Peintre de profession, Cheikh Guèye est vendeur de filtres à café pendant ses heures creuses. Tantôt il est ambulant, tantôt, il se trouve un endroit fixe où il propose sa marchandise bon marché au… marché central de Thiès, la Cité du Rail (70 km de Dakar). Afrik.com est allé à sa rencontre.
Il est 07h45mn, Cheikh Guèye est déjà sur place, sur les deux voies reliant le quartier de Diakhao au Rond-Point Nguinth. Assis sur la murette de la rue El Hadji Koymin Fall, l’homme, teint noir, a déjà placé sa marchandise sur le trottoir, au niveau d’un endroit stratégique du marché. En effet, les habitants de Médina Fall, quartier le plus peuplé et le plus vaste de la région arrivent par cette direction. L’endroit idéal pour cet habitant de ce même quartier de Médina Fall pour vite écouler sa marchandise. Des filtres à café. Plus précisément le café dit Touba, spécialité sénégalaise, à base de café moulu auquel sont ajoutées des baies de Selim.
«Cela fait déjà cinq ans que je vends ces filtres à café que je confectionne moi-même. Je fais ce travail lorsque je n’ai pas de chantier». «Parce que ce n’est pas votre métier ? », avons-nous demandé. «Non», rétorque-t-il, avant de poursuivre : «je suis peintre de profession. Comme les temps sont un peu durs et que parfois, les revenus baissent, je confectionne les filtres pour les proposer dans le marché. Très tôt, quand j’arrive sur les lieux, je livre d’abord les commandes faites par les clients, avant de faire le choix sur le mode de vente», explique-t-il.
FiltreTantôt en effet, il circule dans les ruelles du marché à la recherche de potentiels clients, tantôt, il opte pour rester sur place, aux abords de la route, où, dit-il, il est bien connu. Comme marchandises, deux modèles de filtres sont proposés, différenciés par leurs dimensions. «Je propose des filtres de 2 litres et de 5 litres de contenance. Il m’arrive d’avoir des commandes de filtres d’une contenance de 22 litres. Souvent, ces commandes sont faites par les regroupements religieux ou les vendeuses de petit-déjeuner», précise-t-il, jetant un œil sur les passants à qui il peut proposer un de ses produits, s’il flaire que l’un d’entre eux est intéressé.
Comme matériaux, Cheikh Guèye a besoin de tissu en coton blanchâtre (malikane, fabriqué en coton bio), seaux de beurre ou de chocolat usagers, de fil de pêche et d’une aiguille. «Avec six mètres de tissu, je peux confectionner plusieurs filtres». Le travail ne lui prend pas beaucoup de temps, «en 2 heures, je peux en confectionner six filtres». Pourquoi ce type de commerce, l’homme justifie ce choix par le fait qu’il vive en famille, célibataire sans enfant. «Pour faire face à certaines dépenses, je tente de trouver des ressources additionnelles», explique celui qui n’a jamais fréquenté l’école française. «Je n’ai fréquenté que l’école coranique», explique ce fils d’ancien cheminot.
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