La nouvelle loi électorale, y compris dans sa version amendée par les membres du CNT, pourrait permettre au colonel Assimi Goïta de se présenter à la prochaine élection présidentielle. Une disposition potentiellement explosive, jusqu’ici passée inaperçue. RFI a recueilli les réactions, hors micro, de personnalités politiques maliennes.
Au Mali, la nouvelle loi électorale adoptée il y a tout juste une semaine par le Conseil national de transition, l’organe législatif de la transition, attend toujours d’être promulguée par le président, le colonel Assimi Goïta. Cette nouvelle loi, projet phare du gouvernement, a été profondément modifiée par le CNT : 92 amendements, qui ne sont pas du goût du gouvernement. Le président Goïta promulguera-t-il tout de même le texte, avec ses amendements ? Le renverra-t-il au CNT pour une seconde lecture ?
Ce qui préoccupe surtout les esprits, c’est la possibilité d’une candidature des militaires actuellement au pouvoir à la prochaine échéance présidentielle, censée marquer la fin de la transition. Une possibilité offerte par le cumul de cette nouvelle loi électorale et de la charte révisée de la transition. La condition : que le président démissionne à la fois de la présidence et de l’armée, quatre mois avant la date du futur scrutin.
« C’est dans leur logique »
Certains membres du CNT n’ont pas souhaité commenter. D’autres semblaient découvrir la brèche qu’ils viennent peut-être d’ouvrir. « Les membres du CNT ont pourtant réduit le délai permettant au président de se présenter de six à quatre mois (en amendant le texte initial proposé par le gouvernement) », note un observateur avisé de la vie politique malienne, qui voit là une mesure de précaution pour minimiser les risques de mauvaise surprise, dans un pays où tout semble pouvoir arriver. Selon cette source, le président de la Transition, le colonel Assimi Goïta, et le président du CNT, le colonel Malick Diaw, ont agi de concert.
« Je ne crois pas que les militaires iront aux élections », balaie un ancien ministre, pourtant méfiant vis-à-vis des colonels putschistes.
Un point de vue très isolé : « ça ne nous surprend pas, c’est dans leur logique », assure un autre ancien ministre, d’une autre famille politique. « Le risque, poursuit-il, c’est qu’une telle fourberie plonge le pays dans une nouvelle crise. » Et de rappeler que l’impossibilité pour le président comme pour les membres du gouvernement de la Transition d’aller aux prochaines élections est un engagement initial de la junte, et une exigence de la Cédéao.
« Ils veulent rester longtemps », analyse enfin un autre ex-membre du gouvernement, toujours très influent. « Donc il faudra jouer serré pour les en dissuader. Ou alors les battre aux élections de façon démocratique. Ce qui ne sera pas facile. »
RFI