Le Pentagone a annoncé mardi que les responsables d’une frappe aérienne ayant fait des victimes civiles en 2019 en Syrie n’avaient commis aucune faute, n’ayant pas « délibérément » tué des civils, ni fait acte d’une « indifférence injustifiée ».
L’enquête interne du Pentagone sur ce bombardement du 18 mars 2019 à Baghouz, en Syrie, avait été lancée en novembre après la publication d’un article du New York Times qui accusait l’armée américaine d’avoir cherché à dissimuler la présence de victimes non combattantes.
Le New York Times affirmait que 70 personnes, dont des femmes et des enfants, avaient été tuées dans cette opération à Baghouz, dernier bastion du groupe État islamique (EI), et qu’un juriste militaire avait qualifié l’incident de « possible crime de guerre ».
Mais l’enquête, dirigée par le général de l’armée de Terre Michael Garrett, a conclu que le commandant des forces américaines sur le terrain avait reçu ce jour-là une demande urgente de soutien aérien des Forces démocratiques syriennes (FDS), la coalition de combattants anti-EI soutenus par les Occidentaux dans le Nord-est syrien.
Le commandant « a obtenu confirmation qu’il n’y avait pas de civils dans la zone de tir » et a autorisé la frappe, indique le général Garrett dans ses conclusions rendues publiques par le ministère américain de la Défense.
Le porte-parole du Pentagone, John Kirby, a précisé que la frappe avait fait 56 morts, dont 52 combattants parmi lesquels 51 adultes et un adolescent. Quatre civils — une femme et trois enfants — ont été tués. Par ailleurs, deux combattants ont été blessés, ainsi que 15 civils (11 femmes et quatre enfants), a-t-il précisé.
Le rapport d’enquête attribue à des « erreurs administratives » les retards pris dans la mise au jour de ces faits, qui n’ont été révélés que trois ans après par la presse, donnant l’impression que l’armée cherchait à les dissimuler.
Le ministre de la Défense « déçu »
Mais dans une note à la plus haute hiérarchie de l’armée américaine, également publiée mardi, le ministre de la Défense Lloyd Austin s’est déclaré « déçu » d’apprendre que des informations aient été passées sous silence pendant des mois. Il a ordonné aux chefs des commandements militaires américains de s’assurer que toute opération liée à des victimes civiles fasse l’objet d’une enquête.
M. Kirby a indiqué que personne ne serait sanctionné pour les victimes de Baghouz.
L’enquête a établi que personne n’avait « agi en violation des lois de la guerre », a-t-il dit, et a au contraire conclu qu’il n’y avait eu « aucune intention malveillante ».
« Nous ne faisons pas tout parfaitement, mais nous essayons de nous améliorer », a assuré le porte-parole. « Nous essayons d’être aussi transparents que possible sur les leçons que nous tirons. »
AFP