Avec nos Observateurs à Dakar : l’instituteur qui réparait les écoles délabrées

À Dakar, trois de nos Observateurs se mobilisent au quotidien pour la jeunesse, à travers leur activisme dans l’éducation, l’écologie ou pour l’emploi. Dans notre nouveau Ligne Directe spécialement consacré à la capitale sénégalaise, ils nous racontent comment ils agissent pour leur ville. Leurs initiatives, en plus de sensibiliser à des enjeux fondamentaux, ouvrent des possibilités d’emplois pour les jeunes. Premier volet : Junior Diakhaté, un instituteur qui remet à neuf des écoles délabrées.

A 34 ans, Mamadou Diakhaté, alias Junior, compte déjà des années de mobilisation citoyenne derrière lui. En 2020, il avait participé au lancement d’un réseau de volontaires sensibilisant aux gestes barrières contre le Covid-19. C’est d’ailleurs à la fin de la première vague de la pandémie au Sénégal qu’il a trouvé sa vocation actuelle : remettre à neuf des écoles. Le déclic s’est produit alors qu’il s’était rendu dans l’école de son enfance pour la nettoyer, après deux mois de fermeture pour raisons sanitaires.

J’ai revu les mêmes toilettes, 20 ans après… Le soir j’ai fait un tweet j’ai demandé à quelques amis de m’aider à avoir le matériel. Le lendemain je me suis retrouvé avec plus de 250 partages et un donateur qui avait décidé de financer et d’autres écoles nous ont appelés pour nous dire : « s’il vous plait nous aussi on a des toilettes délabrées, venez nous aider ». Et depuis ce jour on ne s’arrête plus .
Notre reportage complet :

Refaire les toilettes est une priorité pour notre Observateur : « pendant leurs périodes de menstruations beaucoup de filles restent à la maison parce qu’elles n’ont pas de toilettes fonctionnelles, elles ratent des cours, ne sont pas performantes ». Mais avec l’équipe de bénévoles qu’il a fédérée autour de lui dans son association, il remet aussi en état des salles de classe entières, des salles de cantine, peinture, toiture, tables, entre autres.

Nous essayons d’impacter déjà sur la sécurité et le confort de ces enfants mais aussi et surtout sur les résultats : nous savons bien que si un enfant est dans un cadre idéal de confort et de sécurité, il peut bien apprendre et réussir demain.

En deux ans, les dizaines de bénévoles de la Team Niintche (« niintche » veut dire « homme » en langue mandjak, parlée dans la région d’origine de notre Observateur) peuvent se targuer d’avoir remis en état 23 établissements et récolté l’équivalent de 150 000 euros. A l’origine, Mamadou Diakhaté se finançait par des appels aux dons aux particuliers sur les réseaux sociaux, avant d’attirer l’attention des entreprises, comme Auchan ou d’entreprises sénégalaises de nettoyage comme UCG.

« Faire sa part »

Ce qui frappe chez Mamadou Diakhaté, c’est son dévouement. Quand il ne distribue pas des consignes à ses bénévoles, quand il n’est pas lui-même avec un pinceau à la main, il est au téléphone, en train d’agencer la distribution dans un établissement de kits scolaires ou d’ordinateurs, ou de préparer ses prochains travaux. « Je fais ma part pour le pays » dit cet instituteur, qui a bien remarqué que même les académies font appel à lui pour des travaux, conscientes qu’il sera plus rapide que le Ministère de l’Education nationale. 

Quand il retourne dans les établissements où il est intervenu, il est accueilli à bras ouverts : « Il est super ! Il nous a sauvés ! » s’enthousiasme un employé du lycée Ousmane Sembène du quartier de Yoff, dans lequel la team Niintche a remis en état trois salles de classe, in extremis, pour permettre que s’y tiennent des épreuves du brevet. Mais deux ans après, des toits sont déjà abimés par l’érosion. « Il faudrait tout détruire et reconstruire ici » dit Mamadou, à l’unisson de la proviseure du lycée. Ce qui nécessite évidemment une fort appui financier. À ceux qui cherchent une façon concrète d’aider l’éducation au Sénégal, le message est passé.    

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