À 50 ans, cet anesthésiste de formation a désormais la lourde charge de veiller sur la santé du monarque, mais également de toute la famille alaouite, puisqu’il est aussi directeur de la clinique du Palais royal.
Le 16 juin, dans le sillage de l’annonce du Covid-19 de Mohammed VI, paraissait au Bulletin officiel du royaume chérifien la nomination par dahir (décret royal) de Lahcen Belyamani au poste de médecin personnel du roi et directeur de la clinique du Palais royal.
Une information qui n’a pas surpris grand monde au Maroc, le professeur Belyamani, 50 ans, faisant partie depuis plusieurs années du staff médical rapproché de Mohammed VI.
Cet anesthésiste-réanimateur, qui a longtemps exercé comme chef de service des urgences médico-chirurgicales à l’hôpital militaire de Rabat, était ainsi parmi les médecins qui ont mené à bien l’intervention qu’avait subie en juin 2020 le monarque – qui présentait alors une récidive du trouble du rythme cardiaque de type « flutter auriculaire sur cœur sain ».
« Cela fait un moment qu’il accompagne le roi dans tous ses déplacements et qu’il veille de près à tout ce qui a un lien avec sa santé, signale un proche du sérail. Cette nomination vient surtout confirmer son statut de facto de médecin personnel du roi, mais aussi de tous les membres de la famille royale à travers la clinique du Palais, qu’il chapeaute. »
Il remplace le docteur Abdelaziz El Maaouni, qui occupait cette fonction depuis 1997, homme de confiance du Palais, présent sans interruption aux côtés de Mohammed VI depuis son intronisation.
Un poste stratégique
« Au-delà de ses compétences, qui sont connues de tous, le professeur Belyamani a sans doute été désigné pour son dévouement sans failles à la monarchie et sa grande discrétion, croit savoir cette même source. Ces conditions sont essentielles à l’exercice de ce poste à très forte responsabilité. »
Une fonction stratégique qui, avant le docteur El Maaouni et après une période où elle a vu se succéder des praticiens étrangers, comme le médecin français de Hassan II, François Cléret, a été longtemps occupée par des médecins militaires marocains comme Moulay Driss Archane ou encore Abdelghani Methqal (général, père du diplomate Mohamed Methqal, ambassadeur-directeur de l’AMCI).
Né en 1972, cet homme marié et père de deux enfants (une fille et un garçon) s’est toujours tenu à l’écart des mondanités et des médias. À l’exception de la période de la pandémie de coronavirus, où il a souvent été sur le devant de la scène, n’hésitant pas à livrer au quotidien analyses, conseils et recommandations, notamment en matière de mesures préventives et de vaccination, Lahcen Belyamani voit peu de monde en dehors de ses patients ou de ses étudiants à la Faculté de médecine et de pharmacie de Rabat, où il enseigne.
Après y avoir effectué lui-même l’essentiel de son cursus (entre 1991, année d’obtention de son baccalauréat option sciences mathématiques, et 2003, quand il décroche son diplôme de médecin spécialiste en anesthésie et réanimation), il y dirige aujourd’hui l’unité de recherche en médecine d’urgence et de catastrophe.
Expert en médecine d’urgence
« Lahcen Belyamani est quelqu’un de très studieux et méticuleux, qui a toujours donné la priorité à l’excellence, raconte l’un de ses confrères. Depuis l’obtention de son diplôme de médecin spécialiste, il n’a eu de cesse de compléter sa formation et ses connaissances, au Maroc et à l’étranger. Aujourd’hui, c’est une référence en matière de médecine d’urgence. »
Professeur agrégé en 2009, celui qui est également président de la Société marocaine de médecine d’urgence (SMMU) depuis 2018 s’est beaucoup mobilisé pour l’instauration de bonnes pratiques à travers l’organisation de séminaires (comme celui destiné à la formation des médecins aux situations d’exception) et de congrès médicaux, mais aussi en rédigeant plusieurs livres, comme celui publié en 2017 en collaboration avec Patrick Barriot et M’Barek Dimou.
Intitulé Urgences absolues (éd. Lavoisier, sous l’égide de l’Institut européen de formation en santé), cet ouvrage s’adresse, comme l’indique la quatrième de couverture, « à tous les acteurs de l’urgence, tant médicaux que paramédicaux (médecins spécialistes ou non de l’urgence, infirmiers et infirmiers spécialisés, étudiants), ainsi qu’à tous les professionnels impliqués dans l’Aide médicale urgente (ambulanciers, secouristes) ».
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