L’Afrique suspendue aux inflations nées de la Guerre Russo-Ukrainienne : La résilience sous dépendance, Chronique signée Moussa DRAME

Le continent africain étouffe de plus en plus sous la domination impitoyable des grandes puissances occidentales. La détérioration des termes de l’échange a fini de mettre ses économies locales en berne. La guerre en Ukraine engagée par la Russie a plongé toute cette zone du Donbass dans l’horreur avec en toile de fond des sanctions économiques durement vécues sur le continent noir et le Maghreb. Rien de surprenant aux yeux de ceux qui comprennent que l’Afrique y importe plus de 44% de son céréale. D’autres produits comme le gaz et le pétrole sont devenus plus volatiles que jamais. L’absence d’une réelle politique de résilience des Etats africains fragilise leurs économies à même se résigner à une vulnérabilité maladive.

Cette guerre en Ukraine représente à la fois un déclic et un baromètre du repositionnement géostratégique des grandes puissances de la planète. La Russie qui tient tête aux puissances occidentales alors que celles-là cherchent à donner du tonus à l’Ukraine pour sortir la tête du bourbier russe avec en toile de fond des soutiens en arsenal de guerre. Mais la facette de cette guerre qui s’est le plus répandue de par le monde est son impact économique. A ce sujet, les pays africains ont déjà manifesté leur vulnérabilité au choc inflationniste de ce conflit russo-ukrainien avec une forte dépendance à certains produits de consommation courante. Selon le rapport de la conférence des Nations Unies pour le commerce et le développement, au moins 44% des importations africaines de blé proviennent de la Russie et de l’Ukraine. Et sur les quatre pays de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA), se trouvent le Benin, le Togo, le Burkina Faso et le Sénégal selon toujours les Nations unies. Ce n’est pas tout car pour les engrais aussi, nos pays sont obligés de tendre la main à ces entités du Donbass. Le pétrole et le gaz sont également sous le régime de l’inflation avec ce géant de Gazprom russe qui approvisionne une grande part du marché mondial.

Toutes choses qui expliquent l’opportunité du bâton de pèlerin du président de l’Union africaine et président de la République du Sénégal, Macky Sall, en mission de sauvetage en Russie pour solliciter l’allégement des sanctions sur les produits alimentaires et de première consommation. Mais toute la question est de savoir jusqu’à quelle époque l’Afrique va-t-elle dépendre des autres alors que ses terres sont plus fertiles, auréolées de plans d’eau féérique qui s’étendent à perte de vue. La résilience aux chocs exogènes commence par la valorisation de ses propres produits. A défaut, nos matières premières comme le cacao ivoirien, l’anacarde sénégalais, les produits arachidiers, le coton, les fruits et légumes seront toujours envoyés à l’exportation pour être revendus plus cher en retour. C’est la détérioration des termes de l’échange. 115F de plus sur le prix à la pompe du supercarburant, inflation tous azimuts comme si quelque part il faut faire dans la péréquation pour supporter les augmentations en cours des salaires, à défaut d’être une coïncidence bien troublante.

Dans ce contexte de recomposition géopolitique et géostratégique à l’échelle de la planète corsé par une aridité économique sans précédent, les Etats africains ont très souvent des réponses d’ordre conjoncturel alors qu’il faut nécessairement une approche structurelle basée sur des investissements sincères, réalistes et durables. Mais cela passe inévitablement par la mise en œuvre d’idéologies fortes et consensuelles basées sur les axes prioritaires de développement.

Toutefois, l’interrogation d’Axelle Kabou reste toujours actuelle dans la conscience collective : « Et si l’Afrique refusait le développement », avait titré son ouvrage. Cette experte camerounaise en communication stratégique met ici en doute l’existence de véritables paramètres d’un engagement sincère des Africains à sortir de la pauvreté endémique. D’aucuns restent jusque-là convaincus que le soleil des indépendances ne brille toujours pas sous nos tropiques à l’éclat souhaité et qu’il faut absolument s’affranchir ou périr !

sudquotidien

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