Mali: quelle est la nouvelle donne pour les négociations entre Bamako et la Cédéao?

Niger River with BCEAO Bank tower behind.

L’annonce unilatérale par Bamako, lundi 6 juin 2022, de prolonger la transition pour une durée de deux ans, alors que les négociations avec l’organisation ouest-africaine sont toujours en cours, change la situation. La Cédéao a « regretté » cette décision tout en maintenant le dialogue. Les échanges s’éternisaient depuis l’instauration de sanctions économiques contre le Mali en janvier, mais de nombreux signaux semblaient montrer qu’un compromis était proche. Un peu plus de trois jours après la publication du décret présidentiel qui a surpris tout le monde, les langues des diplomates se délient.

Un diplomate de haut rang dénonce « un décret unilatéral et malheureux », une « erreur » mise sur le compte de l’« impatience » certes « compréhensible » de Bamako, mais qui pourrait pousser certains chefs d’État à poser de nouvelles exigences, voire à refuser « par principe » la durée retenue par Bamako, qui place la Cédéao devant le fait accompli.

Une forme de concession

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Certains notent cependant, comme le soulignent d’ailleurs les partisans de la junte, que les 24 mois supplémentaires commençant fin mars, et non à la date de l’annonce ni à la fin avril comme l’avait précédemment annoncé le Premier ministre Choguel Maïga. Il n’en reste déjà plus que 22. Le décret malien serait donc une forme de concession de Bamako, un gage de bonne volonté.

Pour espérer obtenir la levée ou l’allègement des sanctions de la Cédéao, les autorités maliennes peuvent encore présenter un chronogramme précis et crédible pour l’organisation des futures élections.

Quitter la Cédéao ?
Autre piste : procéder à un remaniement gouvernemental, l’occasion d’une ouverture politique et d’un changement de Premier ministre. La tête de Choguel Maïga étant réclamée de plus en plus fort, par de plus en plus de voix, dans et hors du Mali. Notons que cela fait des mois que les rumeurs sur son éviction circulent, et que le chef du gouvernement est toujours bel et bien en poste.

Dernier argument de taille, cette fois en forme de menace : toujours de source diplomatique, le Mali n’exclurait pas, en cas de nouvel échec, de claquer la porte de la Cédéao. Une option économiquement et politiquement risquée. Mais les autorités maliennes de transition ont déjà montré qu’elles n’étaient pas du genre à reculer devant l’obstacle.

Le médiateur mandaté par la Cédéao, Goodluck Jonathan, est attendu à Bamako. Aucune date n’a encore été fixée pour sa prochaine visite.

rfi

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