Le sulfureux milliardaire réaffirme son ambition de construire une flotte de 1000 Starships qui serviraient d’ Arche de Noé interplanétaire pour conquérir Mars d’ici 2050.
En février dernier, Elon Musk donnait enfin des nouvelles du Starship après une longue période de mutisme. Lentement mais sûrement, le colosse qui deviendra le fer de lance de SpaceX commence à voir le bout du tunnel. De quoi remplir le réservoir d’optimiste du sulfureux milliardaire, qui a réaffirmé sa feuille de route extrêmement ambitieuse; la version finale du Starship n’a toujours pas décollé, mais Musk envisage déjà d’en produire un millier pour partir à la conquête de Mars d’ici 2050.
C’est en tout cas ce qu’a précisé le milliardaire sur Twitter. Son plan consiste ainsi à “construire plus de 1000 Starships pour transporter la vie sur mars. Une arche de Noé (très) moderne, en somme”. Lors d’une interview accordée récemment à la corporation TED, il avait affirmé qu’il comptait atteindre cet objectif en 2050. Il se donne donc une trentaine d’années pour construire une armada spatiale sans équivalent dans l’histoire de l’humanité.
Musk et les deadlines ambitieuses, une longue histoire d’amour
C’est une déclaration qui fera certainement froncer de nombreux sourcils, comme c’est souvent le cas avec Musk. D’un côté, l’historique de SpaceX argumente en sa faveur; c’est une entreprise qui a complètement révolutionné l’aérospatiale jusque dans ses fondements en l’espace de deux décennies à peine.
Et ce succès, elle le doit en grande partie au tempérament de fonceur de Musk; tant qu’il restera aux commandes pour mettre la pression à ses troupes, rien n’est impossible. Mais au fil du temps, le public a aussi appris à se méfier des annonces tapageuses de Musk. Son goût pour la vitesse l’a déjà poussé à annoncer des délais complètement extravagants et incompatibles avec la réalité.
Aujourd’hui, les chefs de projet de SpaceX transpirent probablement à grosses gouttes dès que le grand manitou commence à communiquer sur la moindre deadline. Et pour cause : en l’état, malgré l’optimisme affiché par Musk, la firme n’est tout simplement pas prête à faire voler un Starship. Avant de pouvoir lancer le premier engin, il reste encore du chemin.
Making life multiplanetary expands the scope & scale of consciousness.
It also enables us to backup the biosphere, protecting all life as we know it from a calamity on Earth.
Humanity is life’s steward, as no other species can transport life to Mars. We can’t let them down.
— Elon Musk (@elonmusk) June 5, 2022
Des obstacles technologiques, mais aussi réglementaires
Cela commence par le fameux moteur Raptor, dont le développement a accumulé un retard monstrueux. Problématique, sachant qu’il s’agit d’un élément indispensable pour l’intégralité des projets à moyen et long terme de SpaceX; Musk affirmait même que l’entreprise risquait la faillite si son développement continuait de faire du sur place
Lors de la conférence en février dernier, Musk a suggéré à demi-mots que les ingénieurs commençaient enfin à voir le bout du tunnel. Mais il faudra tout de même attendre le vol inaugural du premier vrai Starship pour en avoir le cœur net.
Depuis de longs mois, la Federal Aviation Administration (l’agence gouvernementale de régulation aéronautique américaine) s’intéresse en ce moment à l’impact environnemental du site de Boca Chica, d’où le Starship devrait être lancé. Tant que l’évaluation ne sera pas bouclée, SpaceX ne pourra pas lancer son Starship depuis sa fameuse Starbase. L’agence pourrait même exiger des garanties supplémentaires, ce qui prolongerait encore le processus.
Une allusion remarquée à l’Arche de Noé
Et même une fois que tous ces voyants seront au vert, la partie ne sera pas gagnée pour autant. Car c’est une chose de faire faire un aller-retour à un Starship unique; c’en est une autre d’organiser la logistique du déménagement de toute une partie de l’humanité vers une autre planète inhospitalière.
Musk parviendra-t-il à ses fins d’ici 2050 comme prévu ? Difficile à dire; en l’état, les pronostics du milliardaire ne doivent pas être pris pour argent comptant. Rappelons qu’il y a deux ans à peine, Musk envisageait d’envoyer des astronautes sur Mars… entre 2024 et 2026. Une deadline qui semble aujourd’hui inatteignable; pour rappel, même la mission Artemis 3 qui doit ramener les humains sur la Lune est prévue pour 2025 au plus tôt.
Ce qui est plus évident, en revanche, c’est que Musk semble très impatient d’endosser sa cape de sauveur de l’humanité, comme en témoigne la référence biblique à l’Arche de Noé. Pour rappel, il s’agissait d’une embarcation prévue pour sauver les espèces animales du Déluge qui a été construite sur ordre de… Dieu lui-même, rien que ça ! Qu’il s’agisse d’un lapsus révélateur d’un ego démesuré ou d’une divagation innocente sur l’avenir de notre espèce, une chose est sûre : que l’humanité débarque sur Mars en 2050 ou plus tard, nous n’avons pas fini d’entendre parler de SpaceX et d’Elon Musk.