Autour du nucléaire, le débat continue de faire rage. Il y a ceux qui sont résolument contre. Qui voudraient le voir disparaître de notre bouquet énergétique, estimant qu’il nuit au développement des énergies renouvelables. Et il y a ceux qui sont pour. Qui le considèrent comme indispensable à la lutte contre le réchauffement climatique. Aujourd’hui, la science apporte un nouvel argument… carrément pour !
Des enquêtes et des sondages, il y en a eu. Avec une majorité clairement dessinée. Une majorité de Français qui pensent qu’en matière de réchauffement climatique, le nucléaire est au moins aussi responsable que le pétrole, le gaz ou le charbon. L’étude publiée par des ingénieurs d’EDF – et validée par des experts indépendants – parviendra-t-elle à rétablir la vérité scientifique ? Voyons…
En préambule, il est peut-être intéressant de rappeler que dans une centrale nucléaire, l’électricité est produite à partir de turbines – et d’alternateurs – actionnées par de la vapeur d’eau. Cette vapeur d’eau est générée par la chaleur qui se dégage de la fission d’atomes d’uranium. Ni carbone ni gaz carbonique (CO2), donc, dans tout le processus.
Oui, mais une analyse sérieuse ne peut pas s’arrêter à la seule production de l’électricité dans la centrale nucléaire. Elle doit porter sur l’ensemble de ce que les spécialistes appellent le cycle de vie. Pour tenir compte aussi des émissions « en amont », lorsque l’uranium est extrait des mines ou qu’il est enrichi. Des émissions liées à la fabrication de la centrale nucléaire et à son exploitation. Des émissions, enfin, liées au traitement et au stockage des déchets.
Une analyse sur l’ensemble du cycle de vie
C’est donc tenant compte de tous ces postes d’émission – et suivant les méthodes standardisées encadrées par des normes ISO – que les ingénieurs d’EDF ont estimé les émissions de gaz à effet de serre résultant de la production d’énergie nucléaire en France. Et le résultat est sans appel : 3,7 g d’équivalent CO2 par kilowattheure d’électricité produite (gCO2e/kWh). Comprenez que tous gaz à effet de serre confondus, nos centrales nucléaires sont responsables de l’émission de moins de 4 g/kWh. Pour le CO2 seul, on descend encore un peu plus, à 3,1 g/kWh.
Les ingénieurs d’EDF nous livrent tous les détails de ces émissions. Montrant que le poste le plus important se situe au stade de l’extraction et du traitement du minerai avec des émissions estimées alors à 1,3 gCO2e/kWh. Une étape qui fait appel notamment à des engins fonctionnant au diesel. Et l’étude montre aussi qu’avec une durée d’exploitation de nos centrales nucléaires qui passerait de 40 à 60 ans, le bilan baisserait encore pour passer à 3,4 gCO2e/kWh.
Moins de 4 gCO2e/kWh, cela semble peu. Mais pour le non-initié, cela ne veut pas non plus dire grand-chose. Alors, sachez que l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) a conduit ce genre d’étude pour d’autres moyens de production d’électricité. Pour les centrales à charbon, elle donne 1.058 gCO2e/kWh. Les centrales au fioul, elles, affichent un peu reluisant 730 gCO2e/kWh. Et même les centrales à gaz montent jusqu’à 418 gCO2e/kWh. De quoi faire donc clairement la démonstration que le nucléaire est tout à fait « climatofriendly ». Qu’il ne contribue absolument pas autant que le pétrole, le gaz ou le charbon au réchauffement climatique anthropique.
Mais ce qu’il y a également d’intéressant à noter, c’est que l’Ademe donne par ailleurs quelques chiffres concernant les énergies renouvelables. Et l’on découvre ainsi que la production éolienne émet en France entre 14,1 et 15,6 gCO2e/kWh – selon qu’on soit sur de l’éolien terrestre ou de l’éolien en mer. Pour le solaire photovoltaïque, le chiffre grimpe à 25,2 gCO2e/kWh pour des panneaux solaires fabriqués en France, 32,3 gCO2e/kWh pour des panneaux photovoltaïques produits en Europe et même à 43,9 gCO2e/kWh pour des panneaux solaires venus de Chine – ce qui représente aujourd’hui la grande majorité des cas.
De quoi donner à réfléchir… non ?
futura