Après la présentation, mercredi, du discours de politique générale d’Élisabeth Borne devant l’Assemblée nationale, les groupes d’opposition n’ont pas manqué de fustiger le maintien de la Première ministre à son poste ou encore l’absence d’un vote de confiance. La majorité relative, quant à elle, a appelé à « l’arc républicain » pour s’accorder politiquement sur de futurs projets de loi.
« Sauve qui peut », « mascarade », « provocation »… À l’Assemblée nationale, La France insoumise (LFI) et le Rassemblement national (RN) ont pilonné Élisabeth Borne, mercredi 6 juillet, après sa déclaration de politique générale, tandis que la majorité appelait les autres groupes de « l’arc républicain » à des « compromis ».
L’appel aux « compromis » de la majorité relative
La cheffe de file des députés Renaissance (ex-LREM), Aurore Bergé, a appelé à « une culture du compromis » avec « l’arc républicain », après des législatives sans majorité absolue pour les macronistes. Elle a critiqué ceux qui veulent « contester dans la rue » les résultats des élections.
À ses yeux, « il faudra revoir la fréquence d’examen des textes de loi », avec « moins de lois, mieux écrites, mieux négociées » et plus « d’initiatives » parlementaires, comme pour « l’inscription de l’IVG dans la Constitution » qu’elle promeut.
Le président des députés MoDem, Jean-Paul Mattei, a estimé que la composition de la nouvelle Assemblée n’était pas « un signe d’instabilité », mais une « preuve de la vitalité intacte de notre démocratie ». Sur le plan économique, il a souligné « l’impérieuse nécessité de restaurer nos finances publiques très dégradées ».
Chez Horizons – le parti présidé par l’ancien Premier ministre Édouard Philippe –, Laurent Marcangeli, a appelé « à prendre un tournant majeur dans notre manière de légiférer ». Il a réclamé de « poser la question de l’âge du départ à la retraite », une réforme promise à nouveau mercredi par Élisabeth Borne.
« Défiance » de la gauche à l’égard du gouvernement
À gauche, la dirigeante du groupe LFI, Mathilde Panot, s’est montrée la plus offensive pour fustiger la « stratégie » du « sauve qui peut » et de « fuite » d’Élisabeth Borne, en l’absence d’un vote de confiance. Les quatre groupes de la gauche Nupes ont déposé une motion de censure, par « défiance » à l’égard du gouvernement. Son examen se ferait au plus tôt vendredi.
L’Insoumise a redit les revendications de la Nupes comme le « Smic à 1 500 euros net ». Mathilde Panot a accusé de nouveau la majorité de « compromissions » avec le RN lors du vote sur les postes-clés à l’Assemblée. C’est une « faute extrêmement lourde » de « vous être faits marchepieds de l’extrême droite », a aussi estimé l’écologiste Julien Bayou.
Sa collègue Cyrielle Chatelain a reproché au gouvernement ses promesses « trahies » sur l’écologie.
Côté communiste, André Chassaigne a estimé que « l’hypertrophie présidentielle a vécu » et que la « démocratie retrouve des couleurs » avec les législatives. Il réclame de « revoir de fond en comble notre système fiscal pour garantir une meilleure répartition des richesses », en reprochant au gouvernement une politique qui « conjugue injustice sociale, précarité, inaction climatique ».
Le patron des députés PS, Boris Vallaud, a lancé à la Première ministre qu’il « va falloir écouter, entendre, renoncer aussi à beaucoup de vos projets les plus injustes » afin « de faire vivre ce Parlement ». Il a exclu les élus RN : « Ce que la France a fait de grand dans son Histoire, elle l’a fait sans vous et le plus souvent, elle l’a fait contre vous. »
L’extrême droite et la « provocation politique »
À l’extrême droite, Marine Le Pen a estimé que le maintien de la Première ministre à son poste après les législatives relevait « presque d’une incongruité institutionnelle » et « d’une provocation politique ».
La patronne des députés RN a réclamé « la prise en considération de nos priorités, de nos motions et de nos amendements » et estimé qu' »il appartient donc au gouvernement de décider du blocage ou du fonctionnement institutionnel ».
Ni « compromission » ni « blocage » chez les Républicains
Pour le parti Les Républicains, « notre responsabilité est claire : ni compromission ni petits arrangements » avec Emmanuel Macron, mais « jamais de blocage stérile », a promis le chef de file des députés de droite, Olivier Marleix.
« Oui, nous sommes prêts à voter tous les textes qui iront dans le sens du sursaut national, celui du pouvoir d’achat par le travail, de la reconstruction de notre appareil industriel, de la sanction des délinquants ou de l’accès de tous à la santé », a-t-il indiqué.
Le groupe Liot demande un « nouveau pacte démocratique »
Pour le groupe Libertés, indépendants, outre-mer et territoires (Liot), Bertrand Pancher a réclamé « un nouveau pacte démocratique » pour « rompre radicalement avec toutes les pratiques en vigueur depuis longtemps ». Il a défendu « une République des territoires » plutôt que le « prisme parisiano-parisien ».
AFP