L’interdiction de l’avortement vient de trouver un allié supplémentaire et inattendu : les services postaux.
La récente abrogation du décret Roe v. Wade a fait l’effet d’un séisme aux États-Unis. En retirant l’interruption volontaire de grosses des droits fondamentaux américains, la Cour Suprême a généré de violents mouvements de protestation partout dans le monde. Pour autant, la résistance s’organise déjà : Google a annoncé qu’il supprimerait automatiquement des historiques de recherche toute mention à une clinique d’avortement, y compris sur ses données de géolocalisation. De leur côté, plusieurs applications de suivi menstruel ont aussi renforcé leur politique en matière de protection des données.
Cette fois, c’est au tour d’un organisme inattendu de jouer un rôle dans la lutte pour le droit à l’avortement. Le United States Postal Service, équivalent américain de La Poste française, pourrait en effet être particulièrement surveillé dans les États hostiles à l’IVG. Et il y a une bonne raison à cela.
Interdire les envois médicamenteux
Aux États-Unis, plus de la moitié des avortements sont actuellement réalisés par voie médicamenteuse, rapportait il y a peu l’institut Guttmacher. Grâce à la démocratisation de la téléconsultation en période de covid-19, un grand nombre de femmes pouvaient ainsi consulter un professionnel de santé à distance, et se faire expédier une pilule abortive par courrier. Une alternative qui était valable, y compris dans les États hostiles à l’avortement, comme le Texas la Géorgie ou le Missouri.
Avec la récente décision de la Cour Suprême, les choses vont officiellement changer. Il ne sera désormais plus légal d’expédier ce type de médicaments à un patient résident dans un État interdisant l’IVG. Pour autant, les alternatives sont nombreuses : un simple VPN permettrait logiquement de réaliser une consultation à distance, afin de faire expédier la pilule en question par courrier à une adresse autorisée, dans une boîte postale où chez une personne de confiance par exemple. Le tout n’aura ensuite qu’à être réexpédié discrètement.
C’est donc un problème de taille qui se joue pour les États concernés : fermer des centres d’IVG est une chose, surveiller l’ensemble des courriers expédiés depuis les fédérations voisines en est une autre. Les contrôles de l’USPS pourraient donc être drastiquement renforcés dans les semaines à venir, mais il est difficile (et inquiétant) d’imaginer qu’une surveillance systématique soit mise en place. Selon le média américain Quartz, les autorités peinent déjà à empêcher l’envoi fentanyl, un puissant antidouleur plus meurtrier que l’héroïne.
Pour autant, les conservateurs n’entendent pas se laisser berner aussi facilement. Le Texas a d’ores et déjà interdit la téléconsultation dans le cadre d’une demande d’IVG. Pas de quoi décourager certaines associations pro-choix, qui s’organisent déjà pour implanter des centres d’avortement à certains points de frontières stratégiques. De son côté, l’association Aid Access qui délivre des pilules abortives à distance indique que depuis la décision de la Cour Suprême, les commandes provenant du Texas sont 12 fois plus nombreuses, à raison de 138 par jour (contre 11 il y a quelques mois)/
Quartz