Longues files d’attente devant les stands de vente d’un plat populaire à base de poulet, hausse des prix et risques de ruptures de stock: la limitation des exportations de volailles de la Malaisie voisine met les Singapouriens dans tous leurs états.
La Malaisie a suspendu l’exportation de 3,6 millions de poulets par mois, une mesure entrée en vigueur mercredi pour lutter contre les pénuries nationales et maîtriser l’inflation galopante.
Mais cette mesure surprise a suscité la consternation à Singapour, une minuscule cité-État qui dépend de son grand voisin pour une bonne partie de ses importations alimentaires, dont environ un tiers de son poulet.
L’impact sur le riz au poulet, un plat extrêmement populaire composé de poulet poché, de riz et de sauce chili, souvent vendu dans les omniprésentes aires de restauration en plein air de la ville-État, est particulièrement préoccupant.
Les prix du poulet « vont certainement augmenter », appréhende Foo Kui Lian, fondateur de Tian Tian Hainanese Chicken Rice, l’un des stands les plus connus vendant ce plat à Singapour.
« Si (les fournisseurs) augmentent beaucoup les prix, nous devrons augmenter un peu les nôtres, sinon il deviendra difficile de survivre », ajoute-t-il.
A la veille de l’entrée en vigueur des restrictions, une longue file d’attente s’est formée devant l’étal pour pouvoir apprécier ce fameux plat avant la redoutée hausse des prix.
« Même si je ne suis pas une fan du riz au poulet, parfois, on en a envie. Alors si ça doit durer un certain temps, ce sera un problème », déclare Meilan Lim, employée de bureau, en dégustant son plat.
Inflation
Certains étalagistes ont déjà augmenté leurs prix et les autorités mettent en garde contre les perturbations de l’approvisionnement.
L’agence alimentaire de la ville-État a conseillé aux consommateurs de n’acheter que ce dont ils ont besoin, d’envisager d’acheter du poulet congelé plutôt que réfrigéré, ou de se tourner vers d’autres viandes.
La plupart des poulets de Malaisie sont importés vivants à Singapour, où ils sont abattus et réfrigérés, tandis que le poulet congelé est souvent importé d’autres pays, notamment du Brésil.
Comme de nombreux autres pays, la Malaisie doit faire face à une inflation croissante, en particulier dans le domaine de l’alimentation, ce qui l’a incitée à imposer ces restrictions.
Mais Singapour, qui entretient depuis des décennies des relations conflictuelles avec Kuala Lumpur, subit également la hausse des prix, qui a atteint un niveau record depuis dix ans.
D’autres pays ont pris des mesures protectionnistes, notamment l’Inde, qui a interdit les exportations de blé, et l’Indonésie, qui a suspendu l’exportation d’huile de palme.
L’insécurité alimentaire causée par les ruptures de la chaîne d’approvisionnement, le changement climatique et l’invasion de l’Ukraine, l’un des principaux producteurs de céréales, suscite de plus en plus d’inquiétudes dans le monde.
AFP