Mali : coup d’Etat déjoué, y a-t-il un malaise dans l’armée ?

De plus en plus de détails sont révélés depuis l’annonce du 16 mai à la télévision publique malienne par Abdoulaye Maïga, le porte-parole du gouvernement de transition.

Parmi les sept militaires arrêtés, le nom qui crée la plus grande surprise est celui du colonel Amadou Keïta, qui faisait partie des premiers putschistes en 2020. C’est un proche du colonel Malick Diaw, considéré comme le numéro deux ou numéro trois de la junte.

Plusieurs sources indiquent que l’armée malienne connaitrait des divisions jusqu’à son sommet, tandis que d’autres évoquent des cas de corruption au sein de cette même institution.

Mais Fousseynou Ouattara, vice-président au sein de la commission de défense au Conseil national de transition, conteste cette version des faits.

« Non, il n’y a pas de division. Comme vous avez vu, il n’y a pas eu de coup de feu, ni de mouvement d’humeur. Quand on parle de coup d’Etat, obligatoirement, il faut des militaires ».

Il y avait pourtant des militaires puisque sept d’entre eux ont été arrêtés.

La France accusée
Autre élément troublant : la présence sur la liste des personnes interpellées de Baba Ahmed Ag Ahmeida, un membre de la coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), signataire de l’Accord de paix d’Alger en 2015 et qui s’oppose à toute révision de cet accord.

Enfin, difficile de savoir pourquoi Baba Ahmed Ag Ahmeida a arrêté le 7 mai, soit avant la date de la tentative de coup d’Etat dont il est accusé par la junte.

Fousseynou Ouattara affirme qu’il ne connait pas ce responsable du CMA avant de reconnaître plus tard l’existence de l’opération qui a conduit à son arrestation, le 7 mai.

« Certainement, je ne le connais pas très bien. Je pense que c’est un élément plus ou moins isolé, manipulé par la France. Il a voulu trahir son pays et voilà où il se trouve. Depuis le 7 mai, il y a eu déjà des arrestations. Seulement, on ne pouvait pas ébruiter l’affaire parce qu’il y en a qui auraient détruit certains éléments de preuve », estime Fousseynou Ouattara.

Des doutes cependant
Aly Tounkara, expert au centre d’études stratégiques et sécuritaires du Sahel, doute pour sa part qu’un coup d’Etat soit possible.

« Qu’un coup d’Etat soit acté me parait très difficile parce que conduire avec succès un coup d’Etat sous-entend qu’on a la main sur les armes lourdes. Or, aujourd’hui, à la lecture de la structure sécuritaire malienne, on se rend compte les militaires au pouvoir se sont accaparés tous les postes possibles en termes de changements qui pourraient survenir », explique l’analyste.

Désormais, la junte malienne semble ne plus vouloir dissimuler le nom de « l’Etat occidental » qui serait derrière cette tentative de putsch. Fousseynou Ouattara pointe du doigt la France dont les relations avec le Mali sont depuis un certain temps très tendues.

dw

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