Une opération policière musclée a fait au moins 22 morts mardi dans la favela de Vila Cruzeiro, dans le nord de Rio de Janeiro. Le bain de sang intervient presque un an jour pour jour après le raid le plus meurtrier de l’histoire de la mégapole brésilienne.
Nouvelle opération policière sanglante à Rio de Janeiro. Au moins 22 personnes ont été tuées, mardi 24 mai, dans la favela de Vila Cruzeiro, un an après le raid le plus meurtrier de l’histoire de la ville, qui avait déjà fait 28 morts. La police a précisé qu’au moins 11 victimes étaient des « suspects » et qu’une habitante de la favela avait été atteinte par une balle perdue.
La police militaire brésilienne, qui mène fréquemment ce genre d’opérations matinales dans les favelas de Rio contre les narcotrafiquants, assure avoir été accueillie par des tirs alors qu’elle entamait une opération destinée à « localiser et capturer des criminels cachés » à Vila Cruzeiro.
« C’était une opération prévue depuis des semaines, mais nous avons identifié des déplacements de criminels pendant la nuit et nous avons décidé d’intervenir », a expliqué le colonel Luiz Henrique Marinho Pires, qui a précisé que les suspects s’apprêtaient à fuir vers une autre favela. Il a également révélé qu’un hélicoptère utilisé par les policiers lors de l’opération avait été atteint par plusieurs balles.
L’opération, qui a débuté vers 4 h du matin (9 h à Paris), visait particulièrement le Comando Vermelho (« Commando rouge »), l’une des principales factions criminelles du Brésil, « responsable de plus de 80 % des fusillades à Rio », a déclaré un porte-parole de la police à TV Globo. Treize fusils d’assaut, quatre pistolets, vingt motos et dix voitures ont été saisis lors de l’opération, mais la police n’a pas fait état de la moindre arrestation.
La police qui tue le plus au monde
Des habitants et militants associatifs dénoncent souvent, lors de ces opérations musclées de la police militaire de Rio, des bavures ou des exécutions extrajudiciaires de suspects, des exactions la plupart du temps impunies.
En mai 2021, une opération policière dans la favela de Jacarezinho, à environ 10 km de Vila Cruzeiro, avait ainsi fait 28 morts, dont un policier, le bilan le plus lourd de l’histoire de la ville.
« Ces opérations dans les favelas mettent en péril toute la population et empêchent le fonctionnement des services publics. Nous savons qu’elles ne seraient jamais tolérées dans des quartiers chics », explique à l’AFP Guilherme Pimentel, auditeur de la Défense publique, qui fournit une assistance juridique aux plus démunis.
La police brésilienne est l’une de celles qui tue le plus au monde, avec plus de 6 100 morts en 2021, soit 17 par jour en moyenne.
Les policiers de Rio étaient censés porter des caméras-piétons sur leurs uniformes à partir de ce mois de mai, mais l’utilisation de ce matériel a été reportée en raison de retards de livraison, selon la presse locale. Au-delà de l’utilisation des caméras, les experts en sécurité préconisent l’abandon de la logique de confrontation permanente dans la lutte contre le trafic de drogue, pour s’attaquer plutôt aux ressources financières des factions criminelles.
AFP