières deviennent dépendantes de l’aide pour survivre, notamment pour la nourriture et l’eau. »

En outre, dans certaines régions touchées par le conflit, des points d’eau sont détruits, tandis qu’ailleurs, la détérioration des infrastructures d’approvisionnement en eau impacte durement la vie quotidienne, notamment au Burkina Faso. La violence et les conflits rendent aussi des voies de transhumance traditionnelles inaccessibles, notamment des éleveurs mauritaniens qui avaient coutume de migrer vers le Mali à la recherche de pâturages et d’eau.

Deuxième facteur, la sécheresse la plus grave depuis des décennies suite aux effets négatifs du changement climatique. La situation serait comparable à la grande période de sécheresse de 2011 qui a provoqué une forte baisse de la production agricole et fait des milliers de morts. La production agricole au Niger et en Mauritanie a chuté de 40% par rapport à la moyenne des cinq dernières années, de 15% au Mali et de 10% au Burkina Faso de 10%, précise le CICR. La Mauritanie a également vu sa production de biomasse diminuer de 80% dans les zones en proie à des feux de brousse et à la sécheresse.

Troisième facteur, des millions de personnes, selon le CICR, sont dans des zones maintenant inaccessibles aux organisations humanitaires à cause de l’insécurité ambiante.

commodafrica

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