En Équateur, le président accuse les indigènes de vouloir le « chasser » du pouvoir

Guillermo Lasso, au pouvoir depuis un an en Équateur, a estimé lundi que ses appels au dialogue n’avaient pas été entendus par la Confédération des nationalités indigènes qui manifeste depuis une semaine. Face à ce mouvement qui cherche, selon lui, à le « chasser » du pouvoir, il a étendu l’état d’urgence à trois nouvelles provinces.

Le président de l’Équateur, Guillermo Lasso, a estimé lundi 20 juin que le mouvement indigène, qui mène depuis une semaine des manifestations antigouvernementales, veut le « chasser » du pouvoir et a décidé d’étendre l’état d’urgence à trois nouvelles provinces.

« Nous avons tendu la main, nous avons appelé au dialogue, mais ils ne veulent pas la paix, ils cherchent le chaos, ils veulent chasser le président », a affirmé Guillermo Lasso dans une vidéo publiée sur son compte Twitter.

La Confédération des nationalités indigènes (Conaie), qui a participé aux révoltes qui ont renversé trois présidents entre 1997 et 2005, organise depuis une semaine des marches et barricades dans plusieurs villes du pays et autour de la capitale Quito, pour exiger une baisse des prix du carburant.

La vidéo diffusée par Guillermo Lasso montre des images de manifestants se livrant à des violences dans la rue. « La démocratie ou le chaos, voilà la grande bataille », a ajouté le président conservateur.

Des dizaines de blessés
Plus tard dans la journée, l’ancien banquier élu il y a un an a décidé d’étendre l’état d’urgence de trois à six provinces, sur les 24 que compte le pays, en raison des violences avec les forces de l’ordre. La mesure prise samedi pour les provinces de Pichincha (dont la capitale est Quito), Cotopaxi et Imbabura, a été étendue à celles de Chimborazo, Tungurahua et Pastaza, a indiqué le gouvernement par l’intermédiaire de son secrétariat aux communications.

« Cette décision préserve le bien-être des citoyens face à la violence. Dans le même temps, les droits de ceux qui manifestent pacifiquement sont protégés », est-il ajouté.

L’état d’urgence permet au président de mobiliser les forces armées pour maintenir l’ordre, de suspendre les droits des citoyens ou d’instaurer des couvre-feux.

Soixante-trois policiers ont été blessés depuis le début des manifestations, selon un bilan officiel, tandis qu’une organisation locale de défense des droits humains a fait état de 79 arrestations pour 55 civils blessés.

« Je suis ici pour défendre Quito »
Le prix d’un gallon de diesel a augmenté de 90 % (à 1,90 dollar) et celui de l’essence de 46 % (à 2,55 dollars) en presque un an. Les prix sont gelés depuis octobre dernier, mais la Conaie demande une baisse respectivement à 1,50 et 2,10 dollars.

Avant toute négociation, les indigènes exigent que Guillermo Lasso réponde à une dizaine de demandes, dont l’interdiction des concessions minières sur leurs territoires.

Dans un autre tweet, Guillermo Lasso a assuré avoir répondu à ces exigences. « Leur réponse ? De nouvelles menaces d’attaquer Quito. Je suis ici pour défendre Quito », a-t-il lancé, se disant cependant « toujours ouvert au dialogue ».

Des centaines d’indigènes sont concentrés autour de l’une des deux entrées sud de la capitale, dans la localité de Cutuglagua, en vue d’une marche vers le centre-ville, a constaté lundi l’AFP. Des camions y bloquent la route, ainsi que des barricades de pneus, où la foule scande des slogans tels que « Dehors Lasso, dehors ! »

 AFP

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