Plus de 15.000 foyers étaient encore privés d’électricité dimanche matin, au lendemain des violents orages qui ont traversé la France et fait un mort à Rouen et quinze blessés dans l’ensemble du pays, dont deux graves.
« Il y a eu 15 blessés dont deux graves et une personne décédée à Rouen », a annoncé le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, en dressant le bilan de ce phénomène météorologique inhabituel, qui a provoqué de nombreuses perturbations dans les transports et d’importants dégâts agricoles.
La personne décédée est une femme « emportée par une coulée de boue » et noyée après avoir été coincée sous une voiture à Rouen, où certaines rues se sont transformées en véritables torrents.
Parmi les deux blessés graves figure une jeune fille de 13 ans qui se trouve « dans un état critique », a détaillé M. Darmanin devant la presse.
Au total, les 2.400 sapeurs-pompiers engagés ont réalisé 3.500 interventions et 50.000 impacts d’éclairs ont été recensés, a ajouté le ministre, soulignant qu’il s’agissait de « la première fois depuis vingt ans » qu’une partie aussi vaste du territoire était traversée simultanément par des orages, avec 65 départements touchés.
Parmi les dégâts causés, Gérald Darmanin a évoqué des « ouvrages d’art », notamment des ponts « emportés » en Mayenne, et également des cultures viticoles, en particulier dans les Landes et le Gers.
– « Couloir de grêle » –
Dans ces deux départements, des grêlons de plusieurs centimètres sont tombés sur une partie du vignoble d’Armagnac, ont indiqué à l’AFP des viticulteurs et responsables locaux.
« Ce couloir de grêle a suivi toute la frontière lando-gersoise et on estime entre 4 à 5.000 le nombre d’hectares de vignes touchés et à plusieurs dizaines de milliers d’hectares les cultures impactées dans le Gers », a affirmé le président de la Chambre d’agriculture départementale, Bernard Malabirade.
« A Montréal-du-Gers, on a eu des grêlons plus gros qu’une balle de golf ! », selon le directeur de l’interprofession de l’Armagnac, Olivier Goujon.
Au Frêche (Landes), la viticultrice Nelly Lacave a retrouvé ses 8,5 hectares de vignes « hachés ». « Dans les vignes, il n’y a plus rien, le toit de notre bâtiment agricole est un gruyère géant et dans la maison, des vitres ont pété. Mon père qui a bientôt 70 ans n’a jamais vu ça », a-t-elle confié à l’AFP.
Non loin de là, à Labastide-d’Armagnac (Landes), le maire Alain Gaube pense avoir « perdu entre 70 et 90% de (s)es vignes ». « Par terre, il y a une grande partie des feuilles et des raisins. Les raisins qu’il reste (sur la vigne) sont déjà marron, ils sont morts », déplore-t-il.
La Première ministre Elisabeth Borne a promis samedi soir que le gouvernement serait « là pour les territoires touchés ».
Dimanche, M. Darmanin a également annoncé qu’il proposerait « en fin de semaine » de décréter « l’état de catastrophe naturelle » afin de « permettre aux personnes de déclencher leurs assurances ».
– Faire jouer les assurances –
De fait, les éclairs ont illuminé le ciel aussi bien en Bretagne qu’en Centre-Val de Loire, Normandie ou Ile-de-France. Des photographes amateurs ont posté sur les réseaux des images du sommet de la Tour Eiffel frappée par la foudre.
A Vincennes, à l’est de Paris, le festival de musique We love green a dû s’interrompre car « les conditions ne sont agréables ni pour le public ni pour les artistes », a annoncé un speaker sur scène, selon une journaliste de l’AFP.
Sur le Domaine national de Chambord (Loir-et-Cher), 30.000 scouts unitaires de France réunis à l’occasion du week-end de la Pentecôte ont dû être mis à l’abri, dont un tiers à l’intérieur du château lui-même.
« L’orage est passé vers 16h30. Ça a duré quelques minutes mais c’était relativement fort et un coup de vent a fait tomber les tentes des louveteaux », a expliqué à l’AFP Damien Tardy, chargé des relations presse du mouvement.
« Dix mille jeunes, âgés de 8 à 12 ans, ont été mis à l’abri dans le château en coopération avec la préfecture », les plus âgés « dans une plaine en pente », selon lui.
Loin de cette supercellule orageuse, la Corse a elle vu le mercure s’envoler: un record de chaleur pour un mois de juin a été enregistré au Cap Corse, dans le nord de l’île, avec 37,4 degrés, selon Météo-France.
sciencesetavenir