Les dirigeants des pays du G7 se sont réunis dimanche dans les montagnes du sud de l’Allemagne pour un sommet de trois jours, au chevet d’un monde en crise, de la guerre en Ukraine à la sécurité alimentaire.
Les dirigeants des États-Unis, de l’Allemagne, de la France, de la Grande-Bretagne, de l’Italie, du Canada et du Japon, se sont réunis dimanche 26 juin pour un sommet de trois jours au Schloss Elmau, un hôtel de luxe situé dans les montagnes bavaroises, affichant leur détermination à soutenir l’Ukraine face à la Russie.
Une photo de famille sur fond de cimes dressées dans un ciel radieux, quelques pas dans des prés fraîchement coupés ou au bord d’une rivière cristalline : les retrouvailles du club des sept pays industrialisés (Allemagne, États-Unis, France, Canada, Italie, Japon, Royaume-Uni) ont fourni leur lot d’images bucoliques.
Mais les sept dirigeants se sont attelés sans tarder aux priorités de ce sommet qui se tient jusqu’à mardi dans un contexte de crises multiples : la guerre en Ukraine, les menaces sur la sécurité alimentaire et énergétique, l’urgence climatique.
Soucieux d’envoyer un signal fort de soutien à Kiev, le président américain Joe Biden et le Premier ministre britannique Boris Johnson ont annoncé un embargo sur les importations d’or russe, avant même que la décision ne soit formalisée par l’ensemble du G7.
Cette interdiction, qui porte sur l’or nouvellement extrait en Russie, sans viser celui déjà vendu, frappera « directement les oligarques russes et s’attaquera au cœur de la machine de guerre de Poutine », a assuré Boris Johnson.
Appel à l’unité
Les Occidentaux ont déjà pris plusieurs volets de sanctions contre la Russie dont la guerre contre l’Ukraine est entrée dans son cinquième mois. Mais le gouvernement ukrainien en réclame plus, après des frappes russes sur Kiev dimanche matin, un acte de « barbarie » dénoncé par Joe Biden.
Face à un risque de « fatigue » du camp occidental, évoqué par Boris Johnson, le président américain a lancé un nouvel appel à l’unité du G7 et de l’Otan face à Moscou. Vladimir Poutine espérait « que, d’une manière ou d’une autre, l’Otan et le G7 se divisent. Mais nous ne l’avons pas fait et nous ne le ferons pas », a assuré Joe Biden.
Hôte du sommet, le chancelier allemand Olaf Scholz a également loué l’unité des alliés, à laquelle « Poutine ne s’attendait pas ». Les dirigeants ne se sont pas privés, lors d’un échange informel capté par les caméras, de tourner en dérision le président russe et sa pose torse nu lors d’une séance photo en 2009.
Alors que les troupes russes progressent dans le Donbass, le président ukrainien Volodymyr Zelensky interviendra lundi en visioconférence. Il s’agit d’un « moment critique pour l’évolution du conflit », ont souligné Boris Johnson et le président français Emmanuel Macron, selon un porte-parole du gouvernement britannique. Ils pensent qu’il est « possible de renverser le cours de la guerre », selon Downing Street.
Tenir tête à la Russie et faire face à la Chine
Le Premier ministre britannique a toutefois mis en garde contre toute tentation d’une solution négociée « maintenant » en Ukraine au risque de prolonger « l’instabilité mondiale ».
Le conflit et ses répercussions vont occuper une grande part des discussions avec de premiers entretiens consacrés aux turbulences économiques mondiales.
Joe Biden veut aussi démontrer à ses alliés que tenir tête à la Russie et faire face à la Chine sont des objectifs complémentaires, et non opposés. Le G7 veut notamment contrer la Chine et ses « nouvelles routes de la soie » en investissant dans les infrastructures des pays défavorisés en Afrique, en Asie ou encore en Amérique latine.
À l’initiative des États-Unis, les dirigeants ont annoncé vouloir mobiliser 600 milliards de dollars d’ici 2027 censé répondre aux immenses chantiers financés par la Chine mais aux contours encore flous.
Élargir le front des démocraties
Les leaders d’Indonésie, d’Inde, du Sénégal, d’Afrique du Sud et d’Argentine, ont d’ailleurs été conviés à ce sommet annuel alors que les Occidentaux cherchent à élargir le front des démocraties unies contre la menace d’un bloc formé par la Russie et la Chine.
Ces économies émergentes sont aussi particulièrement exposées au risque de pénuries alimentaires, à l’explosion des coûts de l’énergie aggravée par la guerre en Ukraine et à la crise climatique.
Les acteurs du climat attendent du G7 des avancées concrètes, dont la « planification » de l’élimination complète des énergies fossiles.
Des discussions bilatérales complètent les sessions.
Avec une accolade franche et des mots chaleureux, Emmanuel Macron et Boris Johnson ont affiché leur volonté de réchauffer l’atmosphère et de dissiper plusieurs mois de tensions, entre crises des sous-marins australiens et désaccords sur les suites du Brexit.
Les deux dirigeants sont confrontés à des situations politiques compliquées, le président français venant de perdre la majorité absolue à l’Assemblée nationale et Boris Johnson étant affaibli par une série de scandales.
Le chancelier allemand mise lui sur ce G7 pour redorer sa popularité en baisse ces derniers mois, faute, selon ces détracteurs, d’afficher un soutien ferme à Kiev.
france24