La Fondation du patrimoine culturel prussien, la plus importante institution culturelle d’Allemagne, ainsi que les autorités allemandes, vont restituer à la Namibie, au Nigeria ou encore au Cameroun des objets dérobés durant l’ère coloniale.
Ces restitutions sont l’aboutissement de plusieurs mois, parfois des années de négociations.
Le Nigeria pourra donc recevoir prochainement, des milliers de bronzes volés dans le palais de l’ancien royaume de Benin.
« Il s’agit peut-être de l’accord le plus important signé par une nation européenne avec le Nigeria en matière de diplomatie culturelle », a déclaré à la DW l’ambassadeur du Nigeria en Allemagne.
Berlin a déjà remis à la Namibie une collection de 23 pièces, qui comprend notamment un récipient orné de trois têtes, une poupée portant une robe traditionnelle, des bijoux et des lances. Et un accord a été trouvé également avec le Cameroun pour le rapatriement de la statue de la déesse Ngonnso, dérobée il y a 120 ans.
Ces initiatives sont saluées au Cameroun par Sikam Happy V, le Roi des Bana, un peuple situé dans l’ouest du pays.
“C’est une très bonne chose. Ceci va permettre que l’Afrique se réconcilie avec son passé et se réapproprie ces objets qui n’auraient jamais dû quitter l’Afrique. Donc pour nous, c’est une très bonne chose que d’encourager tous les acteurs qui, de loin ou de près, ont participé à la concrétisation de cette noble démarche”, indique Sikam Happy V.
La question épineuse des compensations
Des questions subsistent toutefois quant au paiement de compensations.
“Au-delà de la restitution des objets qui ont été dérobés et exposés dans les musées – et qui du reste ont généré beaucoup d’argent en Europe – ces objets ne doivent pas rentrer comme ça. Il faut que derrière cela, il y ait une indemnisation. Ce qui permettrait, au niveau de l’Afrique, de construire des musées pouvant accueillir ces objets-là pour que nos enfants puissent les visiter et s’inspirer de leur passé”, poursuit Sikam Happy V.
D’autres pays africains souhaitent la restitution
Le Togo, qui était une colonie allemande jusqu’en 1914, a indiqué qu’il allait bientôt soumettre une demande officielle de restitution.
“Actuellement, il y a des enseignants-chercheurs qui sont dans des galeries et musées allemands, en train d’identifier des biens culturels du Togo. A l’issue de l’identification des biens qui est en train d’être opérée à la fois en Allemagne et France, nous pourrons établir de façon formelle les biens togolais qui nécessitent le rapatriement“, a confié à la DW, le ministre togolais du Tourisme, Kossi Gbenyo Lamadokou.
En Tanzanie, le débat sur la restitution des ossements du dinosaure « Brachiosaurus brancai » récupérés par des paléontologues allemands en 1909 prend de l’ampleur.
L’initiative allemande de faciliter le retour des objets pillés s’inscrit dans une série de mesures prises récemment par l’Allemagne pour tenter de se confronter aux crimes de la période coloniale, comme la récente reconnaissance officielle du génocide perpétré en Namibie.
dw